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Chapitre 9

Author: Karine Nicollier
Dans le château aux pierres dorées, les violonistes faisaient resonner des mélodies envoûtantes, tandis que des enfants semaient des pétales de roses sur le chemin. La scène était à la fois majestueuse et romantique.

Lorsque Mélissa, épuisée par le voyage, est arrivée enfin, elle a aperçu Silvain agenouillé devant Lucrèce, une bague de fiançailles à la main : « Lucrèce, veux-tu m'épouser ? »

Son regard était si tendre, si enveloppant, qu'il aurait pu noyer toute résistance.

Cette image a rappelé douloureusement à Mélissa leur propre histoire, trois ans plus tôt. Lui aussi l'avait regardée ainsi, les larmes aux yeux.

Lucrèce, vêtue d'une robe de mariée étincelante sous les lumières, a tendu la main en rougissant : « Oui, je le veux. »

Mélissa a reconnu aussitôt cette robe, une reproduction presque parfaite de la sienne. Silvain l'avait fait recréer en quelques jours à peine.

Ce qu'elle avait chéri comme un trésor unique n'était à ses yeux qu'un accessoire interchangeable. Il semblait qu'il puisse la faire porter à n'importe quelle femme.

Sous la douleur, son sac contenant les documents de divorce lui a échappé des mains et est tombé lourdement sur le sol.

Mais ce bruit était couvert par les applaudissements et la musique. Dans une euphorie générale, Silvain a attiré Lucrèce contre lui et l'a embrassée passionnément.

N'y tenant plus, Mélissa s'est élancée vers eux, la voix brisée : « Silvain ! »

Son intervention a rompu brutalement l'illusion de bonheur. Un silence de mort s'est abattu sur l'assistance.

Silvain, surpris, a eu un mouvement de recul et a libéré Lucrèce. Reprenant contenance, il a lancé d'un ton glacial : « Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Mélissa a essuyé ses larmes et a souri amèrement : « Je viens te souhaiter du bonheur… »

Sur ces mots, elle lui a tendu le contrat de divorce : « Et régler nos derniers formalités. »

L'homme a ricané : « Je t'ai dit que nous divorcerions dans six jours. Ce n'est pas encore le moment. »

Elle a agrippé sa manche, suppliante : « Je t'en prie… Libérons-nous l'un l'autre. Il ne te reste qu'à signer. » Ses yeux étaient rougis, ses mèches collées à son visage pâle. Elle était aussi fragile qu'une porcelaine fissurée.

Silvain s'est figé, son regard sombre plongé dans le sien comme s'il cherchait une faille, une explication. Puis, d'un geste vif, il a repoussé sa main et a déclara d'une voix aussi froide que la pierre : « Crois-tu vraiment être en position d'exiger quoi que ce soit ? »

Lucrèce en a profité pour enlacer son bras et se blottir contre lui, un sourire victorieux aux lèvres : « Silvain t'a déjà donné sa parole. Il ne te reste que quelques heures à attendre. Pourquoi cette précipitation ? Serait-ce parce que tu ne supportes pas de le voir m'aimer ? »

Silvain a caressé ses cheveux avec une tendresse qui a fait mal à voir : « Perds-tu ton temps avec cette hystérique ? »

Les mains de Mélissa tremblaient si fort qu'elle les a serrées contre elle : « Silvain, c'est vraiment mon dernier jour ici… Je ne mens pas, je… »

« Assez ! » a-t-il tonné perdant patience, « Combien de fois vas-tu répéter cette fable ? Les morts ne prennent pas l'avion ! Si tu persistes, je te ferai interner et tu ne me verras plus jamais. »

Ces mots ont frappé Mélissa de plein fouet, brisant ses dernières limites.

Les yeux écarquillés, elle a hurlé : « Silvain ! Trouves-tu du plaisir à me torturer ainsi ? Pourquoi ne peux-tu me libérer ? »

« Tu me traites comme un déchet, passé d'une main à l'autre, sans jamais vouloir m'abandonner tout à fait ! Tu disais que Lucrèce n'était qu'un jeu… mais regarde-toi ! Regarde-nous ! Pourquoi refuses-tu de me laisser partir ? »

Sa voix s'est brisée. Elle s'est effondrée à genoux, submergée par les larmes : « Je n'ai pas menti… Cette nuit-là, j'ai reçu dix-sept coups de couteau… J'ai si mal, si mal… »

Recroquevillée sur elle-même, elle sanglotait, sa voix n'était plus qu'un souffle.

Devant une telle détresse, le cœur de Silvain s'est serré malgré lui.

Les yeux rougis, il l'a relevé brusquement : « Viens avec moi. »

Mais Lucrèce a tiré aussitôt sur sa manche, la voix tremblante de faux sanglots : « Ne me laisse pas ! »
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