MasukJADEJe m’éveille avec un goût de métal dans la bouche et une odeur âcre qui me pique la gorge. Mes mains sont liées, mes poignets endoloris, et chaque mouvement déclenche une douleur sourde. La lumière est crue, et je distingue les contours de la voiture autour de moi. Les vitres sont teintées, je ne peux rien voir de l’extérieur.Une des mains qui me tient se resserre, et je sens la force de l’homme derrière moi. Il ne parle pas, mais son silence est plus menaçant que n’importe quelle parole. Mon cœur bat à tout rompre, je tente de me calmer, de respirer, de rester présente. La panique me démange la peau, mais je sais qu’il ne faut pas céder à la peur. Chaque respiration compte, chaque mouvement pourrait me trahir… ou me sauver.Je distingue leurs silhouettes maintenant, deux hommes au masque d’indifférence. L’un a une cicatrice qui barre sa joue, l’autre une carrure massive, presque mécanique. Le plus petit détail pourrait être une faiblesse dans leur attention. Je scrute, j’analys
Caleb Mon téléphone vibre sur la table du salon. Une vibration étrange, insistante.Je décroche sans regarder :— Allô ?L’image apparaît aussitôt. Une pièce sombre, éclairée seulement par une ampoule nue qui balance doucement. Au centre, Jade est assise, les mains liées, le regard vif malgré la peur. Son visage tremble, ses yeux cherchent quelque chose… quelqu’un. Mon cœur rate un battement.Une voix métallique, déformée par un filtre, commence :— Vous voulez la revoir vivante ? Vous savez quoi faire.Je comprends pour je n'arrive pas à la joindre depuis dès heures , je pensais qu'elle était à une réunion .Je me dis que je n’ai jamais senti le sol aussi faux sous mes pieds, que l’air autour de moi est chargé d’un métal amer qui colle à la langue, que chaque seconde pèse comme une dalle. Je ne dois pas réfléchir, juste agir. Je n’ai pas le droit de rester là à calculer qui mérite quoi.Je reçois le message comme un coup de massue. Mes doigts restent crispés sur le bord de la table,
JADEJe n’ai pas fermé les yeux de toute la nuit, et pourtant, je me sens étrangement reposée.La lumière du matin m’a trouvée souriante, légère, presque neuve.Je marche dans les couloirs de l’entreprise comme si le sol lui-même avait changé de texture , plus souple, plus doux.Je salue les collègues, je plaisante, je ris sans me forcer.Tout semble plus simple aujourd’hui.Caleb m’a déposée tout à l’heure, et son regard me suit encore.Je sens son parfum sur ma peau, son rire dans mes oreilles.Rien qu’y penser me fait frissonner.Je ne veux pas me projeter, je ne veux pas rêver trop fort , mais pour la première fois depuis longtemps, je crois que le pire est derrière nous.Je me remets au travail, concentrée, mais mon esprit s’échappe sans cesse vers lui.Chaque fois que mon téléphone vibre, j’espère que c’est lui.Je souris toute seule.Aïda passe devant mon bureau, un dossier sous le bras.— Eh bien dis donc, c’est nouveau ce visage radieux ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ?Je ris.—
JADEJe reste allongée un moment, incapable de bouger.Le silence a tout recouvert, un silence si dense qu’il semble encore respirer de nos gestes.Caleb est là, allongé sur le dos, les yeux ouverts vers le plafond, le souffle lent, presque apaisé.La lumière blafarde de l’aube glisse sur sa peau, dessine la courbe de son épaule, le contour de sa bouche, cette bouche que je n’ai jamais su oublier.Je le regarde, et c’est comme si je le voyais pour la première fois , sans colère, sans peur, sans ombre.Seulement lui.Je me redresse doucement, une douleur sourde dans le ventre, trace invisible de ce que nous venons de vivre.Il tourne la tête vers moi, nos regards se croisent.Tout ce que je n’ai pas su lui dire, tout ce que j’ai gâché, remonte à la surface comme un cri contenu trop longtemps.— Mon amour…Ma voix tremble.Je pose une main sur son torse, là où son cœur bat encore fort, obstiné.Sous mes doigts, sa peau est chaude, vivante, palpitante.Il ne bouge pas, me laisse faire, c
NAËLLe matin s’impose avec lenteur, comme un voile gris sur la peau encore tiède de la nuit.Les rideaux sont entrouverts, et une lumière blafarde filtre à travers la brume.Le parfum des femmes flotte encore dans l’air , un mélange de peau, de vin et de cendre.Sur les draps froissés, les corps reposent, éparpillés comme les vestiges d’une tempête.Je me redresse, le souffle encore un peu lourd, le corps marqué de leur passage.Alina dort à moitié sur moi, ses cheveux noirs couvrant ma poitrine. Darya s’est recroquevillée près du bord du lit, la main posée sur sa hanche nue comme un secret qu’elle garde. Katya, elle, me regarde déjà. Ses yeux d’onyx luisent dans la pénombre, calmes, presque inhumains.— Tu ne dors pas, murmuré-je.— Toi non plus, répond-elle.Je me lève sans bruit, ramasse mon manteau jeté au sol, et me dirige vers la grande baie vitrée.Dehors, la forêt s’éveille lentement, mais le ciel reste bas, menaçant.Tout semble suspendu, comme si le monde retenait sa respir
Chapitre 82 — Le Sang et le TrôneNAËLL’aube refuse encore de percer l’épais voile des nuages noirs. Saint-Pétersbourg dort, mais son sommeil est tremblant, inquiet, comme le souffle haletant d’un animal blessé. Je reste seul sur la terrasse, le regard perdu dans ce paysage qui m’appartient autant qu’il me consume. Sous mes pieds, la pierre froide garde les traces de la pluie, luisante comme un miroir où se reflète le poids de mes pensées. Au loin, les toits étirent leurs ombres dans la brume, silhouette floue qui pourrait s’effacer d’un souffle. Je cherche dans le silence la vérité qui se cache au creux de mes désirs.Le projet m’habite comme un feu mystérieux et menaçant : unir les trois frères. Non pas par des mots clairs, ni par des alliances proclamées, mais dans le secret glacé de mon esprit. Rien n’a été dit, rien. C’est une promesse faite à moi-même, un serment muet. Rassembler la force brute du feu, la froideur tranchante de la glace, et la lumière qui éclaire les t