Chapitre 7

(Point de vue d’Olivia)

Au moment où ses lèvres se sont posées sur moi, j’ai su qui m’avait attrapée. Ethan Stone. Mon compagnon. Mon bourreau.

Ma peur initiale s’est transformée en une détermination glaciale. J’ai poussé contre sa poitrine de toutes mes forces.

« Ethan Stone, laisse-moi partir... Tu n’as aucun droit ! », ai-je sifflé, me débattant contre sa puissante poigne.

Dans la faible lumière du SUV, ses yeux ambrés ont étincelé dangereusement. Son aura d’Alpha dominant a déferlé en vagues, asphyxiant l’espace étroit entre nous.

« Aucun droit ? », a-t-il grogné, son visage à quelques centimètres du mien. « Tu es toujours ma compagne, Olivia. Ou as-tu oublié ? »

Je me suis détournée de lui, me collant contre la portière. « Nous en avons fini, Ethan. Je l’ai dit clairement. »

Son rire cruel a résonné, totalement dépourvu d’humour. « C’est pour ça que tu rencontres Victoria ? Pour discuter de l’état de notre relation ? »

« C’est elle qui m’a invitée », ai-je craché. « Pour exhiber tes vêtements et les marques que tu as laissées sur son cou. »

Le visage d’Ethan s’est crispé. Il a tendu le bras et m’a pris le menton, m’obligeant à le regarder.

« Tu as du culot », a-t-il dit, d’une voix dangereusement douce. « Après ce que tu as fait il y a cinq ans. »

Son accusation m’a fait l’effet d’un coup de poing dans le ventre. « Je ne t’ai pas drogué ! Combien de fois dois-je le répéter ? »

Ses yeux se sont plissés, l’incrédulité se dessinant sur ses beaux traits. « Alors explique-moi comment je me suis retrouvé dans ton lit cette nuit-là ».

« Je l’ai expliqué un millier de fois », ai-je répondu, la fatigue teintant ma voix. « Tu étais déjà drogué quand je t’ai trouvé. »

Ethan a resserré sa prise sur ma mâchoire, ce qui m’a fait souffrir. « Mais tu en as quand même profité. »

J’ai écarté mon visage de sa main. « Victoria sait que c’est fini. Pourquoi ne peux-tu pas l’accepter aussi ? Ou est-ce que ma douleur ne signifie pas grand-chose pour toi ? »

Quelque chose a brillé dans ses yeux - de l’incertitude, peut-être. Mais elle a disparu aussi vite qu’elle était apparue.

« Tu joues toujours le même jeu qu’il y a cinq ans », a-t-il dit froidement. « Tu fais l’innocente, tu prétends être la victime. »

Ma respiration s’est bloquée, une douleur familière transperçant mon cœur. Le souvenir de cette nuit s’est imposé à moi sans crier gare - Ethan titubant dans mon appartement, le regard vitreux, les gestes désordonnés.

« Je ne t’ai pas drogué », ai-je chuchoté, les mots sonnant creux après des années de répétitions.

Je me suis souvenue de l’avoir trouvé devant la porte, presque inconscient. J’aurais pu le laisser là, j’aurais probablement dû.

Mais je n’avais pas pu. Mon cœur me l’avait interdit.

Je l’avais aidé à entrer, lui avais donné de l’eau, avais tenté de le dégriser. Quand il s’était effondré sur mon lit, j’avais dormi sur le canapé.

Mais le lendemain matin, ça avait apporté des accusations, pas de la gratitude. Victoria avait réussi à le convaincre que je l’avais drogué, séduit.

La vérité n’avait pas d’importance. Elle n’en avait jamais.

« Qu’est-ce que tu veux, Ethan ? », ai-je demandé, soudain trop fatiguée pour argumenter. « Pourquoi fais-tu cela ? »

Il a reniflé, son expression s’est figée. « C’est toi qui joues, Olivia. Rencontrer Victoria, défier mon autorité. »

« Je ne joue pas... »

Son téléphone a sonné, me coupant la parole. Le nom de Victoria s’est affiché sur l’écran.

Ethan a hésité, ses yeux toujours fixés sur les miens. La distraction momentanée était tout ce dont j’avais besoin.

J’ai levé mon genou avec force et je l’ai heurté de plein fouet à l’aine. Ethan s’est effondré en poussant un grognement de douleur, et sa poigne s’est relâchée.

Je me suis précipitée pour attraper la poignée de la porte et je l’ai poussée, trébuchant jusqu’au parking. Mon cœur battait la chamade tandis que je courais jusqu’à ma voiture et que je cherchais les clés à tâtons.

Une fois à l’intérieur, j’ai verrouillé les portes. Mes mains tremblaient tellement que j’ai eu du mal à démarrer le moteur. Les larmes ont brouillé ma vision lorsque j’ai quitté la place de parking en marche arrière, manquant de heurter un pilier en béton.

J’ai aperçu Ethan qui sortait de son véhicule, le visage crispé par la rage et la douleur. Nos regards se sont croisés brièvement avant que je n’accélère vers la sortie.

Les pneus ont crissé contre le béton tandis que je m’éloignais à toute vitesse. Ma respiration était courte et douloureuse.

Pourquoi ne pouvait-il pas me croire ? Après toutes ces années, la même accusation me hantait encore.

J’ai regardé dans mon rétroviseur, m’attendant à voir son SUV noir à mes trousses. Rien. Seulement la route déserte derrière moi.

Un soulagement m’a submergée, immédiatement suivi d’une tristesse écrasante. Comment en étions-nous arrivés là ?

Autrefois, Ethan m’avait regardée avec amour. Maintenant, il n’y avait que suspicion et méprise.

J’ai essuyé mes larmes d’une main tremblante. Je devais me concentrer sur la conduite, pas sur notre relation rompue.

La route s’est brouillée devant moi. Je me suis arrêtée, incapable de continuer.

Mon téléphone a bourdonné d’un message. Je m’attendais à ce que ce soit Ethan, mais je n’avais pas réalisé qu’il s’agissait de l’aînée Willow qui me demandait si j’étais bien rentrée.

J’ai envoyé une réponse rapide, ne voulant pas l’inquiéter. Comment aurais-je pu expliquer ce qui venait de se passer ?

Après avoir pris plusieurs profondes respirations, je me suis ressaisie. Je ne pouvais pas m’effondrer à présent. Lily avait besoin que je sois forte.

La pensée de ma fille m’a stabilisée. Je remporterais ce concours pour elle. Rien d’autre ne comptait.

Avec une détermination renouvelée, je me suis engagée sur la route. Ethan Stone ne me briserait plus jamais.

(Point de vue d’Ethan)

J’ai regardé la voiture d’Olivia s’éloigner, la douleur entre mes jambes s’atténuant peu à peu. Avec un calme calculé, j’ai marché jusqu’au Café du Clair de Lune et je me suis assis près de la fenêtre.

J’ai sorti une cigarette, l’ai allumée avec l’habituelle facilité. J’ai tiré une grande bouffée sur la cigarette et la fumée s’est enroulée, masquant la vue des passants curieux.

Mon téléphone continuait de sonner. Le nom de Victoria clignotait en permanence sur l’écran.

« Qu’est-ce qu’il y a ? », ai-je finalement répondu, d’une voix faussement détendue.

« Ethan ? » La voix inquiète de Victoria a empli mon oreille. « Tu vas bien ? Tu as l’air bizarre. »

J’ai tiré une autre bouffée, en regardant dans la direction où Olivia avait disparu. « Je vais bien. »

« Tu n’as pas l’air d’aller bien », a-t-elle insisté. « Où es-tu ? »

« Au Café du Clair de Lune », ai-je répondu en jetant les cendres de ma cigarette dans le plateau à côté de moi.

Il y avait un silence à l’autre bout de la ligne pendant quelques instants. « Tu étais avec elle ? », a demandé Victoria, la voix soudainement tendue.

Je n’avais pas besoin de demander de qui elle parlait. « En quoi cela te concerne ? »

La respiration de Victoria s’est arrêtée. « Tu étais avec elle, n’est-ce pas ? Avec Olivia. »

Il y a une heure, j’avais renvoyé Victoria à Rosewood Haven. Elle avait été collante, exigeante, suppliant que je reste encore.

J’avais refusé froidement, ayant besoin d’espace pour réfléchir. Mon esprit était rempli de pensées contradictoires à propos d’Olivia.

Maintenant, la voix de Victoria tremblait d’une jalousie à peine dissimulée. « Je suis désolée pour le café, Ethan. Je ne voulais pas causer d’ennuis. »

« Vraiment ? », ai-je demandé, ma voix s’est durcie.

« Non ! Je le jure », a-t-elle insisté. « J’étais juste inquiète pour Emmy. Tu sais à quel point elle est sensible aux... changements. »

Je suis resté silencieux, tirant encore une nouvelle bouffée de ma cigarette. Le goût amer correspondait à mon humeur.

Victoria mentionnait toujours Emma lorsqu’elle voulait me manipuler. La fillette me menait par le bout du nez, et elle le savait.

« Ethan, s’il te plaît », a poursuivi Victoria en adoptant ce ton vulnérable auquel elle savait que je ne pouvais pas résister. « Je veux juste ce qu’il y a de mieux pour Emma. Pour nous tous. »

J’ai fermé les yeux, l’image du visage rebelle d’Olivia étant toujours présente dans mon esprit. La douleur dans ses yeux émeraude me hantait.

« Je sais », ai-je finalement dit, ma voix s’adoucissant malgré moi. « Nous en reparlerons plus tard. »

J’ai mis fin à l’appel et j’ai regardé la rue vide par la fenêtre. Quelque chose dans les dénégations d’Olivia m’avait paru sincère.

La douleur dans son regard quand j’avais mentionné cette nuit d’il y a cinq ans semblait trop crue, trop réelle pour être feinte.

J’ai secoué la tête, rejetant l’idée. Victoria m’avait tout expliqué à l’époque.

Comment Olivia avait comploté pour nous séparer, pour me piéger dans une relation. Comment elle m’avait drogué mon verre à la fête.

Cependant, le doute s'est installé dans mon esprit. Victoria aurait-elle pu mentir ?

Non. Elle ne m’aurait jamais fait ça.

« Monsieur ? Voulez-vous commander ? » Une serveuse s’est approchée nerveusement de ma table.

Je lui ai fait signe de s’éloigner et j’ai éteint ma cigarette. Le souvenir du parfum d’Olivia - fleurs sauvages et pluie - persistait dans mes narines, éveillant quelque chose de primal chez mon loup.

Noah a grogné en moi, troublé par ces émotions contradictoires. Il reconnaissait l’odeur de notre compagne, voulait la poursuivre, la posséder.

Mais le parfum de lavande de Victoria s’accrochait à mes vêtements, me rappelant les promesses que j’avais faites à Emma et à elle. La fillette qui m’appelait « papa », même si nous n’étions pas de la même famille.

J’en ai allumé une autre, laissant la fumée emplir mes poumons. La sensation de brûlure me détournait de l’agitation intérieure.

Le visage d’Olivia m’est revenu à l’esprit. Son expression à l’hôpital, suppliant que je croie à la mort de Lily.

J’avais refusé de l’accepter. Notre fille ne pouvait pas être morte. Olivia la cachait, me punissant pour ma proximité avec Victoria.

Mais si... ?

Non. J’ai étouffé la pensée avant qu’elle ne s’ancre.

Le café était devenu plus silencieux à mesure que l’après-midi s’étirait vers le soir. Je me suis assis seul, la tasse vide devant moi étant le témoin silencieux de ma lutte intérieure.

Au coucher du soleil, le café est devenu plus silencieux. Je suis resté seul, ma tasse vide, témoin silencieux de mes tourments.

Après avoir fini ma cigarette, je suis remonté dans la voiture, me dirigeant vers la maison de Victoria.