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Chapitre 6 — Le Masque et la Lame

Author: Darkness
last update Last Updated: 2025-07-03 00:58:56

Sofia

Je n’ai pas fermé l’œil.

Pas parce que j’avais peur.

Mais parce que tout en moi hurlait.

Mon sang battait à mes tempes comme un tambour de guerre.

Je repassais chaque mot. Chaque regard. Chaque faille dans son armure.

Elio m’avait volé mes repères, retourné mes certitudes comme des cartes.

Mais il avait oublié une chose : je ne suis pas faite pour me plier.

Je suis restée là, assise sur ce fauteuil glacé, à observer la clé USB sur la table.

Un petit objet anodin.

Mais je savais ce qu’elle représentait.

Un levier. Une menace. Un piège.

Et peut-être, une porte de sortie.

Quand Elio est revenu, le jour s’était levé, pâle et silencieux, comme s’il pressentait le chaos à venir.

Il portait un costume impeccable, mais ses yeux…

Ses yeux semblaient plus sombres qu’avant.

Fatigués, peut-être.

Ou simplement moins masqués.

— Tu n’as pas dormi, dit-il en posant une tasse de café devant moi.

Je ne répondis pas. J’observais. Chaque geste. Chaque inflexion de sa voix.

Le prédateur était toujours là, mais quelque chose avait changé.

Une prudence.

Une curiosité dangereuse.

— Tu comptes faire quoi avec ça ? demanda-t-il en désignant la clé d’un mouvement du menton.

Je haussai les épaules.

— Ça dépend de vous.

Il me fixa. Longtemps.

— Tu n’es pas comme les autres.

— Je suis pire, Elio. Parce que moi, je vous regarde en face.

Un silence. Douloureux. Dense.

Il recula, s’adossa contre le mur, les bras croisés.

Pour la première fois, je vis quelque chose se fissurer dans son masque.

— Tu crois que c’est un jeu ? murmura-t-il. Tu crois que tu peux tenir tête à tout ça ? Aux gens que je contrôle ? Aux ramifications ? Tu crois que tu peux sauver tes parents juste parce que tu es courageuse ?

Je me levai lentement.

— Je ne crois rien. Je sais que je peux foutre le feu à votre empire si vous me laissez pas le choix.

Il éclata d’un rire sec. Sans joie.

— Tu n’as même pas conscience de ce dans quoi tu t’es jetée.

Je m’approchai, posai ma main sur la table, près de la clé.

— Et vous ? Vous n’avez pas conscience de ce que vous avez réveillé.

Le silence entre nous était devenu électrique. Tendu comme un arc.

Et soudain, il changea de ton. Plus bas. Plus… presque intime.

— Tu sais pourquoi j’ai choisi toi, Sofia ? Pourquoi toi et pas une autre ?

Je ne répondis pas.

Je n’en avais pas envie.

Mais il poursuivit.

— Parce que tu ne recules pas. Parce que tu brûles. Même quand tu fais semblant de te contenir.

Il s’approcha. Trop près. Je sentis son souffle sur ma joue.

— Et parce que je voulais voir jusqu’où tu étais prête à aller.

Je le regardai sans baisser les yeux.

— Je vais vous surprendre.

Un éclair dans ses pupilles. De l’envie ? De l’agacement ? De la peur ?

Je ne savais pas encore.

Mais je savais que cette guerre-là, ce ne serait pas des armes et des cris.

Ce serait des silences. Des pièges. Des caresses comme des coups de lame.

Et j’avais grandi dans ce chaos.

Alors je suis sortie de la pièce.

Sans trembler.

Sans me retourner.

---

La villa d’Elio était un labyrinthe de verre et de pierre.

Trop propre. Trop calme.

Mais les murs parlaient.

Et moi, j’apprenais à les écouter.

Dans le couloir, j’aperçus une silhouette.

Fine. Élégante.

Une femme. Cheveux noirs tirés en chignon, tailleur gris perle, escarpins silencieux.

Elle me dévisagea sans émotion.

— Sofia, je présume.

— Vous êtes ?

— Alessia. Avocate. Bras droit d’Elio. Et, pour l’instant, celle qui te surveille.

Charmant.

Elle me tendit un téléphone.

— Tu as dix minutes. Appelle tes parents. Dis-leur que tout va bien.

Je pris le téléphone. Mes doigts tremblaient à peine.

— Et s’ils posent des questions ?

— Tu improvises. Mais n’oublie pas : s’ils s’inquiètent trop… on changera de méthode.

Elle sourit. Un sourire poli. Vide.

Je serrai le combiné entre mes doigts. Composai le numéro de ma mère.

Une sonnerie. Deux. Trois.

— Allô ?

Sa voix. Si proche. Si loin. Un sanglot m’étrangla.

— Maman… c’est moi. Tout va bien.

Silence. Puis un souffle court, paniqué :

— Sofia ! Où es-tu ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? On est fous d’inquiétude ! Ton père…

— Chut. Maman. Écoute-moi. Je vais bien. Je suis… en sécurité.

Mensonge.

— Tu peux me croire. Je vais trouver une solution.

Je voulais dire plus. Leur demander pardon. Leur promettre qu’ils seraient libres.

Mais je n’avais que dix minutes.

Et une caméra pointée sur moi.

Alors j’ai raccroché.

Et je suis restée là. Figée. Une nouvelle fois.

Mais cette fois, ce n’était pas l’impuissance.

C’était la rage.

Pure. Totale.

Elio croyait m’avoir mise en cage.

Il ne savait pas que je suis née dans les ombres.

Et que je n’ai jamais eu besoin de lumière pour frapper.

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