Chapitre 4

« Nina ! »

Morgan a crié d'horreur et s'est précipité au bord de mon lit.

Même Lucas a écarquillé les yeux, choqué, sa main tendue instinctivement pour stabiliser mon corps qui vacillait.

Derrière nous, Lydia a soudain laissé échapper un sanglot dramatique.

« Nina, pourquoi as-tu caché des sachets de sang dans ta bouche pour nous tromper ? Est-ce parce que tu ne veux pas m'aider ? »

Morgan s'est retourné d'un coup, la voix sombre.

« Qu'as-tu dit ? »

Lydia a cligné des yeux nerveusement, expliquant d'une voix hésitante :

« Je t'ai entendu au téléphone hier. Nina a dit… qu'aujourd'hui, elle devrait simuler des blessures pour vous faire plaindre. Elle a aussi dit qu'elle avait caché des sachets de sang sur elle quand elle a fait semblant de se suicider, que ça aurait l'air effrayant quand ils éclateraient. Je n'y croyais pas au début, mais… »

Avant qu'elle ne termine, Morgan l'a interrompue, furieux, et m'a lancé :

« Tu trouves ça drôle ? Une femme au cœur si malfaisant, tu oses encore réclamer de l'amour ? Tu ne vaux pas la moindre étincelle face à Lydia ! »

La main que Lucas avait tendue s'est figée en l'air.

La lueur de panique dans ses yeux a vite été remplacée par un dégoût et un mépris plus profond.

« J'aurais dû m'en douter. Rien n'est trop bas pour toi. Nina, écoute bien — rien de ce que tu diras désormais ne méritera jamais d'être cru ! »

La douleur et le désespoir qui tourmentaient ma poitrine se sont calmés étrangement à cet instant.

Je les ai regardés, observant le léger sourire triomphant de Lydia sous son masque d'inquiétude, et j'ai réalisé soudain que toute dispute était vaine.

J'ai levé la main et j'ai essuyé lentement le sang de mes lèvres, ma voix parfaitement neutre.

« J'accepte de donner mon rein. »

Puis j'ai appelé silencieusement la Déesse Lune dans mon cœur.

[Déesse, si je meurs pendant l'opération, cela comptera-t-il comme une mort accidentelle ?]

Le soupir de la déesse a résonné dans mon esprit.

[Oui.]

J'ai laissé échapper un souffle que je ne savais pas retenir.

C'était tout ce qu'il me fallait.

Parce que je venais de penser à ma troisième cible.

Diego.

Il était le guérisseur le plus talentueux de tout le monde des loups-garous.

Vu l'importance qu'ils accordaient à Lydia, le chirurgien de cette transplantation serait sans aucun doute Diego.

Une pensée sombre m'a traversé l'esprit.

Et si Diego découvrait que la fille avec laquelle il avait grandi était morte sur sa table d'opération ? Serait-il rongé par un regret si profond qu'il ne pourrait plus jamais reprendre un scalpel ?

Encore une fois, au vu de ses sentiments actuels envers moi, il applaudirait peut-être simplement ma mort.

Je ne comprenais pas.

Je pouvais accepter la haine de Morgan et de Lucas, mais pourquoi Diego devait-il me mépriser aussi ?

Son indice d'affection était même plus bas que celui des deux autres.

Avant mon retour à la Meute du Bois-de-Fer, il me chérissait plus que sa propre vie.

Il était devenu guérisseur parce qu'un jour, j'avais accidentellement ingéré du poison à l'argent et avais frôlé la mort.

Diego avait bravé tous les dangers pour trouver l'antidote. Ses larmes brûlantes avaient coulé sur moi tandis qu'il suppliait la Déesse Lune d'échanger sa vie contre la mienne.

Après mon rétablissement, il avait décidé de devenir guérisseur — pour ne plus jamais se sentir impuissant face à ma souffrance.

Après mon retour, ses sentiments envers moi n'avaient pas changé.

En réalité, il n'hésitait pas à s'opposer à Morgan et Lucas pour me défendre.

Mais après que j'ai donné mon rein à Lucas, quelque chose avait basculé.

À mon réveil de l'opération, la chaleur avait disparu de son regard.

J'avais dépensé les trente mille euros de mes dernières économies pour l'aider, mais il était resté aveugle à cela, croyant que c'était Lydia qui les lui avait offerts.

Ce n'est que lorsque Lydia s'était vantée devant moi que j'avais appris que Diego avait besoin d'argent de toute urgence pour sauver la vie d'un patient.

Étant la fille biologique de l'Alpha, il pensait que je pouvais facilement lui en prêter.

Son projet ne le paierait que dans un mois, alors il espérait que je pourrais l'aider — même s'il me rembourserait plus tard.

Mais j'étais dans le coma.

Désespéré, Diego s'était tourné vers Lydia.

Elle avait accepté volontiers mais s'était moquée de lui dans son dos, le traitant de naïf.

« Si elle ne me supporte pas, pourquoi m'aiderait-elle ? »

Pourtant, le lendemain, je m'étais réveillée.

Voyant la détresse de Diego, je lui avais transféré l'argent sans hésiter.

Il avait cru à tort qu'il venait de Lydia et avait perdu toute foi en moi.

Et Lydia, quand Diego l'avait remerciée, avait prétendu en être à l'origine.

À présent, Morgan et Lucas semblaient surpris par mon soudain accord.

« Que ce soit sérieux. Si tu essaies quoi que ce soit pendant l'opération, tu connais les conséquences ! »

J'ai baissé les cils, dissimulant toute émotion dans mon regard.

« Je ne le ferai pas. Ne vous inquiétez pas. Mais quand l'opération sera terminée, pourriez-vous attendre dans ma chambre ? J'ai quelque chose pour vous. »

Morgan m'a jeté un regard étrange mais a grogné simplement en signe d'acquiescement.

Il devait penser que c'était un autre cadeau que j'avais préparé pour lui plaire.

Avant de partir, Lydia est restée en retrait, attendant qu'ils soient seuls.

Elle a murmuré d'une voix que seule je pouvais entendre :

« Tu vois ? Morgan, Lucas, même ton rein… tout sera à moi. Qu'est-ce qui te fait croire que tu es assez bien pour prendre ce qui est mien ? Meurs donc, salpe ! »

Pour éviter tout retard, ils ont programmé l'opération pour le lendemain, malgré mon corps encore affaibli.

Les lumières froides et crues du plafond se sont allumées.

Diego est entré, vêtu de sa tenue chirurgicale.

L'anesthésie a rapidement fait effet.

Dans mon état second, j'ai repensé à la fois où il avait transplanté mon rein à Lucas.

Maintenant, c'était lui qui allait me prendre l'autre rein.

Une opération comme celle-ci ne requérait pas toute son attention.

Alors qu'il retirait l'organe, il pensait déjà à comment se rattraper auprès de Lydia après, une intervention de cette ampleur étant éprouvante.

Quant à moi…

Il a réfléchi.

Puisque je donnais volontairement un rein à Lydia, peut-être pourrait-il me pardonner dans son cœur.

Si je promettais de ne plus jamais nuire à Lydia de ma vie, il serait bon avec moi.

Après tout, nous avions grandi ensemble. Même si je m'étais dévoyée ces dernières années, ce n'était pas grave. Avec le temps, il pourrait m'aider à redevenir bonne.

C'est alors que l'assistant, qui surveillait les appareils depuis le début, a pâli soudainement après que Diego a retiré l'organe.

D'une voix tremblante, il a crié :

« Diego, arrête ! On ne peut pas prendre ce rein — il ne lui en reste qu'un ! »