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Chapitre 5 — Les Ruses du Prédateur

Author: Darkness
last update Last Updated: 2025-06-22 22:22:03

Sofia

Je suis restée droite. Figée. Comme si le moindre mouvement pouvait briser l’équilibre précaire qui me retenait encore debout.

Le monde semblait rétréci à cet instant suspendu, où tout vacille sans encore tomber.

Et Elio… il n’a pas bronché. Il savait. Il attendait.

Ses mots résonnaient dans ma tête comme un poison lent.

Tes parents. Effacés. Menacés.

Des mots froids. Précis. Tranchants comme des lames sous la langue d’un homme qui a appris à tuer sans se salir.

Mais ce n’était pas la surprise qui me glaçait.

C’était la reconnaissance.

Il avait vraiment osé.

Et moi… j’avais compris trop tard.

FLASHBACK — Trois jours avant mon enlèvement

Ma mère avait appelé au milieu de la nuit.

La voix brisée d’une femme toujours digne, mais ce soir-là, fissurée.

— Sofia… ton père… la banque a bloqué tous nos comptes. On ne peut plus rien retirer. Et ce message… ce message sur son téléphone…

Je m’étais redressée dans le lit, le souffle haché, le cœur battant à la tempe.

— Quel message ?

Un silence. Trop long. Trop lourd. Puis sa voix, tremblante :

— « Dites à votre fille de se tenir tranquille. »

Mon sang s’était glacé.

Pas un malentendu. Pas une erreur bancaire.

Un avertissement.

Un avertissement que je n’ai pas su lire assez tôt.

Le lendemain, j’avais posé des questions à mon père. Il avait balayé mes inquiétudes d’un revers de main.

— Ne t’en mêle pas, Sofia.

— Tu ne sais pas de quoi tu parles.

Mais ses yeux disaient autre chose. Une peur contenue. Un homme réduit à l’impuissance, pour la première fois.

Et j’avais compris.

On m’avertissait.

Et j’étais restée.

Parce que malgré la menace, malgré l’intuition sourde que quelque chose de dangereux m’observait, je voulais croire que je pourrais encore garder le contrôle.

J’avais cru pouvoir contenir la tempête.

J’avais cru…

Retour au présent.

Il est devant moi. Trop près. Trop calme.

Il me regarde comme on observe un animal sauvage dont on a appris à prédire les sursauts.

Mais il me sous-estime.

Il pense que j’ai peur. Que je vais flancher.

Il pense que ses menaces vont me faire tomber à genoux.

Mais il ne sait rien.

Il ignore que j’ai grandi dans un foyer où les secrets s’empilaient comme des dettes non réglées. Que j’ai vu ma mère baisser les yeux devant des hommes en costume trop bien taillé pour être honnêtes.

Que les silences assassins et les deals dans l’ombre font partie de mon ADN.

Je redresse la tête. Je ne lui laisserai pas ce plaisir.

— Vous avez tout calculé, n’est-ce pas ?

Ma voix ne tremble pas.

— Jusqu’à leurs dettes. Le prêt de la maison. Les garanties. Vous saviez exactement où frapper.

Il esquisse un sourire. Sans chaleur. Sans âme.

Juste une mécanique d’ego.

— Je ne laisse jamais de variables libres.

— Et vous pensez que ça vous rend invincible ?

Il ne répond pas. Pas besoin. Sa posture suffit.

Le roi sur son trône, convaincu que personne ne peut l’ébranler.

Mais il ne comprend pas encore ce que je suis devenue.

Je m’avance d’un pas.

— Vous voulez un jeu, Elio ? Vous l’avez. Mais vous avez oublié une règle essentielle.

Son sourcil se hausse, léger tic d’intérêt.

Un prédateur qui croit encore maîtriser la proie.

— Quand on pousse une femme dans ses retranchements, il faut s’assurer qu’elle n’a plus rien à perdre. Parce qu’à ce moment-là, elle devient votre pire erreur.

Un éclair traverse ses prunelles.

Brève lueur d’alerte.

Je viens de bouger une pièce sur l’échiquier qu’il croyait verrouillé.

Il recule d’un demi-pas. Presque imperceptible. Mais je le vois.

Son dos se tend. Son regard glisse un instant vers la clé USB sur la table.

Le pouvoir, condensé dans un objet aussi froid que ses ambitions.

Il pivote légèrement, comme pour se recentrer, puis murmure :

— Tu crois que tu peux m’affronter à armes égales, Sofia ?

Je soutiens son regard, sans détour.

— Non. Je ne crois pas. Je suis certaine que je peux vous renverser. Parce que vous avez commis une erreur.

— Laquelle ?

Je me rapproche. Mon souffle effleure presque le sien.

— Vous m’avez réveillée.

Le silence est tranchant comme une lame tendue entre nous.

Puis il parle, d’un ton bas, glacial.

— Je n’aime pas les surprises. Surtout celles qui viennent de femmes intelligentes.

— Il va falloir vous y habituer.

Un rictus lui échappe. Fugace.

Mais sous son masque, je sens la tension. L’agacement.

Peut-être même… une peur primaire, enfouie.

Car je ne suis pas la femme qu’il a capturée.

Je suis la femme qu’il a réveillée.

Et cette différence, il commence seulement à la mesurer.

Il tourne autour de moi comme un fauve. Je le sens m’observer, chercher les failles. Mais je ne suis plus en train de fuir. Je suis debout, droite, prête à l’affronter.

Il revient face à moi, très près.

— Tu crois me comprendre, Sofia ? Tu crois voir clair dans mes jeux ?

— Je vois assez pour savoir que vous doutez déjà.

Ses mâchoires se contractent. Ce n’est plus un jeu.

Il sait que je viens de le désarmer là où il pensait être intouchable.

Je tends la main. Mon index effleure la clé USB.

Pas pour la prendre. Pas encore.

Pour lui montrer que je n’ai plus peur.

— Vous voulez que je signe ?

Pause.

— Peut-être que je signerai. Mais pas pour obéir. Pas par peur. Seulement pour déplacer mes pions.

Il s’approche, à nouveau. Plus lentement. Plus dangereux.

— Tu joues à un jeu auquel tu ne connais pas les règles.

Je le regarde dans les yeux.

— Alors changez les règles, Elio. Moi, je suis déjà en train de changer la fin.

Et là, il comprend.

Ce ne sera plus jamais aussi simple.

Parce qu’il a réveillé une adversaire.

Et que je ne redeviendrai jamais sa proie.

Car ce jeu-là, ce n’est plus le sien.

C’est le nôtre.

Et je compte bien retourner chaque règle, une par une, jusqu’à ce qu’il se demande s’il aurait mieux fait de ne jamais me choisir.

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Comments (1)
goodnovel comment avatar
Louise Koumda
trop de répétitions ça devient vraiment ennuyeux.....
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