Chapitre 7

Un silence de glace s'est installé pendant quelques secondes, puis s'est brisé net.

Silvain a repoussé Mélissa avec violence et a grondé : « Combien de fois vas-tu répéter ces mensonges ? »

Elle a vacillé, a failli tomber, et a souri amèrement en baissant les yeux : « Tu ne me crois jamais. C'est vrai… entre nous, la confiance n'existe plus depuis longtemps. »

Silvain l'a fixée, tremblant de rage mais incapable de prononcer un mot. Puis, en un instant, il a semblé se calmer et a ricané : « Dans ce cas, je divorcerai avec toi… dans six jours. »

Sur ces mots, il a pris Lucrèce par la main et s'est éloigné sans se retourner.

« Silvain, crois-moi ! » Mélissa s'est élancée pour les suivre, mais une barrière de sécurité s'est refermée brusquement devant elle.

Dans un bruit sourd, elle a heurté le métal et est tombée lourdement au sol. Le talon de sa chaussure a cassé, et une douleur aiguë lui a traversé la cheville.

Ignorent la souffrance, elle a levé des yeux suppliants vers la réceptionniste : « S'il vous plaît, ouvrez-moi ! »

Celle-ci allait répondre lorsque la voix glaciale de Silvain a retenti : « Ne la laisse entrer sous aucun prétexte. »

Pourtant, en se retournant, son regard a croisé brièvement celui de Mélissa, éperdue et vulnérable. Une lueur d'émotion a traversé ses yeux avant qu'il ne se ressaisisse.

Lucrèce, sentant son hésitation, a joué immédiatement la comédie : « J'ai encore mal… Tu peux regarder si ma joue est gonflée ? »

Silvain s'est penché vers elle et a soufflé doucement sur sa peau : « Allons au bureau, je te mettrai de la glace. »

Les larmes aux yeux, elle a mordillé sa lèvre inférieure : « Et Mélissa… ? »

Comment résister à une telle mise en scène ?

Silvain a lancé, assez fort pour que tous l'entendent : « Désormais, sans mon autorisation expresse, personne ne laisse entrer cette femme dans l'immeuble ! »

Leur intimité était pour Mélissa comme une lame qui lui a transpercé le cœur, laissant une plaie béante.

Sanglotant, elle a tenté une dernière fois de le retenir : « Silvain, peux-tu me croire ne serait-ce qu'une fois ? Il ne me reste vraiment que cinq jours ! »

Mais il ne lui a répondu que par le dos indifférent qui s'est engouffré dans l'ascenseur, sans un regard en arrière.

Le hall a semblé retomber dans un silence oppressant après leur départ.

Sous les regards insistants des employés, Mélissa a senti chaque parcelle de sa peau picoter comme sous une pluie d'aiguilles. Pourtant, aucune douleur physique n'égalait le froid qui l'envahissait tout entière, la submergeant d'une solitude absolue.

Longtemps après, elle s'est relevée péniblement et est sortie en titubant.

Dehors, le temps était gris.

Deux jeunes femmes près de l'arrêt de bus observaient l'écran géant du groupe Genet, perplexes :

« Je croyais qu'ils diffusaient encore la vidéo de leur mariage ? Pourquoi ont-ils remplacé ça par une publicité ? »

« Franchement, cette égérie n'est pas spécialement belle, mais elle a l'air pure. Qui est-ce ? »

Mélissa s'est arrêtée net. Sur l'écran, Lucrèce souriait, mettant en valeur la nouvelle collection de bijoux « Mon Seul Amour ».

À son doigt scintillait l'anneau « Héritage », pièce exclusive du centenaire, qui ne devait jamais être commercialisée.

Les souvenirs ont afflué soudain, aussi violents qu'une marée haute.

Elle a revu Silvain lui présentant les croquis, sa voix encore pleine de tendresse : « Mélissa, lequel préfères-tu ? »

Elle avait choisi un modèle à feuille d'érable : « Celui-ci est magnifique. »

Il l'avait alors embrassée en souriant : « Moi aussi. L'érable est flamboyant en automne, il me rappelle le jour où je t'ai vue pour la première fois. »

« Je vais en faire une pièce unique pour le centenaire. Elle ne sera jamais vendue et elle n'appartiendra qu'à toi. »

À l'époque, elle s'était blottie contre lui, espiègle et heureuse : « Promis ? Si tu mens, je te quitte pour toujours ! »

Et lui, le regard sincère : « Je le jure sur ma vie, mon trésor. »