Chapitre 1

J'ai été piégée et j'ai perdu mon petit. Mais mon compagnon, Alpha Bernard, a protégé la meurtrière, Adrienne. Il était même prêt à faire du mal à ma mère et à mon frère pour elle.

« Sandrine doit pardonner Adrienne publiquement. »

La voix de Bernard a résonné à travers le mur depuis la pièce voisine.

Je me suis collée contre le mur, retenant mon souffle.

« Alpha, mais elle vient de perdre son petit... »

« C'est exactement pour ça qu'on doit mettre fin à tout ça. Maintenant », a-t-il coupé la parole à son Bêta. « Je ne peux pas perdre quelqu'un d'autre. »

« La seule façon d'en finir pacifiquement, c'est que Sandrine pardonne Adrienne en public. Si elle refuse, coupe l'approvisionnement en Pétale de Lune de sa mère. »

Mon cœur s'est arrêté.

Depuis ma cérémonie d'accouplement, ma mère était frappée d'une mystérieuse malédiction sanguine.

Seule la Pétale de Lune lui permettait de rester saine d'esprit.

Sans elle, la malédiction détruirait son esprit en moins de trois jours.

« Alpha, c'est cruel ! »

La douleur a rendu la voix de Bernard tendue. « Je sais que c'est cruel, mais elle doit apprendre à placer la meute avant tout. Je la protège d'une douleur encore plus grande ! Après la cérémonie, je lui présenterai mes excuses et je doublerai l'approvisionnement en Pétale de Lune. Pour l'instant, elle a juste besoin de se calmer. »

J'ai serré les mâchoires, enfonçant mes ongles dans mes paumes si fort que j'ai senti le goût du sang.

Me protéger ? Il faisait du mal à ma famille, en protégeant celle qui avait tué mon petit, et il osait dire que c'était pour mon bien ?

La conversation s'est poursuivie, mais je ne pouvais plus l'entendre.

Je me suis retournée et me suis dirigée vers le balcon, ma main tremblante sortant un communicateur crypté de ma poche.

Sept ans.

C'était la première fois que j'appelais cette personne depuis sept ans.

Le communicateur a sonné trois fois avant qu'il ne réponde.

« Sandrine ? » La voix de mon père était choquée. « Ma fille, qu'y a-t-il ? »

« Père. » Ma voix était rauque et brisée. « J'accepte le mariage. »

Silence.

Puis, un long soupir lourd.

« Je sais que je n'ai pas le droit... »

« J'ai une condition », l'ai-je interrompu, « je veux que tu détruises la meute de Bois Noir, complètement. »

« Sandrine... »

« Ils ont tué mon enfant. Ils ont emprisonné Guillaume. Ils utilisent ma mère contre moi. » Chaque mot m'arrachait le cœur. « Et mon compagnon, mon Alpha prédestiné, est derrière tout ça. »

« Maudites guerres de meutes », a juré mon père, « sans elles, je ne t'aurais jamais fait de mal, à toi et à ta mère. Je ne t'aurais jamais laissée partir. »

« Le passé n'a pas d'importance. » ai-je dit en fixant le ciel nocturne. « Ce qui compte, c'est la cérémonie de la Lune de Sang, dans sept jours. »

« Qu'est-ce que tu prévois de faire ? »

« Je vais leur faire payer, devant toute la meute. »

J'ai fermé les yeux, envahie par le souvenir d'une nuit parfaite.

Le solstice d'été, il y a trois ans.

La pleine lune rendait le monde argenté.

Je portais une robe blanche et assistais à la cérémonie en tant qu'adulte pour la première fois.

Et puis je l'ai vu.

Bernard, debout sous le clair de lune, ses yeux dorés semblables à des soleils brûlants.

Au moment où nos regards se sont croisés, le monde s'est tu.

Le lien entre nous s'est immédiatement formé.

Cette attraction sacrée et irrésistible m'a convaincue qu'il était un cadeau de la Desse de la Lune.

« Tu es à moi », a-t-il dit alors, avec une voix d'amant qui murmurait, « ce soir, et pour toujours. »

Je l'ai cru.

Mon Dieu, je l'ai vraiment cru.

« Sandrine ? » La voix de mon père m'a ramenée à la réalité.

« Sept jours », ai-je dit, « donne-moi sept jours pour préparer le terrain. La nuit de la Lune de Sang, j'ai besoin de tes guerriers à la frontière. »

« Que dois-je faire ? »

« Sauver Guillaume, puis me regarder en finir moi-même. »

« Ma fille. » Je pouvais entendre la fierté et la douleur dans sa voix. « Es-tu sûre de cela ? Une fois qu'un lien de compagnon est complètement rompu... »

« C'est lui qui l'a souillé en premier. » ai-je dit, la voix aussi froide que la glace. « Maintenant, c'est mon tour. »

« Bien. Je vais tout préparer. »

J'ai mis fin à l'appel et j'ai rangé le communicateur.

Le vent de la nuit était frais contre mon visage, ce qui m'a procuré un petit moment de soulagement.

Des pas ont retenti derrière moi.

Je me suis figée.

« Sandrine ? »

La voix de Bernard. Merde. Quand est-il rentré ? Qu'est-ce qu'il a entendu ?

Je me suis retournée lentement.

Ses yeux dorés, ceux dans lesquels j'avais l'habitude de me perdre, étaient fixés sur moi.

J'ai vu la chaleur familière dans son regard, mais elle était teintée d'un soupçon de culpabilité.

« Tu viens de perdre notre petit. » m'a-t-il dit doucement. « Qu'est-ce que tu fais ici si tard ? »