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CHAPITRE 3

Author: Branche Flamboyante
Élodie, habillée de noir, tenait une urne funéraire dans ses bras, le visage rempli de tristesse.

Julien était à ses côtés, en train de diriger trois gardes du corps pour creuser la tombe vide à gauche de celle de ma mère.

Ils avaient le dos tourné, ne m'avaient pas vue approcher.

Très vite, un trou profond est apparu.

Élodie s'est penchée, a déposé l'urne et a sangloté :

« Ouin, mon petit Ballon… maman t'a enfin trouvé une tombe. »

Ballon ? Une urne ? Un enterrement ?

Ma tête s'est mise à bourdonner. En quelques pas, je me suis approchée et je l'ai giflée :

« Élodie ! Qui t'a permis de toucher à cette tombe ? »

« Moi… » Elle m'a regardée, surprise et pleine de larmes, comme si ma présence était inimaginable.

J'ai serré les dents et je l'ai giflée encore plus fort :

« Tout de suite ! Enlève cette urne, maintenant ! »

Je ne perdais presque jamais mon sang-froid.

Le jour où j'avais enterré ma mère, j'avais payé une fortune pour acheter les deux emplacements vides à ses côtés : l'un pour mon père, l'autre pour moi.

C'était son dernier vœu : que nous soyons réunis tous les trois.

Et maintenant, Élodie osait y enterrer… un chien.

Rouge et tremblante, elle s'est collée contre Julien, pleurnichant :

« Julien… elle m'a frappée… »

Ses yeux sombres ont vacillé : il ne s'attendait pas à me voir là.

Il a reculé de deux pas, s'écartant d'elle.

« Chérie, calme-toi. Je peux tout expliquer. »

Il a tendu les bras vers moi, mais Élodie s'est interposée.

Son visage s'est assombri.

Elle a levé vers lui ses joues gonflées, l'air pitoyable, et il a ravalé ses reproches.

« Écoute-moi, » dit-il. « Je peux expliquer. »

Je l'ai fixé froidement. Cet homme m'était devenu étranger.

« Je ne veux rien entendre. Qu'elle retire cette urne, immédiatement ! »

Julien a soupiré :

« Elle n'a pas voulu mal faire. Elle a consulté un maître. Il lui a dit que l'endroit était favorable, que cela aiderait son chien à se réincarner. »

« Elle voulait juste qu'il ait une meilleure vie prochaine. Elle m'a promis de ne pas mettre de pierre tombale. Et d'après le maître, ça ne gênera pas l'enterrement futur. On peut faire comme ça, non ? »

Je tremblais de rage.

« Non ! Cette urne doit disparaître ! »

« Tu sais bien que ma mère avait une peur bleue des chiens ! Si tu laisses son chien ici, on divorce immédiatement ! Ma mère n'aurait jamais accepté un gendre comme toi ! Et n'oublie pas que ma mère t'a traité avec bonté de son vivant ! »

C'était la première fois que je prononçais ce mot « Divorce ». Le visage de Julien s'est durci.

« Chérie… »

Élodie a éclaté en sanglots :

« Camille, Julien m'a parlé de toi. Mais à ton âge, tu pourrais être moins mesquine, non ? Je comprends que tu sois contrariée, mais pour une si petite chose… Pourquoi en faire un drame ? »

« Si tu veux crier, crie sur moi. Je veux juste protéger Julien. »

Mon regard s'est glacé.

« Tu veux que je crie sur toi ? Très bien. »

Je lui ai saisi les cheveux, l'ai traînée jusqu'au trou.

D'un coup de pied, je l'ai forcée à s'agenouiller.

Elle s'est mise à pleurer encore plus fort, tremblante et pitoyable.

Sans ciller, j'ai lancé :

« Maintenant, tu reprends ton urne, et tu vas t'excuser à genoux devant la tombe de ma mère. Sinon, je déchire ton visage de petite maîtresse hypocrite ! »

Élodie a ramassé l'urne, les larmes aux yeux, et a cherché du regard Julien.

Son visage s'est assombri d'un coup :

« Ça suffit. Le chien n'a même pas été enterré. La forcer à s'agenouiller devant ta mère, c'est trop. »

Mon cœur a cogné dans ma poitrine.

« Trop ? Qui commence, au juste ? Il y a des centaines de cimetières dans cette ville. Pourquoi celui-ci ? Elle aurait soi-disant trouvé un maître pour dire que l'endroit est propice ? Elle n'a qu'un seul but : troubler le repos de ma mère ! »

« Camille, » a gémi Élodie. « Ne gronde pas Julien, je vais m'agenouiller. »

Julien l'a arrêtée, a pris l'urne dans ses bras et a dit tendrement :

« Non. Pas besoin. Je vais t'emmener enterrer Ballon ailleurs. »

Ils sont partis, côte à côte.

Et moi, je suis restée seule, immobile.

Comme si, depuis le début, la coupable… c'était moi.

J'ai esquissé un rire amer. Puis j'ai ordonné aux gardes de reboucher le trou.

Soudain, mon regard s'est figé à droite de la tombe de ma mère.

Le terrain vide que j'avais acheté à prix d'or. Je ne sais pas quand il a été remplacé par une nouvelle pierre tombale…
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