Je tourne doucement la première page du carnet intime, les premières lignes sont remplies de souvenirs d’une époque que je n’ai pas connue. Tout d’abord une partie de sa quatorzième année , puis une de ses quinze ans, rien de fou, rien de bizarre ou ni même d’étrange. Je tourne les pages, je passe mon regard brièvement sur certaines des phrases, et enfin , cela devient un peu plus intéressant . Elle parle d’un garçon de la réserve, celui qu’elle a rencontré quand elle n’avait qu’à peine que 17 ans. Un jeune homme sans famille elle écrit, seul, mais pas étranger à l’île, il l’intrigue, il semble mystérieux à ses yeux. Elle le décrit peut-être même comme quelqu’un d’un peu sauvage, mais elle le décrit aussi comme quelqu’un qu’elle a immédiatement apprécié. Je me demande tout de suite quel genre de lien ils ont pu avoir, mais je n’ai pas de réponse dans les lignes qui suivent. Alors, je tourne la page. Les mots se font plus sombres à cet endroit : * Je le déteste, je le hais
Quand je pénètre dans la pièce, mes grands-parents sont déjà installés à table, ils attendent probablement que je prenne place pour commencer. Tout semble calme, mais je sens immédiatement la tension qui est déjà palpable dans l’air. C’est un peu comme si ils jouaient à faire semblant. À tenter de paraître le plus normal possible, je le remarque tout de suite, un peu comme le nez en plein milieu de la figure. Je m’assois sans rien dire, je préfère garder le silence pour le moment, mais…Leur regard est déjà fixé sur moi. Mamie serre les assiettes, et très rapidement le repas commence dans un calme froid. Chacun attend que l’autre parle, mais personne n’ose visiblement le faire en premier. Ils essaient de rester détendus, de sourire, mais je vois bien que leurs esprits sont ailleurs. Suspendus à mes lèvres, mais aussi aux prochaines questions que je pourrais éventuellement poser. Ils savent très bien que ce silence ne va pas durer. Je mange lentement, une bouchée après l’a
Très rapidement , je me perd dans mes pensées , et je raisonne, j’analyse la situation : Ce qu’il vient de dire ne colle pas, il y a trop d’incohérences… Il affirme que chaque personne ayant croisé ce loup disparaît peu de temps après. Mais… Sasha ? Son père ? Mais aussi les autres gardes forestiers ? Ils s’occupent tous de la réserve, des enclos, et ils sont tous là, eux…Bien vivants, et puis, il a aussi dit qu’il ne vient que lorsque la lune est rouge, sauf que moi, je l’ai vu bien avant, et Sasha m’a dit qu’elle le voyait toute l’année, et puis nous avons aussi trouvé un petit cimetière d’ossement : Preuve qu’il sort beaucoup plus souvent qu’ils ne le pensaient. Je le fixe, car ça ne colle pas, et qu’il y a un problème dans ses explications, et puis mon cœur tape fort dans ma poitrine, mais ma voix reste tout de même calme quand je lui dis. — Mais papi ? — Les gardes forestiers… et Sasha aussi… eux, ils le voient tout le temps, ce loup. — Il vit sur la réserve à l’année.
Les minutes s’étirent. Une bonne demie heure s’écoule devant nous. La tension retombe lentement , et elle finit même par disparaître totalement. C’est ce moment que je choisis pour demander à mes grands-parents s’ils veulent partager une ballade avec moi autour de l’île. — Papi, mamie , ça vous dit de me faire visiter l’île ? Mon grand-père relève la tête vers moi et rigole. — Oulah, ma chérie… — Tu sais ici, à cette heure-là, c’est le moment de la sieste. Il sourit , hoche la tête et ajoute. — Mais si tu patientes jusqu’à 16 heures, nous irons faire le tour de l’île ensemble, promis Je me dis tout de suite qu’ils ont du se lever très tôt, et qu’ils doivent être fatigués. Alors, j’accepte tout de suite en hochant la tête. — Pas de souci, papi. — Reposez-vous bien. — Ne t’inquiète pas , j’attendrai patiemment jusqu’à 16 heures. Il me sourit, visiblement satisfait par ma réponse , et sans un mot de plus il rejoint assez rapidement l’étage. De mon côté, je m’install
Et dans un dernier regard suppliant vers la surface… Je crois voir quelque chose. Mes yeux s’ouvrent dans un dernier espoir de survie. Quelqu’un. Non. Pas quelqu’un. Quelque chose. Et puis… J’en suis sûre. Deux yeux s’arrêtent face à moi. Rouges. Immenses. Le loup. Ce loup. Mon loup. Il est là. Il a plongé pour me sauver. Mais, mes paupières sont trop lourdes. Tout se brouille. Tout va trop vite. Ou peut être un peu trop doucement. Je perds connaissance. Mes yeux se ferment. Le noir. Le néant de mon âme. Combien de temps ? Je sais pas ! Quand j’ouvre les yeux à nouveau, je suis allongée sur de la terre mouillée. J’aspire une grande bouffée d’air. Puis une autre. Je tousse violemment. De l’eau me remonte dans la gorge. J’ai envie de vomir à cause de toute l’eau salée que j’ai avalé. Je fixe droit devant moi. Choquée. Confuse. C’est la que mon regard se pose vraiment sur lui. Un homme est penché au-dessus d
Son regard ne me lâche pas. Il me transperce avec toujours cette même intensité. Et j’ai cette étrange sensation qu’il est tout aussi fasciné que moi. — Quel âge as-tu ? Sa voix est ferme encore une fois. Il garde la tête légèrement inclinée, les yeux plantés dans les miens. En plein dans le mille, même. Mais cette fois-ci encore… Je ne réponds pas. Pas parce que je ne trouve pas les mots. Non , non… Mais simplement parce que je n’en ai pas envie. Je détourne légèrement le regard. Son torse contre le mien, son souffle chaud qui ricoche sur ma joue, son odeur si particulière qui envahi mes narines… c’est trop. Trop pour moi. Trop pour mon esprit embrouillé. — Laisse-moi descendre, s’il te plaît. Je le crache, d’un simple souffle. — Non ! Il répond d’une voix sèche. Je lève les yeux vers lui. Il ne bouge pas. Il est sérieux. Sûr de lui. Autoritaire même. — Je t’ai dit… laisse-moi descendre. Il secoue la tête. — Tu ne tiens même pa
Il me tend à nouveau sa main. — Viens. — Je vais te ramener chez toi. Je le regarde, le souffle court. Chez moi ? Après tout ça ? Après lui ? Après son regard ? Après ce qu’il vient de dire et ce qu’il n’a pas dit ? — Non. je le crache. Simplement. Fermement. Il fronce un sourcil et relève l’autre. Un vrai froncement, cette fois. Moins surpris, plus… intéressé . — Non ? Je hoche la tête et ne lâche pas son regard. — Non. — Je ne veux pas rentrer. — Pas tout de suite, en tout cas. Il me dévisage un instant. Le silence s’étale. Puis ses lèvres s’étirent lentement dans un sourire étrange, presque satisfait. — Tu refuses l’aide de l’homme qui vient de te sauver la vie ? — Tu es bien inconsciente… Je lève les yeux au ciel et secoue la tête. — Je suis extrêmement reconnaissante de ce que tu as fait pour moi. — Mais je refuse qu’on décide à ma place. — Ou qu’on me force à faire quoi que ce soit. Il rit. Un peu. Puis be
Il enclenche le pas, resserre fermement ses doigts autour des miens et me tire derrière lui. Il marche assez vite. Peut-être sans même s’en rendre compte. Et moi, je ne dis rien. Je le suis simplement. Je me laisse traîner derrière lui. Je suis quand même assez surprise de mon comportement. De cette facilité que j’ai eu à accepter son offre. Mais je sais , que si j’aurais refusé, j’aurais forcément loupé quelque chose. Je passe mes yeux un peu partout. Tout en tentant de mémoriser chaque endroit où nous passons. D’abord un sentier bordé de plantes sauvages. Puis la forêt. Il s’enfonce dedans. Mais moi aussi par la même occasion. À mesure qu’on avance droit devant nous, la lumière passe de moins en moins dans les feuillages des immenses arbres. La forêt s’assombrit. Le soleil filtre à peine. Et puis très rapidement… Le chemin devient rocailleux, et quelques mètres plus loin, beaucoup plus humide et boueux. La végétation devient plus dense aussi
Kalyus mute presque immédiatement après moi, et son loup a l’air d’apprécier la louve que je suis devenue, car je suis totalement à son image : J’ai hérité d’un magnifique pelage noir ébène brillant, de longues pattes fines, et d’une silhouette parfaitement musclée, je suis également plus grande et plus massive que toutes les autres louves que j’ai pu apercevoir sur la réserve jusqu’à présent… Même celle d’Ézelya. Il s’approche lentement de moi, il hume l’air tout en me tournant autour, il grogne, couine, hésite puis recule. Tous mes sens sont à l’affût, et sa simple proximité fait immédiatement frémir ma louve, car l’odeur qu’il dégage… Est irrésistiblement troublante, et à ce moment-là, je comprends mieux pourquoi la mienne l’obsédait tellement. — * Compagne ! Ses yeux d’un rouge vif se fixent sur moi mais sa gueule ne bouge pas, une vague de chaleur me transperce quand sa voix résonne bizarrement dans ma tête, alors instinctivement je recule d’un pas, assez troublée par ce que
Et puis très rapidement je me sens bizarre : Le lien se scelle et la mutation commence lentement, la chaleur brûlante de la morsure se propage en moi… Une onde violente parcourt tout mon corps jusqu’à mon cœur, jusqu’à mes tripes, jusqu’à tout au fond de mes entrailles, mais aussi jusqu’à mon âme. Une explosion douce et cruelle à la fois me transperce, une douleur brutale, mais étrangement agréable me submerge, et l’instant d’après ma peau se rétracte sous la morsure, mais je ne crie pas, enfin pas tout de suite, parce que là, je ne le peux tout simplement pas ! Quelque chose vient de claquer à l’intérieur de moi… C’est violent, c’est brut, ça remonte comme d’une vague brûlante… Ma peau me serre, je sens chacun de mes os se fissurer, mon cœur cogne si fort que j’ai l’impression qu’il se gonfle et qu’il va déchirer ma poitrine. Je ne sais même pas si je crie, ou si c’est juste dans ma tête, mais tous les sens que je possède s’ouvrent d’un coup, et tout est rapidement trop fort, t
⛔️🔞Attention 🔞⛔️ ce chapitre est explicite et contient des scènes a caractère sexuel.Kalyus me fixe un court instant, son regard passe sur chaque petite parcelle de ma peau, et à mesure qu’il descend sur mon corps, il se rougit d’une intensité nouvelle… Et l’instant d’après, il saisit brusquement mes cuisses, les ouvre d’un geste sec et se stoppe juste après.Mon corps continue de vibrer sous ses mains, et par réflexe je me cambre.Il se positionne entre mes jambes, et approche son visage lentement jusqu’à mon ventre, je ressens immédiatement sa respiration chaude ricocher à ma peau, ce qui fait que je frissonne un peu plus.Il serre la mâchoire quand ses doigts se resserrent sur mes cuisses, je sais qu’il tente encore de retenir ce feu qui le ronge, mais mon odeur est plus forte que sa simple volonté… Alors, il se penche un peu plus contre moi, et sa bouche effleure ma peau tout en descendant doucement en direction de mon nombril.Sa main chaude glisse dans un mouvement ferme entr
Le temps s’écoule devant nous à une lenteur inimaginable, ses yeux restent posés sur moi, complètement figés, mais aussi assombris par quelque chose qu’il tente de contenir, mais que je sens déjà sur le point de déborder… Parce que son torse se soulève de plus en plus rapidement, et que son souffle est court, chaud, et irrégulier. — Ça ne change rien, Mira. — Il pourra le faire aussi, après moi… Il me crache ça d’une voix basse et brisée. Et sincèrement, ses mots ne peuvent que me transpercer de l’intérieur, mon cœur se serre, puis tremble assez violemment, et à ce moment-là, quand mes yeux s’accrochent aux siens, la seule chose qui me vient à l’esprit ce n’est pas de lui répondre pour tenter de le réconforter, c’est plutôt de lui montrer à quel point je peux lui appartenir… À quel point ce lien qui nous lie l’un à l’autre peut être plus puissant que tout… Ça se fait tout seul, presque instinctivement, et sûrement même sans trop y réfléchir avant. Je lui arrache un baise
Alors, d’un regard tremblant, je détourne la tête vers Kalyus, qui est totalement figé, son visage se crispe à mesure que son regard s’assombrit, et d’un simple clignement de cils, soudain… il explose. — JAMAIS ! La table vole contre le mur, son cri s’arrache de sa gorge, il est presque inhumain, et il me coupe le souffle et me glace instantanément sur place. Il avance ensuite vers Mado d’une démarche assez menaçante, il a les poings serrés, les nerfs des joues qui battent, la rage débordante de son regard, puis il lui fait face, et grogne d’une haine à peine contenue : — Humaine ! Tu oses penser que lui, un simple bêta, pourrait poser sa marque sur elle ? Que son odeur pourrait couvrir la mienne ? C’est un affront ! Un déshonneur ! Pour moi, Lycan. À ce moment-là, au timbre de sa voix, à sa posture, mais aussi à la manière dont il s’adresse à Mado, nous comprenons tous immédiatement que nous ne faisons plus face à Kalyus, mais bien à son Lycan. Et il a clairement l’air fou de r
Mado hausse les épaules et relève les yeux sur nous, puis elle passe le doigt sur la plaque de métal, avant de saisir le parchemin de la prophétie de Dhelesys.Elle nous fixe ensuite pendant un court moment, comme si elle cherchait les bons mots avant de commencer, et enfin, d’une voix posée, elle finit par répondre :— Effectivement, Kalyus, tu as raison, ce texte est clair : seul un être doté des trois capacités (magie, humanité et force animale) peut activer cette relique pour prétendument détruire les Chartrux. Autrement dit, il est probable que pour pouvoir complètement activer et manier cette arme, Mira doit devenir cet hybride.Elle marque une courte pause, déroule le parchemin de Dhelesys, passe son doigt sur les textes et pointe du doigt un passage clé :— Lorsque les trois cœurs seront réunis et se scelleront les uns aux autres…Elle relève les yeux sur nous et regarde les garçons.— Les morsures que vous lui avez infligées ne sont finalement pas anodines : en y réfléchissan
Je vois bien que ça va mal tourner entre Kalyus et Loan, les regards qu’ils s’échangent sont remplis de colère, de défi, mais aussi de non-dits, et si ça continue comme ça, si Loan continue de lui tenir tête, je sais que ça va dégénérer, et il est clair que je ne peux pas les laisser s’exploser ici, je dois donc rapidement intervenir avant qu’ils ne passent à l’acte. — Bon, ça suffit maintenant ! Ma voix claque, elle est forte et ferme, ce qui a d’ailleurs l’air de les surprendre, parce que les deux se figent, se tournent vers moi et me fixent, je les défie donc du regard en les fixant l’un après l’autre… Clairement, nous n’avons pas de temps à perdre avec leurs conneries de domination. — Nous n’avons pas de temps à perdre avec vos disputes ! Ça s’arrête ici. Point. Je laisse peser mes mots un instant, puis je passe à autre chose, je dépose la relique sur la table, je déplie ensuite le morceau de tissu qui l’enroule, et je la fixe. Dès que je la délivre, elle se met à briller imm
Mado, quant à elle, secoue la tête à nouveau tout en lâchant à voix basse :— Ce n’est plus possible maintenant !Je relève un sourcil, et malgré moi je lui demande :— Mais ? Qu’est-ce qui n’est plus possible maintenant, Mado, explique-toi ?Elle passe l’une de ses mains sur le bas de sa mâchoire, puis prend un ton grave quand elle nous répond :— Si je ne me trompe pas, Kalyus s’est présenté ici en me demandant comment procéder pour te transformer en louve sans te tuer.— Ceci aurait pu peut-être effacer cela, elle aurait pu te choisir toi !— Mais cela n’est plus possible, car nous venons de découvrir qu’elle est la sorcière porteuse de la flamme.Je me fige face à elle, je cligne des yeux en ayant une espèce d’illumination qui me transperce, parce que ce qu’elle vient de dire répond peut-être aux questions que je me posais jusqu’à présent : Et si c’était simplement ça ? Et si c’était comme cela que nous devions nous lier ? Et si la transformation n’était pas faite pour effacer et
J’aime l’effet que Loan peut avoir sur moi, tout autant que celui de Kalyus. Ils sont contraires l’un à l’autre, ils sont même entièrement différents, et ce qu’ils me procurent l’est également. Ils sont un peu comme le feu et la glace, ils brûlent chacun de leur propre intensité, et ils arrivent à perturber mes sens, mais aussi mes pensées.Je reste en retrait tout en les observant, mais aussi tout en repensant rapidement à tout ça, et surtout, plus précisément, à la morsure de Loan, à ce moment où il semblait perdu et où son loup a pris la décision de me mordre. Je sais que ça a énormément d’importance pour lui, tout comme pour Kalyus, mais…Le plus troublant dans ce geste, c’est que, à ce que j’ai pu comprendre de leur fonctionnement, ce geste signifie qu’il vient de me revendiquer comme étant sa compagne. Mais le problème qui se pose à nous, c’est que Kalyus l’a déjà fait avant lui, donc… La suite commence vraiment à m’inquiéter, et j’appréhende vachement notre retour sur leur terr