LOGINRafael
Je la retrouve assise sur un banc, le visage pâle et les yeux hantés.
Sans un mot, je m’accroupis devant elle.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? demandé-je d’une voix douce.
Elle me regarde, et dans ses prunelles, je vois la peur.
— Elle était là.
Mon cœur rate un battement.
— L’ombre ?
Elle hoche la tête.
Je serre les poings.
— Qu’est-ce qu’elle t’a fait ?
Ariane passe une main tremblante sur son bras, comme si elle pouvait encore sentir son emprise.
— Elle m’a montré… quelque chose. Des souvenirs. Des visions. Je ne comprends pas.
Je soupire.
— Ça commence.
Elle fronce les sourcils.
— Quoi ?
Je me lève lentement.
— Elle essaie de te posséder.
Ariane pâlit.
Je tends la main vers elle.
— Viens. On ne peut pas rester ici.
Elle hésite, puis attrape mes doigts.
Et en cet instant, je fais une promesse silencieuse.
Peu importe ce qui arrive.
Je ne la laisserai pas tomber.
Ariane
Rafael ne lâche pas ma main.
Il m’entraîne hors du parc, son regard fouillant l’obscurité autour de nous comme s’il s’attendait à ce que quelque chose surgisse.
— Où on va ? demandé-je, ma voix à peine plus qu’un souffle.
Il ne répond pas tout de suite.
— Un endroit sûr.
Je ne pose pas plus de questions.
Je suis encore secouée par ce que je viens de vivre. Cette ombre, ce froid insidieux qui s’est insinué en moi, ces visions étranges… tout ça me donne l’impression d’être piégée dans un cauchemar.
Et Rafael, lui, semble en savoir bien plus qu’il ne veut l’admettre.
Nous avançons en silence, jusqu’à ce qu’il s’arrête devant un immeuble ancien, aux murs de pierre sombre. Il pousse la porte et me fait entrer.
L’intérieur est chaleureux, loin de l’aura inquiétante de la façade. Un salon spacieux, un canapé en cuir noir, une bibliothèque imposante et une cheminée où danse une flamme apaisante.
Je me tourne vers lui, croisant les bras.
— Tu comptes me dire ce qui se passe ?
Il pousse un soupir et passe une main dans ses cheveux.
— Ce que tu as vu… commence-t-il. Ce n’était pas juste une hallucination.
— Je sais.
Ma réponse le surprend.
— Elle était réelle, Rafael. Et elle voulait quelque chose en moi. Elle a essayé de m’arracher… quelque chose.
Son expression se ferme.
— C’est ce que je craignais.
Il se détourne, allume une lampe et s’appuie contre le bureau.
— L’ombre ne s’attaque pas aux gens par hasard. Elle a besoin d’un hôte.
Je fronce les sourcils.
— Un hôte ?
Il hoche la tête.
— Elle ne peut pas exister seule. Elle se nourrit d’énergie, de lumière… de vie.
Un frisson me parcourt.
— Pourquoi moi ?
Il reste silencieux un instant.
Puis il dit, d’un ton grave :
— Parce que tu es une Guérisseuse.
Le mot résonne dans l’air.
Je sens quelque chose se serrer en moi.
Je connais mon don. Depuis toujours, j’ai cette capacité de soigner. De sentir la douleur des autres et de l’apaiser.
Mais Rafael parle de quelque chose de plus grand.
— Explique.
Il s’approche lentement, son regard ancré dans le mien.
— Tu n’es pas une simple guérisseuse, Ariane.
Il prend une inspiration.
— Tu es la dernière de ta lignée.
La pièce semble rétrécir autour de moi.
— Ma lignée ?
Il hoche la tête.
— Il y a des siècles, un ordre existait. Des guérisseurs capables de purifier les âmes, de repousser les ténèbres. Ils étaient peu nombreux… mais puissants.
Il marque une pause.
— L’ombre les a tous détruits.
Un silence glacé s’installe entre nous.
Je fixe Rafael, mon cœur tambourinant dans ma poitrine.
— Tu es en train de me dire que cette chose a exterminé un ordre entier… et que je suis la seule qui reste ?
Il acquiesce.
— C’est pour ça qu’elle te traque. Elle veut finir ce qu’elle a commencé.
Tout mon corps se fige.
— Et Caïn ?
Rafael serre la mâchoire.
— Caïn… est une autre histoire.
Je n’aime pas la façon dont il dit ça.
— Il voulait que je le rejoigne.
— Bien sûr qu’il voulait.
Sa voix est dure.
— Caïn ne fait jamais rien sans raison. S’il t’a approchée, c’est qu’il a quelque chose en tête. Il veut que tu lui sois utile.
Une boule d’angoisse se forme dans mon estomac.
— Utile pour quoi ?
— Je ne sais pas encore.
Je recule d’un pas, le souffle court.
— Tu savais tout ça… depuis le début ?
Il ne répond pas.
Et c’est déjà une réponse en soi.
Une vague de colère monte en moi.
— Tu m’as laissée dans l’ignorance alors que j’étais une cible !
— Je voulais te protéger.
— En me mentant ?
Il ferme les yeux une seconde, puis les rouvre, son regard brûlant.
— Si je t’avais tout dit dès le début, tu aurais fui.
— Et peut-être que j’aurais eu raison.
Rafael se crispe.
— Non. Parce que tu aurais été seule. Et seule, tu n’aurais pas survécu.
Un silence tendu s’installe.
Je détourne les yeux, mon cœur battant trop fort.
Puis je murmure :
— Je ne sais pas si je peux te faire confiance.
Ses traits se figent, et pour la première fois, je vois quelque chose vaciller en lui.
De la douleur.
Mais il ne dit rien.
Il se détourne, serrant les poings.
— Fais comme tu veux.
Il tourne les talons et quitte la pièce.
Je reste là, seule, dans cette pièce qui ne m’offre aucune réponse, seulement plus de doutes.
Et pour la première fois depuis longtemps, je me sens perdue.
Vraiment perdue.
ArianeLe vent glisse doucement sur ma peau, comme une caresse glacée, mais l’air semble soudainement trop lourd. Les ombres qui m’entourent sont plus qu’une simple obscurité : elles sont devenues des spectres, des présages, des entités invisibles qui murmurent à mon oreille. Je sais que quelque chose se prépare, quelque chose que je ne peux plus ignorer. Le temps ne me laisse plus le choix.Les mots de Lysandre résonnent encore dans ma tête. Ce n’est pas la fin, mais le commencement. Chaque syllabe, chaque mot prononcé, fait naître une vague de doute, de confusion, mais aussi une force nouvelle. Il est vrai que je n’ai pas choisi ce pouvoir, mais il m’a été donné. Et maintenant, il me faut accepter ce don maudit ou le rejeter, avec toutes les conséquences que cela implique.Je ferme les yeux un instant, cherchant à apaiser le tumulte dans mon esprit, à réprimer la peur qui m’étreint. Je peux entendre les battements de mon cœur résonner dans mes tempes, battements qui semblent plus fo
ArianeLa salle, baignée d’une lumière vacillante, semble étouffer chaque respiration. Les murs autour de nous sont marqués de runes anciennes, des symboles qui, pourtant, ne font que renforcer l’impression de claustrophobie. Je sens le poids de la pierre, invisible mais omniprésent, lourd sur mes épaules. Tout ce que j’ai vu dans mes visions, tout ce que j’ai ressenti dans mon âme, se bouscule en moi, et chaque fragment de cette vérité est comme une étincelle prête à enflammer tout ce que j’ai cru connaître.Lysandre est toujours là, juste en face de moi. Je vois son regard durci par l’inquiétude, mais aussi par une détermination que je ne lui connaissais pas. Nous n’avons pas échangé un mot depuis qu’il m’a révélé la vérité sur mon destin, et pourtant, tout est devenu plus clair, plus palpable. Chaque silence entre nous est chargé de la gravité de ce que nous portons désormais. Chaque souffle que je prends est une lutte contre le tumulte qui bouillonne à l’intérieur."Je n’ai pas ch
ArianeLa lumière rouge qui danse encore dans mes yeux semble se répercuter dans l’air autour de moi. Une chaleur étrange envahit mes membres, comme si la pierre noire m’avait marquée d’une manière que je ne peux pas comprendre. Chaque respiration devient plus lourde, et pourtant, je ne peux détacher mon regard de la boîte qui repose toujours sur le piédestal, comme un avertissement.Lysandre me fixe intensément, un mélange de peur et de désir dans ses yeux. "Tu sais maintenant", murmure-t-il, sa voix tremblante mais fermée, "ce que tu es, ce que tu représentes. Ce que tout cela signifie."Je secoue la tête, essayant de repousser l’étreinte de l’angoisse qui m’envahit. "Je ne comprends pas… Je ne peux pas comprendre. Comment puis-je être… cela ? Comment suis-je liée à tout ce qui s’est passé dans ces visions ?"Lysandre hésite, comme si chaque mot qu’il allait prononcer pesait une tonne. Il s’avance lentement vers moi, ses pas mesurés. "Parce que ce que tu as vu, ce n’est pas juste un
ArianeLes murs du temple semblent respirer avec moi. L’air vibre, lourd, saturé de secrets anciens, de murmures à peine perceptibles. Je sens une chaleur étrange, mais elle ne vient pas de l’intérieur, elle émane de la pierre elle-même, des fondations de ce lieu maudit. Chaque pas que je fais, chaque mouvement de ma main, semble déclencher une réaction dans l’espace autour de moi. C’est comme si tout était vivant, comme si le temple attendait ma présence depuis des siècles, des millénaires.Lysandre marche derrière moi, son pas silencieux mais lourd de tension. Je ne me retourne pas pour le regarder, mes yeux fixés sur l’obscurité devant moi. Nous avançons dans un couloir étroit, dont les murs sont couverts de symboles que je n’arrive pas à déchiffrer. Des signes ancestraux, des runes gravées profondément dans la roche, évoquent des images de créatures mythologiques, d’âmes perdues et d’entités oubliées. Mais ce qui me glace encore plus, c’est la sensation croissante d’être observée.
ArianeLe vent froid du matin me frappe en plein visage, comme une gifle sèche, me tirant brusquement de mes pensées. Nous marchons depuis des heures, chaque pas me rapprochant un peu plus de l'inconnu, mais l'inconnu semble plus vaste à chaque seconde. Ce lieu, qui semblait figé dans le temps, continue de me provoquer, me défiant de comprendre ce qui se cache dans ses ténèbres. L'air est lourd, saturé d'une étrange énergie, et chaque coin du paysage semble regarder en retour.Lysandre marche silencieusement à mes côtés, son regard toujours aussi perçant, mais il semble préoccupé, comme s'il était lui-même à la recherche de quelque chose. Il ne parle pas, mais je peux sentir sa tension. Le temps s'étire dans cette immensité de ruines, dans ce labyrinthe de pierres anciennes. Le sol est inégal, l'herbe noire d'une couleur étrange recouvre une grande partie des lieux, presque comme si elle se nourrissait des secrets enfouis sous cette terre. Mais le plus étrange, ce n’est pas la terre e
ArianeLe bruit de la porte se refermant derrière nous est lourd, presque définitif. Un son métallique qui résonne dans l'espace comme un écho d'adieu. C'est un passage, une ligne invisible tracée entre le monde que nous avons quitté et celui dans lequel nous venons de pénétrer. Un lieu entre les mondes. Il n'y a plus de retour en arrière. Je suis désormais confrontée à l'immensité de ce qui se cache au-delà du voile, là où même les ombres semblent avoir une vie propre.L'air est épais, chargé de poussière et de secrets, chaque respiration que je prends est saturée d'une présence ancienne, oppressante. Autour de nous, des ruines émergeant de la brume, des structures d'un autre temps, des vestiges oubliés d'une civilisation éteinte. Mais il n'y a aucune tranquillité dans ce silence. C'est un silence lourd, presque prédateur, comme si le monde lui-même attendait un mouvement, un mot, une action, pour se réveiller.Je serre les poings. Il y a des histoires dans ce lieu, des récits murmur

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