Ma vengeance ou mon Amour

Chapitre 4 — Les Silences qui Crient

Soir — Hôpital

Dans la pénombre de la chambre 45, les machines respirent à la place d’Alex. Ses paupières closes, son torse à peine soulevé par les efforts de la respiration assistée. Des câbles partout. Des bips constants.

Eunice, assise près de lui, le visage ravagé de larmes, tient sa main glacée comme si elle pouvait l’ancrer à la vie.

À ses côtés, Isadora tente de rester forte.

— Maman, s’il te plaît… calme-toi.

Elle lui caresse le dos d’un geste doux.

— Alex va s’en sortir, il est fort. Le médecin a dit que la situation est sous contrôle. Attendons demain matin.

Mais Eunice ne veut rien entendre.

— C’est la troisième fois, Isadora… la troisième fois ce mois-ci que mon fils est la cible de balles !

Ses larmes recommencent à couler.

— À force, il ne tiendra plus. Il paie pour les fautes de son père…

Isadora se fige.

— Tu veux dire que… que papa serait responsable ? Que ce ne sont pas ses adversaires politiques ?

Eunice lui lance un regard amer.

— Tu crois encore à l’image parfaite de ton père ? Ce n’est pas de la politique. C’est de la vengeance. Des dettes du passé… des péchés qu’il refuse d’assumer.

Elle se tourne vers la porte.

— Et George ? Où est-il ? Son frère est entre la vie et la mort et monsieur préfère sa vie de cadre modèle ?

— Je vais l’appeler.

Isadora sort son téléphone et compose. Quelques secondes plus tard, une voix blasée décroche.

— Oui ?

— George. Tu es où ?

— Chez moi. Pourquoi ?

— Tu ne sais pas qu’Alex est à l’hôpital ?

— Si, je sais. Et alors ?

Isadora se crispe.

— Tu ne comptes pas venir ?

— C’est moi le chirurgien peut-être ? Vous êtes déjà là toutes les deux. À quoi je servirais de plus ?

Eunice attrape brutalement le téléphone.

— George, tu vas bien ?

— Très bien, maman. Et si c’est pour me faire des reproches, sache que pendant qu’Alex flirte avec les balles, moi je travaille pour sauver le nom de cette famille. Parce que c’est bien ça qu’il salit, tous les mois.

— Tu oses me parler comme ça ? À moi, ta mère ?

— Je suis avec ma copine. On verra demain si j’ai le temps de passer. Bonne nuit.

Il raccroche.

Eunice reste figée. Isadora se rapproche.

— Maman… calme-toi. Alex va s’en sortir. Il le faut.

Villa des GUERERO — Bureau d’Antonio

Antonio GUERERO, whisky en main, regarde fixement l’écran de son téléphone. La vidéo d’une jeune femme celle qui a sauvé son fils tourne en boucle. Son regard est froid, calculateur.

Un homme entre. Silencieux. Il s’assoit sans un mot.

— Je veux tout savoir sur cette fille.

Antonio tend le téléphone. L’homme visionne la vidéo.

— C’est elle qui a sauvé Alex ?

— Oui. Elle est entrée dans le feu avec lui. Je veux son nom, son passé, ses failles, ses secrets. Tout. Rien ne m’échappe, tu le sais.

— Compris. Et pour le commanditaire ?

— J’attends.

L’homme sourit, sûr de lui.

— La voiture qu’ils ont utilisée, c’est l’un de mes gars qui leur a vendue. Il m’a prévenu ce matin. J’ai déjà leurs visages. Je les ai fait coincer dès qu’on les a localisés.

Antonio hoche lentement la tête. Un rictus glacial traverse son visage.

— Bien. Tu sais ce qu’il te reste à faire.

— T’inquiète, Boss. Je gère.

— Tu peux disposer.

Il sort. Antonio termine son verre d’un trait, se lève et monte à l’étage. La chambre conjugale est vide. Eunice veille toujours à l’hôpital.

Il s’allonge seul, les yeux fixés au plafond.

Un prédateur en sommeil.

Mais pas pour longtemps.

Layanne :  Chez elle

Je referme enfin la porte de mon appartement. Le silence me gifle. Aujourd’hui a été un chaos.

Entre l’homme ensanglanté, Antonio croisé à l’hôpital, et ces deux porcs en costard qui ne cherchaient qu’à se vider sur moi… c’était trop.

Je jette mes vêtements, entre sous la douche. L’eau chaude coule sur mon dos. Ça brûle presque, mais je ne bouge pas.

Je ressors, enfile un short de nuit et un débardeur. J’ai faim. Je prépare un petit plat, rapide mais correct — merci Lys pour les cours express.

Une fois repue, je me laisse tomber sur le lit.

Je suis fatiguée.

Et enragée.

Mais je le sais, cette guerre ne fait que commencer.

Le lendemain — Hôpital

Alex est toujours inconscient. Son visage est pâle, les traits tirés.

Eunice et Isadora ont passé la nuit dans la chambre. Elles se réveillent en sursaut quand le médecin entre.

— Madame, vous devez rentrer chez vous. Il ne se réveillera pas aujourd’hui. Il est encore trop faible.

— Non. Je reste ici.

— Très bien. Mademoiselle Isadora, je vous recommande de rentrer et de revenir plus tard avec quelques affaires.

— Compris. Je repasserai ce soir, maman.

Isadora sort. Le docteur s’approche d’Alex, vérifie ses constantes, puis lui injecte un calmant.

— Il va se réveiller. Mais seulement quand les calmants auront fait leur effet. Ça peut prendre 24 à 48 heures.

— Merci, docteur. J’aimerais aussi savoir… qui est cette fille qui a sauvé mon fils ?

— Je ne connais pas son nom. Elle a disparu après le don de sang. J’ai transféré les vidéos à votre mari.

Eunice hoche la tête.

Elle s’approche de son fils, s’assied, lui caresse tendrement les cheveux.

— Mon bébé… Tu es fort. Tu reviendras à moi, j’en suis sûre. Et je jure… plus personne ne te fera de mal.