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IV. Un nouvel ami (2).

Author: TessE_MGH
last update Last Updated: 2025-03-12 03:06:14

Le jour se lève et les cousines se séparent, prêtes à affronter une journée de plus sous l'écrasante chaleur de la ville de Brazzaville. C'est surtout le cas pour Blévie qui va errer pendant des heures dans les quartiers de la capitale, soumettant par-ci par-là ses documents. Véronique quand à elle, par son nouvel emploi sera bien à l'abri pendant un bon moment avant de retourner à son ancien lieu de travail.

***

**

Les heures passent, il est 10 heures et à l'ESSET, les techniciens de surface en pause vont s'alimenter dans le réfectoire situé au rez-de-chaussée. Pendant le goûter, leur superviseure les rejoint pour leur annoncer que la salle de réunion du 5ème niveau aurait besoin de rangement et d'un coup de serpillière.

« J'aimerais que le premier d'entre vous à finir s'y rende pour s'en charger, d'accord ? »

« Je peux y aller maintenant ! » s'écrie la benjamine du groupe.

Les regards se posent sur Véronique qui a sa maitoujours levée. Vaillante et confiante, elle demande à l'assemblée si quelqu'un y trouve un inconvénient et c'est bien le cas.

« Eh bien, les nouveaux se limitent au 4ème niveau. » argumente un ancien.

Et la superviseure est de son avis. Cependant, pense-t-elle que le mieux serait de s'y mettre le plus tôt possible car ne sait-on jamais. Alors, elle fait une exception et permet à Véronique de préparer le matériel pour aller nettoyer la salle.

Dans le réfectoire, à une table précisément, celle d'où l'ancien a fait son objection se lèvent des murmures. Avec ses collègues, ils soutiennent que la nouvelle veut faire son intéressante et croit qu'elle sera définitivement engagée (car cette information a bien évidemment fuité). 

...

Véronique arrive dans la fameuse salle de réunion et admire la beauté des lieux. Elle touche les chaises, s'assoit sur l'une d'entre elles, pose ses mains sur la table en chêne massif,... Elle a juste envie de glisser dessus tellement elle est lisse.

Alors qu'elle pèse le pour et le contre devant son nouveau fantasme, la jeune femme n'entend pas la porte s'ouvrir puis se fermer, laissant entrer quelqu'un. Cet homme a un léger rictus en voyant de dos une technicienne de surface en train de caresser le meuble.

« Heureusement que nous n'avons pas opté pour la baie vitrée. » dit-il d'un air amusé.

~ VÉRONIQUE ~

Je sursaute et me retourne, gênée. J'ai reconnu la voix mais lorsque j'ai posé sur le monsieur mon regard, je n'ai pas immédiatement su de qui il s'agissait. 

« Ah, c'est vous madame Chouchou. »

Eh bien ! Le loup est passé chez le coiffeur, on dirait.

Je me lève puis remets le siège à sa place. Lui, il reste là à m'observer. Je me demande ce qu'il fait là mais me sent trop gênée pour lui poser la question. De plus en le voyant, c'est évident qu'il est "quelqu'un". Alors comment aurai-je le courage et même l'audace de lui demander des comptes.

« Bonjour monsieur. » je murmure.

« Bonjour. J'espère que vous allez bien. »

Je réponds par la positive et nous échangeons quelques banalités. Il est sympathique et essaie de me mettre à l'aise. De mon côté, je n'y suis pas contre, cependant il faudrait qu'il me laisse travailler car à tout moment la superviseure pourrait arriver ou pire. J'aime beaucoup mon emploi même si je n'en suis qu'au deuxième jour ; alors je ne souhaiterais pas faire de faux pas et risquer un avertissement ou une mise à pied de si tôt. J'aimerais rester concentrée et lui, ne semble pas le comprendre.

« Sinon, je suis content pour toi, du fait que le DRH t'ait retenue. »

Je n'ose lui parler du risque que j'ai de perdre mon poste au cas où l'autre Véronique se présenterait. Ma seule réaction suite à ses paroles est d'esquisser un sourire forcé.

« Tu as de belles dents pour une villageoise. »

Sa réflexion m'agace au plus haut point et ce que j'en tire c'est que les villageois sont censés avoir de vilaines dents. Je ne sais pas avec qui je parle alors, j'évite de m'emporter. À la place, il m'est préférable d'aller chercher ma serpillière pour me mettre au travail. Lorsqu'il va remarquer que je ne le "gère" plus, il va me lâcher.

Sa tête on dirait un oiseau mouillé !

Nous sommes dans une grande salle climatisée aux murs gris, illuminée par un grand lustre, les ampoules annexes ainsi que la baie vitrée qui laisse pénétrer la lumière du jour. Il est assis sur la chaise situé en tête de table, me faisant la conversation. Quant à moi, je poursuis mon travail en répondant passivement à ses questions. 

« Tu as quel âge ? » me sort-il au bout d'un moment.

Ah, il ne me vouvoie plus ?

« Je trouve que vous en savez déjà trop sur moi. »

Je me suis arrêtée pour le fixer.

« Qu'est-ce que tu veux savoir ? »

En vrai, je n'en sais rien. Je le reluque, analyse chaque centimètre de son visage comme pour  déceler des indices et lui me fait un petit sourire. La situation devenant trop gênante à mon goût, je préfère reprendre mon boulot.

« Alors ? »

« Laissez tomber. »

« Okay, je vais t'aider. Je m'appelle Dominique EBARA, j'ai 32 ans et... Je pense que c'est tout. »

« Qu'est-ce que vous faites ici, exactement ? »

Soudainement, la porte s'ouvre et le DRH fait une sorte de réprimande à Dominique quant à sa "disparition". Ceci sous-entend qu'ils travaillent ensemble. Mais en repensant à ma convocation de la veille, je me dis qu'ils sont égaux. Ou presque.

« Excuse-moi de prendre le temps de respirer, Vianney. » 

« Je te comprends mais ta façon de t'y prendre laisse à désirer. Allez viens, ils t'attendent dans ton bureau. »

Le pauvre arbore une mine boudeuse et se lève à contrecoeur pour rejoindre le DRH à la sortie. Mais avant de partir, il me dit : « Au revoir, mon amie. »

Je ne comprends pas ce qui se passe. J'ai l'impression de ressentir de la peine pour lui. J'aimerais l'aider et lui accorder le repos. Je pense qu'il fait le clown avec moi pour décompresser après un long travail acharné. J'aimerais tant lui être utile.

Bref, il faut que je termine ma tâche. Plus que 3 heures avant la fin du service puis le début d'un autre.

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