Home / Romance / Oeil pour oeil / La loi du talion

Share

La loi du talion

Author: Kainte
last update Last Updated: 2025-06-18 19:17:37

Je suis abasourdie. Je regarde ma sœur en silence, comme si je la rencontrais pour la première fois.

Ma sœur aînée que j’aime tant ne peut pas sortir de telles inepties. Ce n’est pas possible. Elle relègue aux oubliettes notre éducation chrétienne, les valeurs que nos parents nous ont inculqués.

Sidérée, je lui rétorque, en essuyant mes larmes :

- Béa, jamais je ne deviendrai une infidèle invétérée comme ce que tu décris. Tu as pensé à Maman et à papa

- Hé Angélique, fais comme bon te semble, si tu veux tu divorces, si tu veux tu lui pardonnes. Mais moi je t’ai dit ce que j’en pense.

Je quitte l’appartement de Béatrice comme on sort d’un rêve étrange.

Le soleil tape fort dehors, mais je frissonne.

Tout est flou dans ma tête.

Tout vacille.

Je n’ai presque pas prononcé un mot pendant le reste de notre échange. J’étais incapable de dire quoi que ce soit.

Ses paroles résonnent encore :

“Soit tu divorces , soit tu lui pardonnes .”

Je monte dans ma voiture, le regard vide.

Je n’arrive même plus à pleurer.

Je suis au-delà des larmes.

Richard et Edith.

Je les revois, là, dans cette voiture, dans cette bulle que je n’étais pas censée voir.

Et moi, dans tout ça ?

La femme fidèle. La vierge offerte à son époux.

La confidente trahie.

L’amie sacrifiée.

Que devrais je faire ? Le confronter et tout pardonner…Trop facile.

Je serre le volant, les jointures blanchies.

Divorcer et tout recommencer..non..Je ne m’en sentais pas capable..

Si Béatrice peut avoir un amant… pourquoi pas moi ?

Pourquoi devrais-je continuer à souffrir en silence, à m’accrocher à des principes que plus personne ne respecte ?

Pour le meilleur et le pire. Accepter l’infidélité de son partenaire, c’était peut être cela le pire dans un mariage.

Non.

Je ne vais pas le confronter.

Pas encore.

Je veux qu’il ressente ce que je ressens.

Je veux qu’il doute. Qu’il s’interroge.

Qu’il se torde les tripes, comme moi.

Et puis, il y a Eric.

Le fiancé d’Edith. Un homme doux, poli, charmant…

Un homme trompé lui aussi.

Edith l’avait rencontré au sortir d’une boulangerie. Ils avaient sympathisé. Elle avait jeté son dévolu sur lui quand elle a su qu’il était héritier d’une famille aisée et célèbre du pays. Il était plutôt taciturne, et dirigeait sa propre entreprise dans le négoce de cacao.

Mon cœur s’accélère. Une idée se forme.

Terrible.

Brillante.

Froide.

« Œil pour œil. »La loi du talion, comme dans l’ancien testament. Je ne me laisserai pas faire si facilement.

Je ne serai plus la même femme qu’hier.

Quelque chose s’est réveillé en moi. Quelque chose de noir et de puissant.

Une force nouvelle.

Ce soir, je le regarderai dans les yeux.

Et il ne verra rien.

Rien d’autre qu’un sourire.

Mais à l’intérieur, je viens de tracer une ligne.

La nuit est tombée depuis longtemps.

Je suis assise dans l’obscurité du salon, une tasse de thé froid entre les mains.

Je n’ai pas allumé la lumière.

J’ai besoin de cette pénombre. De cette zone grise qui ressemble à mon esprit.

Richard dors déjà.

La soirée s’était déroulée tranquillement, comme d’habitude

 Il était calme, comme si rien n’avait changé.

Je pense à ses “ma chérie” mécaniques, à ses caresses trop parfaites.

Et je pense à Edith. Ma sœur de cœur. Ma Judas personnelle.

Je revois leurs gestes dans cette voiture.

Leur bulle.

Leur monde à deux.

Et moi, dehors.

Je serre les dents.

J’ai toujours été la gentille. La loyale. La femme correcte.

Mais à quoi m’a servi ma droiture ?

Mon monde s’est effondré, et je n’ai rien vu venir.

Si Béatrice a pu survivre à son mariage en trichant un peu…

Si même mon Dieu semble silencieux en ce moment…

Pourquoi ne pas tricher, moi aussi ?

Juste une fois.

Juste pour équilibrer les comptes.

Je pense à Éric.

 Il est droit, direct, gentil, et surtout… trahi. Edith m’a souvent vanté ses aptitudes sexuelles. Elle qui avait connu plusieurs hommes, ne tarissait pas d’éloges envers Éric. Je me demande bien ce qu’elle était venu rechercher chez mon Richard. Éric était bien plus beau ( le genre de beauté ostentatoire qui me déplaisait), plus nanti, et c’était un étalon.

Que Diantre ! voulait Edith en couchant avec Richard ? Si ce n’est braver l’interdit, me faire du mal…

Eric était lui aussi trahi dans cette histoire, peut-être que lui aussi a besoin de comprendre ce que c’est : qu’on vous arrache vos repères…

Peut-être qu’il mérite la vérité.

Ou… une autre vérité : lui révéler tout les coups tordus qu’ Edith avait fait par le passé, avant et au début de leur relation.

Je finis par me lever et attraper mon téléphone.

Je n’avais pas son numéro. Mais j’avais Edith.

Et j’ai toujours su lire entre les lignes de ses messages.

Je saurai le trouver.

Continue to read this book for free
Scan code to download App

Latest chapter

  • Oeil pour oeil    Béatrice : Le fruit défendu

    Il baisse ma cicatrice de césarienne. Et enleva entièrement ma robe. Puis, il me retira ma lingerie l'une après l'autre. Le jazz en sourdine accompagnait ses gestes avec harmonie. Tout était parfait. Sauf moi et ma honte.Je crus sentir, un bref instant, le poids de ma bague d’épouse brûler mon doigt. Je brûlais de désir et de honte. Qu'est ce que j'étais entrain de faire ? Il me fixait comme si j’étais un chef-d'œuvre qu’il craignait de profaner. Ses gestes étaient doux, mais empreints d’une audace que je n’avais pas soupçonnée chez lui. Je sentais battre mon cœur contre ma poitrine, un mélange de honte et d’excitation que je n’avais pas connu depuis des années. Lorsqu’il effleura ma joue, un frisson me parcourut. Ce contact simple, presque timide, eut raison de toutes mes résistances. Je n’étais plus la patronne, ni l’épouse trahie. J’étais une femme. Une femme qu’on regardait, qu’on désirait. Il posa ses lèvres sur les miennes avec une lenteur désarmante, comme si le monde

  • Oeil pour oeil    Béatrice : Richard la revanche (2)

    Je ne trouvai rien à répondre. Il se leva, contourna le bureau, et se posta derrière moi. Ses doigts frôlèrent mon épaule pour repositionner l’écran. Un simple geste, professionnel en apparence. Mais sa main resta posée une seconde de trop. Je retins mon souffle. Mon corps réagit avant ma raison. — Richard… murmurai-je, sans me retourner. — Oui ? — Vous devriez rentrer. Il est tard. — Pas avant d’être sûr que vous allez bien. Je fermai les yeux. Ses doigts glissèrent lentement de mon épaule jusqu’à mon avant-bras, effleurant ma peau nue. Un courant électrique me traversa. Ce simple contact me rappela combien j’avais été privée d’attention, de douceur. Combien j’avais eu froid, trop longtemps. Je me levai brusquement. — C’est… c’est mieux qu’on en reste là, dis-je, la voix tremblante. Il fit un pas en arrière, gêné. — Excusez-moi, je n’aurais pas dû. Je pris une grande inspiration. — Non. Ce n’est pas… ce n’est pas vous. C’est moi. Nos regards

  • Oeil pour oeil    Béatrice : Richard, ma revanche

    Les semaines qui ont suivi, je m’étais jetée dans le travail comme on se jette à l’eau pour ne pas penser à sa peur de se noyer. Les journées s’enchaînaient sans que je les voie passer. C'était les grandes vacances, et mes deux plus grands enfants partirent en colonie, tandis que la plus jeune restait chez mes parents. Réunions, contrats, nouveaux partenaires, projections financières… Tout m’allait, tant que je ne devais pas penser à Henri. Il restait d'ailleurs avec sa maîtresse. Je ne voulais surtout pas le voir. Malgré mon intervention il s'evertuait à m'appeler, me laisser des messages. Il me faisait même livrer des fleurs et du chocolat parfois. Au bureau, j’étais redevenue la patronne : droite, exigeante, irréprochable. Le ton tranchant, les décisions rapides, les émotions verrouillées. Mais quand la nuit tombait, que les bruits de la ville s’éteignaient peu à peu, le silence revenait me mordre. Alors, tout me rattrapait : la honte, la colère, et surtout la peur du r

  • Oeil pour oeil    Béatrice: La tentative de contre attaque

    Le lendemain matin, quand j’ouvris les yeux, Henri dormait encore. Il ronflait bruyamment, allongé sur le ventre, la bouche entrouverte, il avait l’air paisible, presque innocent. J’eus un instant de vertige — l’image de l’homme que j’avais tant aimé, superposée à celle du menteur qui m’avait brisée. Je m'en voulais de l'avoir laissé me prendre encore une fois la nuit dernière. Je le regardai longuement, sans tendresse, sans haine non plus. Juste un constat froid : cet homme ne m’appartenait plus. Je sortis du lit avec précaution, ramassai mes vêtements épars, m’habillai lentement, en silence. Chaque geste semblait une reprise de contrôle. En enfilant ma chemise, je me dis que je n’étais pas qu’une femme trompée. J’étais Béatrice O., cheffe d’entreprise, mère, une femme respectée. Et j’allais reprendre ma place — la mienne, pas celle qu’il voulait me laisser. Je laissai un mot bref sur la table de chevet : > “Je rentre à la capitale. Ne m’appelle pas. J'ai besoin de réfléchir. En

  • Oeil pour oeil    Béatrice O : mon corps a capitulé

    Il était à peine cinq heures du matin quand j’entendis la porte s'ouvrir. J’avais à peine fermé l’œil. Henri entra, je feins d'être endormie. Il posa sa veste, se déchaussa silencieusement et s’approcha du lit. Je me raidis sous les draps. Mais il savait que j'étais eveillée — Béa… chuchota-t-il, sa main caressant mon épaule nue. Je ne bougeai pas. - Béa je sais que tu ne dors pas. Poursuivitil en descendant plus bas, beaucoup plus. Excuse moi. Je me retournai brusquement, glaciale. — Ne me touche pas. Il sourit faiblement, comme s’il ne m’entendait pas. Puis il se pencha, déposant un baiser dans mon cou. Mon corps, malgré moi, frissonna. J’avais envie de le repousser, de hurler, mais une part de moi se souvenait encore de l’homme que j’avais aimé, celui qui savait réveiller en moi la tigresse endormie. Ses mains descendirent lentement, pressantes, habiles. Il murmurait : — Béa… tu es ma femme. Personne ne pourra jamais prendre ta place. Personne. Laisse-moi te le pro

  • Oeil pour oeil    Béatrice O : La confrontation

    Quelques heures plus tard, dans la soirée Henri, mon époux adultère me rejoint dans notre chambre d'hôtel. Un silence lourd envahit la pièce tandis que je fais mine de l'ignorer un livre à la main. Il s'approche de moi, me prend la main, pose mon livre sur le lit, et s'agenouille en face de moi. - Béa, ma chérie pardonne moi, dit il l'air contrit. Je ne dis rien.Je garde la tête baissée. Des larmes de rage ruissellent sur mes joues. Il les nettoie, me prend dans ses bras, se confond en supplications, martelant qu'il m'aime toujours. Je le repousse. - Menteur! Tu ne m'aimes plus, sinon tu ne m'aurais pas fait ça. Que ne t'ai je pas donner? N'ai je pas rempli mon rôle d'épouse à tes côtés ?ok, je ne suis plus assez fraîche et belle comme au début de notre relation.C'edt normal très cher. J'ai connu plusieurs maternités, et encore aujourd'hui je me fais draguer. D'ailleurs toi non plus tu n'es plus celui que tu étais jadis. Non mais tu t'es regarder ? Je t'ai connu avec des a

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status