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CHAPITRE 2 : ASCENSEUR 2

Author: Darkness
last update Last Updated: 2025-12-03 20:34:36

EMMA

Le rouge à lèvres. C’est ma seule pensée quand la cage s’arrête. J’ai passé mon doigt sur mes lèvres dans un geste nerveux, effaçant la couleur, laissant une trace baveuse, indécente. Je suis en retard. Encore. Et maintenant, je suis prisonnière. Avec un homme.

Je le vois dans le miroir, avant même de le regarder vraiment. Grand, les épaules larges, le visage fermé. Puis je vois ses mains. Des mains abîmées. Marquées par la violence de quelque chose , un accident, une chute, un combat. Les cicatrices sont récentes, la peau encore en reconstruction. Elles me fascinent. Elles racontent une histoire de douleur et de survie.

Il jure. Sa voix est grave, raclée par l’agacement ou la peur. L’air devient irrespirable. Je m’adosse au miroir froid, cherchant un peu de fraîcheur, mais mon dos brûle. L’électricité statique fait crépiter son pull. Le son fuse dans le silence comme une étincelle.

Et puis… cela bascule.

Ce n’est pas un regard. C’est une prise. Quand nos yeux se rencontrent enfin, dans la lumière blafarde, c’est une étreinte visuelle. Il me déshabille, lentement, méthodiquement. Il n’y a pas de désir poli dans son regard. Il y a de la faim. De la faim et une colère sourde. Il regarde mes lèvres, mon cou, la base de ma gorge où je sens mon sang pulser sous ma peau. Il regarde comme on revendique.

Une chaleur liquide et lourde se diffuse dans mon ventre. Ma propre peur se métamorphose, se teinte de quelque chose de bien plus dangereux. De l’anticipation. Mon cœur bat à grands coups désordonnés. Je devrais détourner les yeux, jouer la victime effrayée. Au lieu de cela, je regarde ses mains. Je pense à ces mains marquées sur ma peau. Quelle pression elles exerceraient. Quelle empreinte elles laisseraient.

L’espace n’existe plus. Il n’y a que la chaleur de son corps, à deux pas de moi. Le son de sa respiration, plus rapide. L’odeur de lui , le cuir, le savon, une pointe de transpiration. Une odeur masculine, simple, qui me tourne la tête.

La lumière s’éteint. Le noir est une libération. Dans ce noir, je n’ai plus à cacher ce qui se lit sur mon visage. L’attraction. Irrationnelle, totale. C’est un vertige. C’est tomber sans filet. Un gémissement s’échappe de mes lèvres. « Mon Dieu. »

Je bouge. Je ne sais pas pourquoi. Pour me rapprocher ? Pour fuir ? Mes pieds glissent sur le sol. Je sens la chaleur de son corps avant de le toucher. Elle rayonne, elle m’aspire.

Quand la lumière rouge revient, nous sommes à un souffle l’un de l’autre. Son souffle sur ma tempe est un incendie. Je vois ses pupilles, dilatées, noires. Je vois la tension dans sa mâchoire, le désir brut, non filtré. C’est la chose la plus vraie que j’aie jamais vue.

Toute pensée s’envole. Il n’y a plus de mariage qui m’attend à l’étage. Plus de vies parallèles. Plus de cicatrices. Il n’y a que ce besoin, aigu, insupportable, de prouver que je suis vivante. Que cette chair, cette peau, ces nerfs peuvent encore s’embraser.

Il se jette sur moi.

Ce n’est pas une avance. C’est une prise. Ses mains – ces mains marquées – s’abattent sur mes hanches, m’écrasent contre lui. Le contact est un choc électrique. Un cri étouffé, qui vient de lui ou de moi, je ne sais pas. Puis sa bouche trouve la mienne.

C’est un baiser qui n’a rien d’un baiser. C’est une collision. Une dévoration. Ses lèvres sont dures, impatientes. Il goûte le rouge à lèvres imparfait, le sel de ma peau. Je réponds avec la même urgence, mes doigts s’enfouissant dans ses cheveux, l’attirant plus près, toujours plus près. Je mords sa lèvre inférieure, une ponctuation sauvage. Il grogne, un son qui vient du plus profond de sa poitrine, et sa main remonte le long de mon dos, arrachant le tissu de ma robe, cherchant la peau.

L’attraction a parlé. Elle nous a jetés l’un sur l’autre. Maintenant, nous brûlons.

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