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Chapitre 2 – Le Goût

Penulis: L'invincible
last update Terakhir Diperbarui: 2025-06-15 02:48:34

Isadora

Je n’ai pas dormi.

Pas vraiment. Pas comme avant.

Le Casino s’est vidé, les musiques se sont tues, et pourtant, dans ma tête, tout tourne encore.

Adrien de Vallières.

Ce nom ancien qui claque comme une épée dans un monde de parvenus.

Un nom qui coupe. Un nom qui règne.

Je suis rentrée chez moi à l’aube, robe froissée, talons à la main, cheveux défaits.

Le vert n’avait pas suffi à le faire rester.

Mais ses mots…

Ils sont restés plantés dans ma peau comme des aiguilles.

— Vous croyez savoir ce que vous cherchez.

Non.

Je ne sais rien.

Je sais juste que pour la première fois, je n’ai pas contrôlé.

Pour la première fois, ce n’est pas moi qui ai tendu le piège.

Je veux comprendre ce qu’il a vu en moi.

Je veux savoir pourquoi ses yeux m’ont brûlée.

Je veux… sentir encore ce frisson.

Je le cherche.

Trois jours. Trois nuits.

Je retourne au Casino, seule, maquillée comme une provocation.

Rouge à lèvres carmin. Fard charbonneux.

J’entre dans chaque pièce comme on entre en guerre.

Chaque sourire est une menace. Chaque regard, une tentative.

Mais il n’est pas là.

Pas même une trace.

Aucune présence sur les réseaux. Pas un mot dans les journaux.

Juste des rumeurs.

Adrien de Vallières.

Un fantôme vêtu de luxe. Un héritier d’un monde trop ancien pour le nôtre.

Un homme qui marche dans l’ombre avec le port d’un roi.

Et moi, je deviens folle.

Je rêve de ses yeux.

Je ressens encore la chaleur de son souffle sur ma clavicule, alors qu’il ne m’a jamais touchée.

Je m’interroge. Je m’agace. Je me repasse chaque détail, chaque silence.

Le quatrième soir, je le trouve.

Ou peut-être est-ce lui qui me trouve.

Je suis sur la plage, robe rouge cette fois. Plus courte, plus tranchante.

Le vent colle le tissu contre mes cuisses. Le ciel est noir.

Pas d’étoiles. Pas de lune. Juste le bruissement des vagues et le sel qui ronge mes lèvres.

Je regarde l’eau. Je pense à ce que j’ai fait de ma vie. À ce que je suis devenue.

À ce que je pourrais encore être.

Et soudain, je sens son souffle.

— Vous portez la couleur du péché ce soir.

Je ne sursaute pas.

Je me retourne lentement.

Il est là. Aussi immobile qu’une promesse.

Le sable ne marque pas ses pas. Le vent ne froisse pas son manteau.

Il est hors du monde.

— Et vous, dis-je, vous portez toujours l’absence.

Il sourit. Froidement.

— Je ne suis jamais vraiment là. Je vous l’avais dit.

Non.

Il ne me l’avait pas dit.

Mais il a raison.

— Pourquoi êtes-vous ici ? demandé-je.

Il penche la tête.

— Parce que vous ne m’avez pas oubliée.

Je serre les dents.

Je déteste les hommes qui ont raison trop vite.

— Vous êtes sûr de vous.

— Non. Juste lucide.

Il s’approche. Lentement. Trop lentement.

Chaque pas est une morsure.

Il ne vient pas me prendre. Il vient me voler.

Je recule d’un demi-pas. Il le voit. Il s’arrête.

— Vous me fuyez déjà ?

Je murmure, gorge sèche :

— Je ne fuis jamais.

— Alors, approchez.

Je ne bouge pas.

Je veux. Je refuse. Je brûle.

Je suis un paradoxe. Une plaie ouverte.

Il lève la main.

Sa paume s’ouvre, comme pour m’inviter à une danse. Encore.

Mais cette fois, il n’y a pas de musique.

Rien que le ressac, le silence… et nos souffles qui se croisent.

Je prends sa main.

Et là… tout change.

Sa bouche.

Elle ne m’embrasse pas. Elle me prend.

Il ne goûte pas mes lèvres. Il les dévore. Lentement. Profondément.

Chaque contact est une brûlure.

Ses doigts glissent sur ma nuque, puis dans mes cheveux. Il m’attire plus près. Trop près.

Son odeur est plus ancienne que l’air lui-même. Un mélange de cendres et d’interdits.

Je veux dire non. Mais rien ne sort.

Je veux me détacher. Mais mon corps ment.

Je suis toute entière offerte à cet inconnu que je ne peux plus oublier.

Il murmure contre ma joue :

— Je vous avais prévenue. C’est moi qui marque.

Nous ne parlons pas.

Nous marchons jusqu’à l’hôtel Le Normandy. Il a une suite. Évidemment.

Il a ce genre de présence. Qui ne se contente jamais du peu.

Les couloirs sont vides. Les murs feutrés.

Quand la porte se referme derrière moi, je comprends que je viens de passer un seuil que je ne pourrai plus franchir en sens inverse.

Il ne me demande rien. Il ne pose pas de questions.

Il retire ma robe avec une lenteur chirurgicale, comme s’il me libérait d’un mensonge.

Je suis nue sous ses yeux. Mais ce n’est pas mon corps qu’il regarde.

C’est moi.

Et moi… je regarde ses mains.

Elles sont pâles. Fines. Mais pleines d’une puissance froide.

Des mains qui ont dû caresser le pouvoir, l’argent, peut-être la mort.

Des mains trop silencieuses.

Quand il me touche, je comprends.

Je comprends que je suis en train de me perdre.

Que je vais lui donner plus que ma peau.

Je vais lui offrir ma soif.

Et il va s’en nourrir.

Sans honte. Sans hésiter.

Il ne parle toujours pas. Il respire à peine.

Mais moi, je me consume.

Je deviens cendres sous ses paumes.

Et dans cette destruction, je trouve enfin un sens.

Je voulais le contrôle.

Je découvre la chute.

Plus tard, je suis allongée sur ses draps.

Il est là, assis dans le fauteuil, une coupe vide à la main.

Il ne me regarde pas. Mais il sait que je ne dors pas.

Il murmure, presque pour lui-même :

— Je pensais que j’étais mort.

Je ne réponds pas.

Je n’ose pas. Je n’ai pas de réponse.

Puis il tourne enfin la tête vers moi.

Ses yeux sont d’un calme terrifiant.

— Mais avec vous, j’ai de nouveau

faim.

Je frémis.

Parce que je comprends qu’il ne parle pas d’amour.

Il parle de vide. De besoin. D’un gouffre sans fond.

Et que moi, je n’ai jamais été aussi vivante.

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