Chapitre 6

Bien que prononcés à voix basse, ces mots ont fait régner un silence de plomb dans le hall. Des têtes curieuses sont ressorties, les regards convergeant vers Mélissa. Mais elle n'a fait que serrer plus fort le document dans sa main, son expression plus déterminée que jamais.

Le visage de Silvain s'est figé. Il a serré les poings et a demandé d'une voix contenue : « Est-ce vraiment nécessaire ? »

Mélissa a essuyé ses larmes et a soutenu son regard : « Peu importe le nombre de fois où tu me le demanderas, ma réponse restera la même. Signe, et nous nous libérerons l'un l'autre. »

L'homme s'est tu, ses yeux rivés sur son visage, dégageant un froid qui coupait le souffle.

Lucrèce, ravie intérieurement, a attisé le feu en tirant doucement sur le col de Silvain : « Pose-moi, je t'en prie… Tout est de ma faute. Ne vous disputez pas à cause de moi, cela n'en vaut pas la peine. »

Ses sanglots feints torturaient Mélissa comme des griffes invisibles.

« M. Genet, signez vite, votre femme a visiblement grand besoin de vous », a-t-elle lancé avec un rire amer.

L'appellation « M. Genet » a mis Silvain hors de lui. Il a ricané, livide : « Parfait ! Puisque tu y tiens absolument, n'espère pas regretter ! »

Mélissa a fermé brièvement les yeux : « Je NE regretterai JAMAIS. »

« Soit ! Divorçons ! »

Silvain a déposé Lucrèce et a arraché le contrat des mains de Mélissa avec une telle force que ses jointures ont blanchi.

Son geste glacé a lacéré Mélissa comme une lame, faillant faire jaillir à nouveau ses larmes.

Elle s'est ressaisie et s'est adressée à la réceptionniste avec un sourire forcé : « Puis-je emprunter un stylo, je vous prie ? »

« Euh… Bien sûr ! » Mais alors que la jeune femme s'apprêtait à le tendre, Silvain l'a foudroyée du regard. Sans prononcer un mot, ses yeux rougis étaient si menaçants qu'ils semblaient pouvoir transpercer.

Tremblante, la réceptionniste a retiré vivement sa main : « Désolée… Je n'en ai pas ! »

Alors que Mélissa s'avançait pour prendre elle-même le stylo, un objet est tombé bruyamment du sac de Lucrèce : un stylo à encre.

« Oh ! Désolée ! Ce n'était pas volontaire ! » s'est écriée Lucrèce avec une feinte panique.

Bien qu'elle s'excuse, elle ne s'est pas baissée pour ramasser le stylo, le laissant délibérément à portée de main.

Mélissa s'en est saisie aussitôt et l'a tendu à Silvain, le regard glacé : « Signe. »

Tous les regards se sont tournés vers Silvain. Chacun pouvait voir qu'il ne souhaitait pas divorcer et que ses paroles précédentes n'étaient que bravade.

Mais maintenant, le stylo était là, le contrat dans sa main. Le point de non-retour était atteint.

Silvain a fixé le stylo avec une expression presque sauvage. Soudain, il l'a arraché des mains de Mélissa et l'a jeté violemment dans une poubelle à proximité.

Se tournant vers Lucrèce, il a grondé : « Qui t'a permis d'apporter ce stylo ici ? »

Les yeux de Lucrèce se sont emplis instantanément de larmes : « Tu as dit que tu signerais un contrat important aujourd'hui… J'ai pensé qu'il te le faudrait. »

Silvain a semblé fléchir un instant. Il a inspiré profondément avant de reporter son attention sur Mélissa, le visage sombre.

D'un geste rageur, il a déchiré le contrat de divorce en morceaux.

« Le divorce ? Soit. Mais ce document est mal rédigé ! » a-t-il déclaré d'une voix tranchante, « Mon avocat en préparera un nouveau. Je te contacterai quand ce sera fait. »

Refusant de se laisser duper par cette excuse maladroite, Mélissa a secoué la tête d'un air froid : « Faisons venir ton avocat maintenant. Je ne veux rien de tes biens, aucun autre droit. Je ne désire qu'une chose : mettre fin à notre mariage. Immédiatement. »

Silvain l'a saisie par le bras, l'attirant avec une brutalité qui a supprimé toute distance entre eux. Son haleine chaude a effleuré son visage tandis que son regard, rougeoyant d'une colère mêlée d'angoisse, a plongé dans le sien : « Réalises-tu seulement ce que tu es en train de faire ? Sans moi, tu n'as rien… Comment survivras-tu ? Y as-tu seulement réfléchi ? »

Les larmes de Mélissa ont tremblé à ses cils sans jamais tomber. Elle a répondu dans un souffle, comme une confidence livrée à lui seul : « Je te l'ai déjà dit. Je suis déjà morte. Il ne me reste que cinq jours. »