Tony Deslords
Je savais qu'un jour arriverait où je devrais apprendre à Sébastien son histoire. Alors je commençais mon récit.
"Un soir de pleine lune, je courais à la tête de notre meute, à travers notre forêt". Nous avions l'habitude de courir une fois par mois tous ensemble sous la pleine lune, pour nous stimuler et nous préparer à la course du destin qui avait lieu une fois par année.
"Alors que la meute se dispersait entre les arbres, mes pas me menaient vers la clairière. C'est là que j'ai entendu un bruit. Je ne savais pas encore ce que c'était, jusqu'à ce que je sois assez prêt. Là, dans un tronc, enveloppé dans une petite couverture se trouvait un bébé endormi. A sa taille, il s'agissait d'un nouveau-né. Il venait sûrement d'être allaité parce-qu'il avait l'air rassasié.
Je ne pouvais pas laisser un bébé seul dans les bois, il n'aurait jamais survécu ! Alors je l'ai pris dans mes bras avec l'intention de le ramener chez nous. Il m'a tout de suite rappelé Lucas et Emma. Je ne comprenais pas comment on avait pu faire ça, abandonner un être sans défense comme ça... Puis, j'ai entendu un bruit autour de moi, quelque-chose derrière les arbres se rapprocher. Au moment de me retourner, j'ai vu ce lycan me fixer du regard. J'avais déjà vu le prince et notre roi se transformer donc je savais ce que c'était. Ce lycan se transforma en humain et à ma grande surprise, la princesse Emeline apparaissait devant moi."
(Flashback - 18 ans auparavant)
Tony Deslords - 29 ans
"Princesse ?" J'avertis mon regard de son corps nu et fit une révérence. La princesse Emeline était la petite soeur du prince Cyrus, la fille de notre roi Sven. Je l'avais déjà apperçue à plusieurs reprises, notament un soir de bal au palais, donné à l'occasion de la course du destin.
"Qui êtes-vous ? Nous nous sommes déjà rencontrés n'est-ce pas ? me demandait la princesse.
"Oui Princesse. Lors du bal que Sa Majesté avait donné à l'occasion de la course du destin il y a de cela plusieurs années... A qui est ce bébé?
"Pourquoi ? Que comptez-vous faire de ce bébé ?" me demande-t-elle d'un air inquiet.
"Je comptais le ramener chez moi, cet enfant a besoin d'être nourri, choyé et surtout aimé... Ma Luna et moi avons déjà deux enfants alors il sera entouré." La princesse adoucit son regard mais je remarquai une profonde tristesse dans ses yeux.
"Pardonnez mon audace, mais avez-vous un lien avec cet enfant ?" je lui demandais sans passer par quatre chemins.
La princesse Emeline avait vingt ans et n'était pas encore mariée. Elle avait disparue pendant deux longues années et venait d'être retrouvée. Tout le royaume était à sa recherche. Elle fut kidnappée par un des généraux du Riom qui avait formenté un putsch pour renverser le roi Andrassyne. Son plan était de devenir roi et d'imprégner une princesse afin d'avoir des héritiers de sang royal. Le Riom était le royaume des dragons, avec lequel on ne se mélangeait pas. Nous n'étions pas en conflit et ne formions pas d'alliance, mais il y avait un accord implicite de non-agression. Notre roi avait envoyé un groupe d'hommes dans les montagnes du Riom afin de retrouver la princesse. Le prince Cyrus était à la tête de ce groupe, et j'en fis également partie. Le roi Andrassyne eut également écho de cette histoire et envoya de même des hommes à la recherche de la princesse. Ses fils, les prince Nolas et Kendras, en faisaient partie. Et ce fut le Prince Nolas qui la retrouva et nous la ramena aux frontières du royaume, dans les montagnes périlleuses du Riom.
"Quel est votre nom Alpha ?"
"Je m'appelle Tony, Altesse. Je suis l'Alpha de la meute de la Lune d'argent. Nous possédons cette forêt."
"Tony Deslords, le vaillant alpha. L'alpha qui sauva la vie de Sa Majesté mon frère lors de son périple dans les montagnes de la vallée du Riom pour me sauver."
"Je n'ai fait que ce que n'importe qui aurait fait pour Sa Majesté, Altesse. Et si le prince Nolas ne vous avait pas retrouvée et ramenée à nous, je ne sais pas comment cela aurait fini. Mais soyez assurée que j'aurais donné ma vie pour Sa Majesté et sa famille." lui dis-je en la regardant dans les yeux en prenant garde de ne pas abaisser mon regard.
"Vous êtes sage et loyal Alpha Tony, et surtout modeste. Mon frère aurait chuté dans le vide si vous ne l'aviez pas rattrapé. Je vous confie cet enfant. Prenez-soin de lui comme vous prendriez soin de vos propres petits !" et sur ces mots, malgré des larmes qui coulèrent sur ses joues, la princesse se retransforma en lycan et s'enfuit.
(Fin du flashback)
"Et ce bébé, c'était toi mon fils..." Je vis mon fils devenir pâle au fur et à mesure de mon récit.
"Mais... alors... je suis pas votre fils...?!"
"Ne dis jamais ça Sébastien ! Tu es notre fils, je ne t'ai peut-être pas mis au monde mais je t'ai allaité en même temps que ta soeur et je t'ai aimé tout autant ! Tu es notre fils et tu le seras toujours, alors ne redis jamais ça s'il te plaît !" rétorquai Line, les yeux plein de larmes et la voix tremblante.
"Maman, je... ne pleure pas s'il te plaît !"
"Sébastien... Je suis désolé. Je ne sais pas pourquoi tu as été abandonné mais il y a sûrement une raison qui concerne ta sécurité. Etant un lycan, tu fais forcément parti de la famille royale. Es-tu l'enfant de la princesse Emeline ou de notre roi, je ne le sais pas mais on le découvrira! Dans tous les cas, ta mère a raison. Tu es notre fils, même si nous ne partageons pas le même sang, tu restes notre enfant, autant que tes frères et soeurs !" je lui dis avec conviction, en mes serrant tous les deux dans mes bras.
SébastienJe bus avec avidité, comme si mes lèvres n’avaient pas touché l’eau depuis des jours — ce qui était sans doute le cas. Quelques minutes plus tard, la jolie dragonne revint, portant à la fois de quoi étancher ma soif et un bol de bouillon fumant. Je ne fus pas mécontent de pouvoir enfin avaler quelque chose, surtout après avoir respiré la bonne odeur du gibier et des épices qui mijotaient encore.Mon corps, encore engourdi par plusieurs jours d'inconscience, peinait à se mouvoir. Vénizia, attentive, se proposa de m’aider à manger. La scène avait quelque chose d’étrangement intime, mais ma faim prit le dessus sur ma gêne, et je me laissai faire. À chaque cuillerée qu’elle portait à mes lèvres, nos regards se croisaient en silence, lourds de sens. Alors, quand la voix de Roman interrompit notre échange muet, je lui en fus presque reconnaissant."Je n’voulais pas le croire tant que je ne l’avais pas vu de mes yeux ! Tu es bien réveillé…""Est-ce que je t’ai manqué ?" répliquai-j
SébastienLe noir. Tout autour de moi était plongé dans le noir. Je ne savais pas où j'étais, dans quel état, ni même ce que je faisais là. Aucun bruit ni aucune lumière ne m'entourait. J'étais plongé dans l'obscurité la plus totale. Est-ce que j'avais toujours ressenti ce silence ? Peut-être étais-je endormi ? Ou ...mort ?La dernière chose dont je me souvienne est la chute de l'assassin de mon frère dans le précipice... Et après, trou noir ! Peut-être qu'il fallait que j'ouvre les yeux et que je me lève pour pouvoir appercevoir la lumière à nouveau. Je ne savais même pas si j'étais allongé ou debout ! Mes yeux semblaient cligner malgré l'obscurité, ils étaient donc ouverts... Où étais-je ? Qu'est-ce que je faisais ici ?Soudain, un son léger, aigu, résonna dans l’immensité silencieuse, qui me fit me redresser aussitôt. Je suppose que je devais être assis maintenant. Une pointe de crainte m’envahit, vite remplacée par la curiosité. Après quelques secondes, le bruit revint, plus disti
Ella"Aaargh" "Ça va aller, mordez-ça !" ordonnai-je doucement à l'un des bléssés, dont une partie du dos avait été arrachée, laissant la peau déchirée et pendante. J’avais commencé à recoudre un côté après l’avoir repositionné, mais la plaie était si vaste que chaque point prenait de longues minutes, et son agonie semblait interminable. Je lui avais fait inhaler un anesthésiant, mais son effet était insuffisant face à l’ampleur de sa blessure.Je savais qu’un sédatif plus puissant aurait pu l’envelopper dans un sommeil artificiel, l’arrachant à sa douleur. Mais ces remèdes précieux devaient être réservés aux cas les plus désespérés : lorsque le corps devait être ouvert ou qu’un membre devait être amputé. Nous n’en possédions pas assez pour offrir ce répit à tous nos blessés.Une vingtaine de minutes plus tard, mes mains engourdies cessèrent enfin leurs gestes mécaniques. Le souffle court, je laissai tomber l’aiguille et le fil dans la bassine rougie par le sang."C’est terminé…" sou
EllaDes heures et des heures s'étaient écoulées depuis la terrible nouvelle qui m'avait brisée de l'intérieur. Je n'avais plus la notion du temps : nuit et jour se confondaient et filaient trop vite, beaucoup trop vite pour mon esprit engourdi. Je n'avais pas la force de me lever pour aider sur le camp, ni même pour manger. Il fallait pourtant que je me ressaisisse : les bruits qui venaient de l'extérieur indiquaient que les blessés n'en finissaient pas. La guerre avec le Zangar avait bel et bien commencé, et moi, je restais là, immobile, inutile.J'avais tant pleuré que je me sentais vidée. Je ne savais plus qui j'étais maintenant qu'une part de mon cœur avait disparu avec l'amour de ma vie. Mon âme semblait vide, elle-aussi ; j'errais dans un corps hanté par le souvenir de Sébastien. J'avais besoin d'avancer, mais j'ignorais comment rallumer la flamme qui s'éteignait peu à peu en moi.Était-il possible de se relever de cette douleur ? D'autres avant moi étaient passés par là, j'en
Rose-Anna(Flashback) "Où est-il... le messager ?" je demandai à Ytéris, les yeux fixés sur le visage endormi de ma meilleure amie."Il était avec Féras avant qu'Ella ne perde conscience. Il doit être dans une des tentes maintenant..." Je hochai la tête, en me redressant doucement."Reste auprès d'elle jusqu'à ce que je revienne. S'il te plaît.""Compte sur moi!" me dit mon ami, avant que je ne me précipite à l'extérieur, prête à interroger l'homme dragon sans attendre.J’aperçus Féras devant la tente secondaire et me précipitai vers lui :"Où est le messager ?""Dans cette tente, mais Rose…"Je m’étais déjà dirigée vers l’entrée lorsqu’il m’interpella, le regard grave. Je le fixai, silencieuse, attendant qu’il termine sa phrase."Il est dans un sale état. Quoi que tu veuilles lui demander, fais vite, et laisse-le se reposer."Ytéris n’était pas du genre à donner des ordres. Toujours souriant, prêt à charmer ou à plaisanter, il était rarement sérieux, sauf quand la situation l'exigea
Ella"Il faut manger Liam, où vous ne pourrez pas vous rétablir !" j'implorai le jeune guerrier, qui se força à sourire pour ne pas me peiner."J'ai perdu un bras Ella, je ne pourrai jamais retrouver la force que j'avais..." murmura-t-il, une pointe d’amertume dans la voix. Je comprenais sa désillusion et son aigreur. À sa place, je serais dévastée. Je savais combien sa vie allait changer, surtout lorsqu’il tenterait de se transformer."Liam-""Ella, s'il vous plaît, n'insistez pas." J'expirai dramatiquement, partagé entre respecter sa demande et le pousser dans ses retranchements. Je misai sur le premier et décidai de le laisser se reposer.Liam était un veuf de vingt-sept ans, ayant perdu sa compagne et sa petite fille dans un accident quelques années plus tôt. Ces quelques jours passés à soigner ses blessures nous avaient permis de discuter et de nous découvrir peu à peu. C’était un homme d’une gentillesse rare et d’un respect remarquable pour son âge. Comme Lucas, il faisait parti