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Chapitre 4 — Le retour au matin 

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-09-03 03:53:20

Ophélie

Le soleil n’est encore qu’un halo pâle à l’horizon quand je sors enfin de l’hôtel. Mes jambes tremblent sous moi, chaque pas me rappelle la violence douce et brutale de la nuit, le feu qui a consumé mon corps et mon esprit. Je serre mon sac contre moi, mais il est inutile de cacher l’état dans lequel je suis : mes hanches brûlent, mes cuisses sont douloureuses, et chaque mouvement me fait grimacer de cette douleur délicieuse qui témoigne de ce que je viens de vivre.

Je marche dans les rues encore désertes, les talons lourds sur le pavé, et je sens mes vêtements collés à ma peau, ma robe froissée portant la trace de mes gestes, de ses mains, de sa possession. La fatigue est totale, mais étrange, comme un poids qui me tire vers le sol et, en même temps, un vertige délicieux qui me fait sourire malgré tout.

Je repense à chaque instant de la nuit : la façon dont il m’a possédée avec cette sauvagerie contrôlée, le souffle chaud contre mon cou, ses lèvres qui brûlaient ma peau, la pression de ses mains sur mes reins, sur mes cuisses, sur tout mon corps. Je me souviens de chaque fois qu’il m’a prise, encore et encore, sans jamais montrer le moindre signe de fatigue, comme si mon corps était la seule source de son énergie, et que chaque gémissement, chaque frisson le nourrissait. Trois fois, trois fois il a franchi mes limites, mais dans mon esprit, ce chiffre ne suffit pas. Je compte, je recompte mentalement, essayant de retrouver chaque assaut, chaque poussée, chaque instant où il m’a dévorée, jusqu’à ce que je perde le compte, épuisée et extatique à la fois.

Je m’appuie contre un mur pour reprendre mon souffle, les mains tremblantes sur mes cuisses endolories. La douleur n’est pas désagréable, elle est la trace de ce que j’ai donné et reçu, de ce que j’ai vécu et de ce que j’ai laissé s’imprimer dans mon corps. Je ferme les yeux un instant et je laisse le souvenir m’envahir : l’odeur de sa peau, la chaleur de ses mains, les gémissements étouffés, les mouvements frénétiques et doux à la fois.

Je me rends compte que j’ai été payée trois fois ce que je pensais recevoir pour une seule nuit, mais l’argent n’est rien comparé à ce que je ressens. Ce n’est pas une transaction, ce n’est pas un salaire : c’est un vertige, un tremblement, une marque qui restera gravée sur ma peau et dans mon esprit. Trois fois ma paie pour trois fois ma vie brisée et reconstruite dans la même heure, pour trois fois l’impression d’avoir été possédée sans relâche, sans répit, comme si chaque parcelle de moi lui appartenait et qu’il ne se lasserait jamais.

Quand j’atteins mon appartement, je m’effondre sur le canapé, les mains encore brûlantes, les cuisses douloureuses mais vibrantes de ce désir que je ne peux contenir. Je ferme les yeux et je sens le vide, le calme qui suit la tempête, et pourtant je sais que rien n’est terminé. Mon corps hurle, mon cœur tambourine, et mon esprit ne peut s’empêcher de rejouer chaque geste, chaque souffle, chaque pression, chaque morsure douce ou brutale.

Je revois son regard, la manière dont il m’a tenue, comment il m’a poussée contre les murs, sur le lit, comment il a alterné la sauvagerie et l’intimité avec une précision effrayante. Je me rappelle chaque fois qu’il a frappé mes limites, que j’ai crié silencieusement, que mon corps s’est plié à sa force et que mon esprit a chaviré. Trois fois, quatre fois, peut-être cinq fois… je perds le compte dans le vertige de mes souvenirs. Chaque instant est gravé, chaque douleur est un écho de plaisir.

Je reste là, immobile, pendant de longues minutes, laissant la chaleur et la douleur se mêler, laissant mon corps absorber l’empreinte de cette nuit sauvage. Et dans cette extase postérieure, dans cette fatigue saturée de plaisir et de douleur, je comprends que quelque chose en moi a changé. Que je ne serai plus jamais la même, que je ne pourrai plus jamais aborder mon travail comme avant, que chaque homme, chaque toucher, chaque souffle, chaque regard sera désormais filtré à travers cette expérience.

Et pourtant, malgré tout, une part de moi sourit. Parce que j’ai survécu, parce que j’ai brûlé, parce que j’ai cédé et que j’ai été désirée comme jamais auparavant. Trois fois ma paie, trois fois la sensation de me perdre pour renaître, trois fois cette nuit qui restera gravée, indélébile, jusqu’à ce que je ferme les yeux pour la dernière fois.

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