Chapitre 62 LE POINT DE VUE DE DAMIEN J’étais encore dans la chambre, le téléphone à la main, les nerfs tendus comme un arc. Quand j’ai appelé Selena, ma voix n’était qu’un ordre sec :— Localise la voiture de Christine. Tout de suite.Elle a soupiré, comme toujours quand je lui demande quelque chose dans l’urgence, mais je savais qu’elle s’exécuterait. Une poignée de secondes plus tard, je reçois l’adresse. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine.L’hôpital. Celui où le détective est hospitalisé.Je serre les dents. Qu’est-ce qu’elle fout là-bas ? Pourquoi elle ne m’a rien dit ?Normalement, Christine me dit tout. Même ses colères, même ses doutes. Mais là… elle est partie seule, en cachette, et en plus pour voir le détective ?Selena, à l’autre bout du fil, balance calmement :— Peut-être qu’elle n’a plus envie de te mêler à sa vengeance. Peut-être qu’elle veut régler ça seule.— Non, c’est pas vrai, je rétorque aussitôt, ma voix grondant. Christine m’aurait dit où elle allait. Ell
CHAPITRE 61LE POINT DE VUE DE CHRISTINEJ’entrai dans la chambre du détective à pas mesurés, le cœur battant à tout rompre. L’odeur d’hôpital, froide et métallique, me fit grimacer. Il était là, allongé, les traits tirés, le visage marqué par la douleur mais ses yeux, eux, brillaient d’une lucidité glaciale.— C’est bien que vous soyez venue, dit-il d’une voix encore rauque.Je serrai mon sac contre moi et hochai la tête.— J’espère… j’espère que vous vous trompez. Que Damien n’a rien à voir dans tout ça.Ses lèvres esquissèrent un sourire fatigué.— On le saura d’ici peu.Mes doigts tremblaient quand je sortis l’ordinateur de mon père et le posai sur ses genoux. Il se redressa lentement, étouffant un gémissement de douleur, puis l’ouvrit. L’écran s’illumina et il posa ses mains abîmées sur le clavier.— Je peux vérifier si quelqu’un a forcé un accès.Je fronçai les sourcils.— Mais… comment vous pouvez savoir ça ?Son regard vif se posa sur moi.— Les systèmes laissent toujours des
Chapitre 60LE POINT DE VUE DE CHRISTINELe matin, Damien dormait encore profondément, son souffle régulier emplissant la chambre. Moi, j’étais éveillée depuis longtemps déjà, le cœur battant d’un rythme trop pressé. J’avais pris ma décision durant la nuit, entre deux insomnies. Aujourd’hui, je devais agir.Je sortis du lit sur la pointe des pieds, retenant même ma respiration pour ne pas troubler la sienne. Mon téléphone, glissé discrètement dans la poche de mon peignoir, me paraissait peser une tonne. Je traversai le couloir, chaque craquement du parquet me donnant l’impression de hurler dans le silence. Puis je poussai la porte du bureau.Un frisson m’envahit aussitôt. L’air y avait cette odeur de vieux papier et de cuir qui ne m’avait jamais quittée. Ce bureau… c’était l’endroit où mon père m’avait appris à écrire mes premiers mots, où il me racontait ses projets d’affaires, ses rêves, mais aussi ses inquiétudes. J’entendis presque son rire résonner entre les murs, et un instant j
CHAPITRE 59LE POINT DE VUE DE CHRISTINE Je serrais le téléphone si fort que mes jointures en devinrent blanches. Mes mains tremblaient, mes pensées s’entrechoquaient comme des vagues en pleine tempête. Faut que je sache. Je dois savoir ce qu’il se passe vraiment. Mais comment ? Devrais-je en parler à Damien ? Lui répéter ce que le détective vient de me dire ? Non… ce serait insensé, suicidaire même. Quelle femme saine d’esprit accuserait l’homme qui a tout fait pour la protéger, sans preuve tangible ?Depuis qu’il est entré dans ma vie, Damien a été une épaule solide, un roc sur lequel je pouvais m’appuyer. Jamais il n’a donné le moindre signe d’ombre, jamais une faille qui aurait pu me faire croire qu’il était lié de près ou de loin aux tragédies qui ont ravagé ma famille. Au contraire… il m’a sauvée. Il a été là quand je m’effondrais, il a tenu ma main dans la douleur, il m’a relevée quand tout me semblait perdu.Et aujourd’hui… on voudrait me faire croire qu’il est l’auteur de to
Chapitre 58LE POINT DE VUE DE SELENAJe laissai un silence s’installer, volontaire, pour que sa menace résonne entre nous. Puis je me mis à sourire, lentement, presque avec douceur.— Tu sais quoi, Damien ? murmurai-je, en penchant légèrement la tête sur le côté. Tu crois toujours que tu peux me dicter ma conduite. Que tes choix sont légitimes, mais pas les miens. Tu crois que je vais plier parce que tu fronces les sourcils et que tu joues les grands seigneurs. Mais… je ne suis plus la petite sœur docile que tu pouvais protéger en me tenant par la main.Je fis un pas vers lui, réduisant encore l’espace. Son parfum, son souffle… je le sentais, tout près, mais je n’avais pas peur.— Tu veux que j’arrête de voir Roland ? poursuivis-je, la voix plus ferme. Alors toi, arrête de voir Christine. Parce que c’est la même chose. Tu crois que ta croisade pour la sauver ne nous met pas en danger ? Tu crois que coucher dans son lit ne t’attache pas encore plus à son destin, à ses ennemis ? Tu cro
Chapitre 57LE POINT DE VUE DE DAMIEN Je posai ma serviette sur la table, le sourire de façade toujours vissé sur mes lèvres, et dis doucement à Christine :— Je vais juste aux toilettes, je reviens.Elle hocha distraitement la tête, encore perdue dans ses pensées. Parfait.Je me levai, chaque pas mesuré, comme si je n’avais aucune urgence. Pourtant, à l’intérieur, mon cœur battait vite, trop vite. Mon regard balaya la salle, et je l’aperçus. Selena. Ou plutôt Victoria, comme elle s’amusait à se faire appeler ce soir. Elle riait légèrement à une blague de Roland, mais je savais que ce n’était qu’une couverture. Ses yeux, un instant, croisèrent les miens. Un éclat froid. Elle avait compris.Sans un mot, je passai à côté de leur table. Je ralentis à peine, juste assez pour qu’elle sache que je voulais lui parler. Son sourire ne bougea pas, mais je sentis son regard me suivre jusqu’au couloir qui menait aux toilettes.La porte battante claqua derrière moi. J’inspirai profondément, m’app