LOGINAriane
Un silence pesant s’installe.
Puis il reprend :
— Vous êtes une guérisseuse, Ariane. Mais votre don ne se limite pas à soigner les blessures du corps.
Je déglutis avec difficulté.
— Vous avez le pouvoir de purifier.
L’air me manque.
— C’est pour ça qu’elle vous traque. Elle vous veut, mais elle vous craint aussi.
Mon cœur bat à tout rompre.
— Et vous ? demandé-je.
Un éclat passe dans ses yeux.
— Je suis ici pour vous offrir un choix.
Je croise les bras, malgré la peur qui serre mon ventre.
— Quel choix ?
Il sourit de nouveau.
— Me rejoindre.
Je sens un frisson glacé descendre le long de mon échine.
— Pourquoi ferais-je ça ?
— Parce que seule, vous ne survivrez pas.
Mon sang se glace.
Il s’avance encore, et cette fois, je recule instinctivement.
— L’ombre est patiente. Mais elle est aussi avide. Elle ne s’arrêtera pas tant qu’elle ne vous aura pas engloutie.
Sa voix est douce, presque envoûtante.
— Acceptez mon aide, Ariane. Et vous aurez une chance.
Un silence pesant tombe entre nous.
Mon instinct hurle que c’est une erreur.
Mais une autre part de moi… hésite.
Parce que si cet homme dit vrai, si cette chose me veut vraiment… alors peut-être que je n’ai pas le choix.
— Qui êtes-vous ? demandé-je à voix basse.
Un sourire s’étire sur ses lèvres.
— Mon nom n’a pas d’importance.
Il marque une pause.
— Mais vous pouvez m’appeler Caïn.
Son regard capte le mien, et je comprends, trop tard, que je viens de faire un pas de plus dans un monde dont je ne connais pas les règles.
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Rafael
J’arrive devant le cabinet d’Ariane en courant, le cœur battant à tout rompre.
L’air est lourd, chargé d’une énergie malsaine.
Je le sens.
Il est là.
Je me précipite à l’intérieur, prêt à me battre.
Mais quand j’ouvre la porte, ils sont là.
Ariane, immobile, face à cet homme en noir.
Et je n’ai pas besoin de poser la question.
Je sais qui il est.
— Caïn…
Sa tête se tourne lentement vers moi, et un sourire amusé étire ses lèvres.
— Ah. Rafael. Toujours aussi ponctuel.
Ma mâchoire se serre.
— Dégage.
Il rit doucement.
— Toujours aussi agressif, aussi.
Ariane tourne la tête vers moi, et son regard me frappe en plein cœur.
Un doute s’est insinué en elle.
Je le vois.
— Ne l’écoute pas, dis-je fermement.
Caïn soupire.
— Oh, Rafael… Toujours à vouloir jouer au héros.
Il recule légèrement, levant les mains en signe de paix.
— Je ne fais que parler.
Mon regard se durcit.
— Tu ne fais jamais que parler.
Son sourire s’élargit.
— C’est vrai.
Puis il regarde Ariane.
— Réfléchissez bien, Ariane. Vous savez où me trouver.
Et d’un clignement d’œil… il disparaît.
L’air devient plus léger.
Mais l’angoisse, elle, reste.
Je me tourne vers Ariane, mais avant que je ne puisse parler, elle souffle :
— Rafael… qu’est-ce que je suis ?
Sa voix tremble.
Et je comprends alors que tout a changé.
Elle ne pourra plus fuir.
Et moi…
Je vais devoir la protéger, quoi qu’il en coûte.
Ariane
Je n’arrive plus à respirer.
Caïn a disparu, mais sa présence plane encore dans la pièce, comme une ombre persistante accrochée à ma peau.
Je fixe Rafael, attendant des réponses.
Mais lui aussi semble ébranlé.
Il passe une main nerveuse dans ses cheveux sombres, son regard brûlant de colère et d’inquiétude.
— Ariane… qu’est-ce qu’il t’a dit ?
Sa voix est plus rauque que d’habitude.
Je déglutis, sentant mon corps trembler.
— Il a parlé d’un choix…
Je cherche mes mots, incapable de mettre un sens sur ce qui vient de se passer.
— Il a dit que l’ombre me traquait, qu’elle voulait quelque chose en moi.
Un silence tombe.
Rafael ferme brièvement les yeux, comme s’il s’y attendait.
— Tu aurais dû me prévenir dès que tu l’as vu.
Je sens une pointe d’agacement monter en moi.
— Je n’ai pas eu le temps ! Il est juste apparu ici, comme si tout ça était normal !
Rafael lâche un juron, puis s’approche lentement.
— Écoute-moi bien, Ariane.
Il attrape mes épaules, plongeant ses yeux dans les miens.
— Caïn est dangereux. Ce qu’il veut… Ce qu’il représente… Tu ne peux pas l’écouter.
Je hoche la tête, mais au fond de moi, un doute s’installe.
— Et toi, Rafael ? demandé-je à voix basse.
Son regard se trouble.
— Quoi, moi ?
— Toi aussi, tu me caches des choses. Tu savais qui il était. Tu savais ce qu’il voulait. Alors pourquoi je devrais te faire confiance ?
Il desserre sa prise sur mes épaules, recule d’un pas.
— Parce que je suis de ton côté.
Il marque une pause, sa mâchoire se contractant.
— Même si ça signifie t’empêcher de faire des erreurs.
Je frissonne.
Tout devient trop flou, trop grand.
Un instant, j’étais juste une guérisseuse avec un don particulier.
Maintenant, je suis une cible.
Et je n’ai aucune idée de comment me défendre.
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La nuit est froide.
Je marche seule dans les rues silencieuses, incapable de rentrer chez moi.
L’idée de me retrouver enfermée entre quatre murs, avec ces questions qui tournent en boucle dans mon esprit, est insupportable.
Mes pas me mènent inconsciemment vers le parc, un petit coin de verdure presque désert à cette heure.
Le vent soulève mes cheveux, et je ferme les yeux un instant, cherchant un semblant de paix.
Mais quelque chose change.
Un frisson glacé remonte le long de mon échine.
L’air autour de moi semble se figer.
Et soudain, je ne suis plus seule.
J’ouvre les yeux, mon cœur s’emballe.
L’ombre est là.
Elle se tient à quelques mètres, informe et pourtant terriblement présente.
Un murmure s’élève, caressant ma peau comme une brise empoisonnée.
— Ariane…
Ma respiration se bloque.
Puis la douleur frappe.
Une brûlure insoutenable traverse ma poitrine, comme si quelque chose tentait d’arracher une partie de moi.
Je tombe à genoux, étouffant un cri.
— Laisse-moi tranquille… soufflé-je.
Mais l’ombre ne recule pas.
Elle se resserre autour de moi, une force invisible me clouant au sol.
Ma vision se brouille.
Des images explosent dans mon esprit.
Un temple en ruines.
Une femme, enveloppée d’une lueur blanche, hurlant alors qu’une obscurité l’engloutit.
Une pierre noire, brillant d’une lumière malsaine.
Puis plus rien.
Je rouvre les yeux en haletant.
L’ombre a disparu.
Mais son empreinte est là.
Et je sais qu’elle reviendra.
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ArianeLa lumière rouge qui danse encore dans mes yeux semble se répercuter dans l’air autour de moi. Une chaleur étrange envahit mes membres, comme si la pierre noire m’avait marquée d’une manière que je ne peux pas comprendre. Chaque respiration devient plus lourde, et pourtant, je ne peux détacher mon regard de la boîte qui repose toujours sur le piédestal, comme un avertissement.Lysandre me fixe intensément, un mélange de peur et de désir dans ses yeux. "Tu sais maintenant", murmure-t-il, sa voix tremblante mais fermée, "ce que tu es, ce que tu représentes. Ce que tout cela signifie."Je secoue la tête, essayant de repousser l’étreinte de l’angoisse qui m’envahit. "Je ne comprends pas… Je ne peux pas comprendre. Comment puis-je être… cela ? Comment suis-je liée à tout ce qui s’est passé dans ces visions ?"Lysandre hésite, comme si chaque mot qu’il allait prononcer pesait une tonne. Il s’avance lentement vers moi, ses pas mesurés. "Parce que ce que tu as vu, ce n’est pas juste un
ArianeLes murs du temple semblent respirer avec moi. L’air vibre, lourd, saturé de secrets anciens, de murmures à peine perceptibles. Je sens une chaleur étrange, mais elle ne vient pas de l’intérieur, elle émane de la pierre elle-même, des fondations de ce lieu maudit. Chaque pas que je fais, chaque mouvement de ma main, semble déclencher une réaction dans l’espace autour de moi. C’est comme si tout était vivant, comme si le temple attendait ma présence depuis des siècles, des millénaires.Lysandre marche derrière moi, son pas silencieux mais lourd de tension. Je ne me retourne pas pour le regarder, mes yeux fixés sur l’obscurité devant moi. Nous avançons dans un couloir étroit, dont les murs sont couverts de symboles que je n’arrive pas à déchiffrer. Des signes ancestraux, des runes gravées profondément dans la roche, évoquent des images de créatures mythologiques, d’âmes perdues et d’entités oubliées. Mais ce qui me glace encore plus, c’est la sensation croissante d’être observée.
ArianeLe vent froid du matin me frappe en plein visage, comme une gifle sèche, me tirant brusquement de mes pensées. Nous marchons depuis des heures, chaque pas me rapprochant un peu plus de l'inconnu, mais l'inconnu semble plus vaste à chaque seconde. Ce lieu, qui semblait figé dans le temps, continue de me provoquer, me défiant de comprendre ce qui se cache dans ses ténèbres. L'air est lourd, saturé d'une étrange énergie, et chaque coin du paysage semble regarder en retour.Lysandre marche silencieusement à mes côtés, son regard toujours aussi perçant, mais il semble préoccupé, comme s'il était lui-même à la recherche de quelque chose. Il ne parle pas, mais je peux sentir sa tension. Le temps s'étire dans cette immensité de ruines, dans ce labyrinthe de pierres anciennes. Le sol est inégal, l'herbe noire d'une couleur étrange recouvre une grande partie des lieux, presque comme si elle se nourrissait des secrets enfouis sous cette terre. Mais le plus étrange, ce n’est pas la terre e
ArianeLe bruit de la porte se refermant derrière nous est lourd, presque définitif. Un son métallique qui résonne dans l'espace comme un écho d'adieu. C'est un passage, une ligne invisible tracée entre le monde que nous avons quitté et celui dans lequel nous venons de pénétrer. Un lieu entre les mondes. Il n'y a plus de retour en arrière. Je suis désormais confrontée à l'immensité de ce qui se cache au-delà du voile, là où même les ombres semblent avoir une vie propre.L'air est épais, chargé de poussière et de secrets, chaque respiration que je prends est saturée d'une présence ancienne, oppressante. Autour de nous, des ruines émergeant de la brume, des structures d'un autre temps, des vestiges oubliés d'une civilisation éteinte. Mais il n'y a aucune tranquillité dans ce silence. C'est un silence lourd, presque prédateur, comme si le monde lui-même attendait un mouvement, un mot, une action, pour se réveiller.Je serre les poings. Il y a des histoires dans ce lieu, des récits murmur
ArianeNous tombons dans l’obscurité, mais ce n’est pas une chute brutale. Non, c’est un glissement, une transition douce, comme si le sol sous mes pieds disparaissait peu à peu, me plongeant dans un vide silencieux. Mes oreilles bourdonnent, un bruit sourd qui ne cesse d’amplifier, comme si l’air autour de nous se chargeait d’une énergie vieille comme le temps. Je tends la main, cherchant désespérément un repère, mais il n’y a rien. Pas même le vent.Il fait froid. Un froid glacial, pénétrant, qui me traverse les os. Je veux crier, mais aucun son ne sort. Je suis paralysée par cette sensation d’étrangeté, par ce vide absolu dans lequel je m’enfonce lentement. Où suis-je ? Où sommes-nous ?Lysandre est à mes côtés. Je le sens avant même de pouvoir l’apercevoir. Sa présence, étrange et réconfortante, m’entoure. Mais il n’est pas dans le même état que moi. Il semble calme, presque détaché, comme si cet endroit ne le perturbait pas autant. Son corps reste près du mien, mais il est comme
ArianeLes nuages noirs se sont épaissis au-dessus de nous, une couverture oppressante qui semble vouloir nous engloutir. L’air est plus lourd, plus glacial, et chaque pas que nous faisons semble nous tirer plus profondément dans ce royaume étrange et inhospitalier. La silhouette de la montagne, si lointaine et menaçante au début, est désormais tout près, imposante et immobile, comme un spectre de pierre prêt à nous engloutir."Nous devons continuer", souffle Lysandre, sa voix tremblant à peine sous le poids de la tension qui envahit l’air. Ses yeux sont fixés sur l’horizon, mais ses mains tremblent légèrement. Même lui, qui a toujours semblé incarner une certaine maîtrise, semble affecté par l’atmosphère étouffante qui nous entoure. "Il n’y a pas d’autre choix."Je hoche la tête sans un mot, mon cœur battant la chamade. Nous avons franchi la limite de ce que nous connaissions, et ce qui se profile devant nous semble à la fois une promesse de rédemption et un gouffre sans fond. Mais u