Le Pardon du Père

Brigitte, encore tremblante après la confrontation avec son père, décida d’aller voir sa mère avant de rentrer chez Alicia.

Elle voulait s’assurer que sa mère allait bien… et cacher sa douleur derrière un sourire.

Chez sa mère

Noëlla était dans le jardin, arrosant ses fleurs.

Quand elle aperçut Brigitte, son visage s’illumina.

— Ma fille, tu es venue me voir ?

— Oui maman, répondit Brigitte en forçant un sourire. Je voulais juste te saluer.

Noëlla la regarda attentivement.

— Tu as l’air fatiguée… tu es sûre que tout va bien ?

Brigitte sentit son cœur se serrer. Elle aurait voulu tout lui dire.

Tout.

Mais elle pensait à la santé fragile de sa mère, au stress, au risque d’un AVC comme elle le craignait toujours.

Alors elle mentit doucement.

— Oui maman… je vais bien. Juste un peu de travail.

Noëlla lui prit la main avec tendresse.

— Tu es forte, Brigitte. Je suis fière de toi.

Cette phrase faillit la faire éclater en larmes.

Elle serra la main de sa mère, sourit une dernière fois, puis partit.

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Chez Alicia

Alicia ouvrit immédiatement la porte.

— Brigitte ! Entrez, entrez. Tu as pu parler à ton père ?

Brigitte entra, posa son sac, et s’assit sur le canapé comme si tout son poids tombait d’un coup.

— Oui… je lui ai parlé. J’ai dit tout ce que Clarisse et Julien ont fait.

Alicia s’assit à côté, attentive.

Brigitte poursuivit :

— Et il m’a répondu : “Tu veux que je fasse quoi ?” Comme si mon cœur brisé ne comptait pas. Comme si ma vie ne le concernait pas.

Elle secoua la tête.

— Tout ce qu’il a dit, c’est qu’il allait parler à Clarisse.

— Il ne t’a pas soutenue ? demanda Alicia, choquée.

Brigitte eut un sourire amer.

— Tu connais mon père… il ne soutient que Clarisse.

Alicia lui prit la main.

— Brigitte, je suis là. Et tu n’es pas seule.

Juste à ce moment, le téléphone de Brigitte sonna.

Elle hésita en voyant le nom affiché : Papa.

Alicia chuchota :

— Réponds. Peut-être qu’il a réfléchi.

Brigitte décrocha.

— Allô, papa ?

La voix de son père était différente. Plus basse. Plus sérieuse.

— Brigitte… je veux te voir demain matin. À mon bureau. À huit heures. C’est important.

Brigitte déglutit.

— D’accord papa… j’y serai.

Il raccrocha sans autre mot.

Alicia la fixa.

— Ça veut dire quoi, tu crois ?

Brigitte haussa les épaules, un mélange de peur et d’espoir dans le cœur.

— Je ne sais pas, Alicia. Mais… quelque chose se prépare.

Le lendemain matin, Brigitte arriva devant le grand immeuble où se trouvait le bureau de son père.

Elle avait la gorge serrée, les mains moites.

Elle ne savait pas si elle devait espérer… ou se protéger.

Le secrétariat l’accueillit avec un sourire :

— Madame Brigitte, votre père vous attend dans son bureau.

Elle inspira profondément et entra.

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Dans le bureau du père

Son père était là, debout près de la fenêtre, les mains derrière le dos.

Il se retourna lentement quand il entendit la porte.

Ce n’était plus le même homme que la veille.

Il avait les yeux rouges, le visage fatigué, et un air profondément bouleversé.

— Approche, Brigitte… s’il te plaît.

Elle s’avança doucement, prudente, le cœur battant.

Il lui montra la chaise devant son bureau :

— Assieds-toi.

Brigitte s’assit, silencieuse.

Son père prit place en face d’elle.

Il resta un moment sans parler, cherchant ses mots.

Puis il inspira profondément.

— Brigitte… ma fille… je tiens à te demander pardon.

Brigitte cligna des yeux, choquée.

Elle n’avait jamais imaginé entendre ces mots sortir de sa bouche.

Il continua, la voix tremblante :

— Pardon pour tout ce que je t’ai fait subir. Depuis ton enfance. Pardon pour mes paroles blessantes, pour mes comparaisons, pour t’avoir fait croire que tu valais moins que quelqu’un d’autre.

Il posa sa main sur son cœur.

— Je me suis trompé, Brigitte. Depuis des années. Je n’ai pas su voir ta force, ta bonté, ta valeur.

Une larme glissa sur sa joue.

Brigitte sentit la sienne monter.

— Hier… après avoir parlé avec Clarisse… j’ai compris. J’ai compris l’erreur de toute une vie. J’ai élevé deux filles, mais j’ai blessé celle qui ne m’a jamais déçu.

Il secoua la tête, ému.

— Tu es ma fille. Et je te demande pardon avec tout mon cœur.

Brigitte porta la main à sa bouche, émue à l’extrême.

— Papa… je…

Il leva la main doucement.

— Laisse-moi finir.

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Les conseils du père

— Brigitte, n’aie plus peur. Ne t’inquiète plus de Julien, de Clarisse, ni de cette humiliation. Je suis avec toi maintenant.

Il s’approcha d’elle, prit ses mains dans les siennes.

— Tu dois oublier cet homme. Oublier ce mariage qui n’a jamais apporté du bonheur. Tu dois refaire ta vie… sérieusement, avec quelqu’un qui te mérite, ou même seule si tu veux… mais heureuse.

Brigitte pleurait silencieusement.

— Papa… c’est la première fois que tu me parles ainsi…

— Je sais. Et je vais réparer ce que j’ai détruit.

Sa voix devint plus ferme.

— Je vais t’aider. Avec mes moyens. Avec tout ce que j’ai. Tu vas recommencer à zéro, mais cette fois… sur des bases solides.

Il ouvrit un dossier sur son bureau et poussa vers elle une enveloppe épaisse.

— Voici un montant pour que tu commences tes commerces. Tu es intelligente, tu es travailleuse, tu réussiras. Je crois en toi, Brigitte. Aujourd’hui… et pour toujours.

Brigitte hésita, la main tremblante, puis prit l’enveloppe.

— Papa… merci. Je ne m’attendais pas à ça…

Il sourit doucement, un sourire qu’elle n’avait jamais vu.

— Il n’est jamais trop tard pour être un bon père.

Il se leva et l’enlaça avec une sincérité bouleversante.

— Je t’aime, Brigitte. Pardonne-moi.

Brigitte s’effondra dans ses bras, le cœur inondé de soulagement et de douleur libérée.

Pour la première fois, elle se sentit… aimée