Chapitre 10 – Rêves

Un autre loup-garou étrange était apparu. Cordélia avait beaucoup à rechercher et très peu de temps.

Elle poussa un soupir fatigué en entrant dans son bureau. Mais elle ne s’attendait pas à la visite qui s’y trouvait.

— Verena Ramesses, à quoi dois-je le plaisir de votre visite ?

Cordélia s’assit dans son fauteuil bleu clair et attendit patiemment que l’autre femme réponde. La plupart avaient peur d’elle, mais jamais ce ne serait son cas.

Cordélia n’osa pas mentionner les attaques, mais connaissant la femme aux longs cheveux bruns, Verena devait déjà savoir.

— Je suis venue voir comment va mon fils et aussi, bien sûr… en savoir plus sur les récentes attaques et si elles ont un lien avec la nouvelle élève de votre collège.

La femme mit l’accent sur le mot votre.

— De quelle élève parlez-vous ? Beaucoup sont arrivées cette année.

Verena esquissa un sourire narquois :

— Sera Abrams, ou devrais-je dire Sera Cohen.

Cordélia devint inquiète :

— Sera est protégée ici. Si vous le souhaitez, je peux expulser votre fils dès maintenant, madame Ramesses.

Verena sourit :

— Je ne suis pas comme mon mari, Cordélia. Je ne souhaite pas la fin de cette fille mais sa protection. Après tout, rien qu’en la regardant, je sais déjà qu’elle est l’oméga de mon fils.

Cordélia pensa que cela avait du sens, car Karim s’était rapproché de Sera même s’il semblait ne pas tant l’aimer que ça.

— Que voulez-vous alors, Verena ?

— Simplement aider dans la recherche. Lorsqu’une malédiction commence, nous ne pouvons pas interférer avec les impliqués.

— Et vous croyez que la réponse viendra d’elle-même ?

— Elle vient toujours, de la meilleure ou de la pire manière. — Verena rit.

Sera se trouvait dans une forêt sombre, elle entendait des hurlements terrifiants et des pas de tous côtés. Jusqu’à ce que cette ombre énorme et grotesque apparaisse à nouveau et dise :

— Le dernier clan est ici, le clan qui m’a tant blessé, celui qui m’a abandonné. L’enfant de cette femme est là. Et d’après ce que je sens, elle ne peut même pas crier. — dit la créature, en riant.

Sera courut, mais cela ne servit à rien. La voix continuait à résonner dans son esprit :

— Fille de cette femme si douce, c’est pour cela que je te hais. Ta petite, meurtrière.

Et l’écho continua de couler :

— Meurtrière, meurtrière, meurtrière…

— Tais-toi. Ce n’était pas ma faute. Il m’a abusée pendant des années, c’était la seule manière de me défendre.

— Mais tu as aimé, n’est-ce pas ? N’as-tu pas ressenti un soulagement ?

Sera ne répondit pas.

— Dis la vérité, meurtrière. — La créature s’approcha d’elle avec son absence d’yeux et ses dents acérées.

Sera se réveilla sans crier, seulement avec la peur présente dans sa poitrine. Elle haletait en essayant de digérer son rêve.

Pourquoi devait-elle passer par quelque chose d’aussi horrible ? Était-ce une erreur d’avoir mis fin à son tourment de tant d’années ?

Elle regarda autour d’elle, cherchant Kyria, mais son amie n’était nulle part. Où était-elle allée ? Eh bien, Sera pensa qu’elle méritait un moment pour elle-même, après avoir pris soin d’elle tout ce temps.

Kyria marchait rapidement pour remettre des papiers à la directrice. Mais, comme elle était maladroite, elle dut évidemment bousculer quelqu’un.

Cependant, elle ne tomba pas au sol. La personne la retint par la main et la rapprocha d’elle :

— Hé, ça va ?

Kyria rougit légèrement en voyant Nayssa devant elle. Elle n’aurait jamais pensé rencontrer la demoiselle solitaire en personne.

— Oui… pardon, — dit Kyria en se reprenant et en détournant vite le regard de ces yeux malins.

Kyria se pencha pour ramasser les papiers tombés, mais Nayssa l’aida et sourit en le faisant.

— Excuse-moi de t’avoir dérangée. Tu n’as pas besoin de m’aider, tu sais.

— Bien sûr que si. C’est si rapide. — Nayssa rit. — Après tout, j’étais distraite et c’est moi qui t’ai bousculée.

Kyria savait que c’était elle-même qui était distraite et que la faute lui revenait, mais Nayssa était simplement polie.

Elles terminèrent de ramasser les papiers et Kyria s’apprêta à partir pour le bureau de la directrice. Mais Nayssa lui retint la main encore une fois :

— Je suis désolée, tu es la meilleure amie de mon frère, n’est-ce pas ? Je voulais lui faire une surprise, tu pourrais m’aider ?

Kyria ne comprenait rien, mais accepta quand même.

— Très bien, c’est bon de pouvoir compter sur de l’aide. Merci, jolie fille. On se revoit, — dit Nayssa en lui adressant un clin d’œil, laissant l’autre rougir comme une tomate.

Sera était soulagée de ne pas être en retard à son premier jour de cours.

— Sera. Attends. — Elle entendit Kyria l’appeler.

Son amie paraissait fatiguée et gênée par quelque chose. Mais Sera ne demanda rien.

Elle sourit et elles allèrent ensemble au cours de la professeure Euler. Elle se sentit bien de savoir que c’était quelqu’un de connu.

En entrant dans la salle, tous s’assirent et Euler appela Sera à se présenter devant tout le monde. Les regards se tournèrent aussitôt vers elle, y compris celui de Karim.

— Bonjour. Je m’appelle Sera Abrams. J’espère que nous pourrons être amis. Je ne peux pas parler, c’est pourquoi j’utilise ce carnet pour communiquer. Mais vous pouvez me parler normalement.

Elle courut s’asseoir près de Kyria, évitant les regards de ceux qui la connaissaient déjà comme « la folle qui avait été attaquée ».

Le cours se déroula normalement, mais Sera ne pouvait s’empêcher de sentir les regards posés sur elle.

À la fin du cours, elle se leva en discutant avec Kyria, jusqu’à ce que quelqu’un se mette devant elle.

— Salut, ça va ? Je m’appelle Park Jae-Hyun, enchanté. Je suis aussi nouveau. Je suis arrivé un peu en retard.

— Enchantée, Jae-Hyun. Je suis Sera. J’espère que nous pourrons mieux nous connaître.

Jae-Hyun sourit. Ils continuèrent à parler. Sera appréciait sa politesse et le fait qu’il ne semblait pas se soucier de sa manière de communiquer ni de son écharpe.

— Hé, ce n’est pas le moment de bavarder. Le prochain cours va bientôt commencer. — Karim se mit devant eux.

Jusqu’à ce que quelqu’un pousse Sera et tire sur son écharpe. Karim glissa et tomba sur elle, couvrant sa cicatrice.

Mais il vit alors les marques qu’elle essayait tant de cacher.

Et les larmes commencèrent à couler de son visage. Son écharpe tomba et elle la remit rapidement.

Elle se leva et s’enfuit, humiliée.