Washington, bâtiment du bureau exécutif Eisenhower, huit heures locales du matin…Le comité Majestic était en réunion plénière au sein de la Situation Room. Chacun des membres présents arborait une mine grave, car il était clair pour ces éminents personnages que le quatrième message de Ö aurait des conséquences bien plus dramatiques que les précédents. Cela avait d’ailleurs déjà commencé. David Deckard fut le premier à prendre la parole.– Madame, messieurs, cette nuit, à zéro heure, temps de Greenwich, des messages électroniques signés Ö ont commencé à être diffusés dans le monde entier suivant le même protocole que les précédents. À la différence notable, que, cette fois, une pièce jointe de trente pages y était attachée.Deckard enfonça une touche sur son ordinateur portable et la première page de la pièce jointe s’afficha sur l’écran mural. On pouvait y lire une liste de cent noms – tous des personnalités appartenant au monde de la p
New York, salle de rédaction du Times…Angela et William pénétrèrent dans les locaux du célèbre journal en milieu de matinée. La spacieuse salle de rédaction respirait l’atmosphère des grands jours. Il y avait de l’énergie dans l’air, de l’excitation sur les visages. Une bonne cinquantaine de journalistes étaient pendus à leurs écrans, observant d’un œil à la fois critique et caustique le porte-parole de la Maison-Blanche se démener sous les assauts de leurs confrères de Washington. La conférence de presse avait été organisée à l’initiative du gouvernement dans le courant de la matinée. Le but était de couper court à une rumeur se propageant sur la Toile comme une traînée de poudre, rumeur qui ne tarderait pas à déborder le cadre d’Internet pour essaimer dans la presse, tout le monde en était conscient.Malheureusement pour la Maison-Blanche, les médias commençaient à prendre l’affaire très au sérieux, surtout depuis que la Communauté - éle
Pérou, quelque part dans la cordillère des Andes…Cela faisait maintenant trois jours que Noa et le père Jacinto avaient quitté le site du Macchu Pichu, marchant sans discontinuer sur des chemins escarpés sinuant à flanc de montagne. La première journée, ils avaient croisé nombre de randonneurs à pied lancés sur les habituels treks touristiques. Puis, le padre avait bifurqué sur une piste encore plus étroite que les autres, l’une de celles empruntées jadis par les courriers Incas qui s’enfonçait droit vers le cœur de la cordillère et ils n’avaient plus rencontré personne.Ils avaient passé la première nuit à plus de quatre mille mètres d’altitude dans une grotte étroite et humide, sans autre source de chaleur que le petit réchaud apporté par le prêtre. Heureusement, les sacs de couchage étaient de bonne qualité, leur procurant confort et chaleur. Noa avait essayé d’en savoir plus sur leur destination, mais soutirer des renseignements à l’homme
New York, quartier de Greenwich Village…Angela quitta l’appartement de William en milieu de matinée. En débouchant dans la rue, la fraîcheur la fit frissonner. Elle resserra les pans de son manteau et se mit à marcher rapidement, en faisant bien attention de ne pas déraper sur le trottoir rendu glissant par l’humidité. Elle se faufila entre un livreur et ses aides qui approvisionnaient un magasin d’alimentation - déchargeant des cartons d’une camionnette garée en double file - pour héler un taxi en maraude qu’elle avait aperçu un peu plus loin. Une fois assise au chaud, elle indiqua au chauffeur sa destination et se laissa aller contre la banquette. Elle glissa la main dans la poche de son manteau et en sortit son téléphone mobile, vérifiant qu’il était bien éteint avant de le remettre à sa place.Obtenir un rendez-vous avec le prince des hackers n’avait pas été simple. Mais suivre ses indications pour le rencontrer semblait s’avérer encore pl
Île de Martha’s Vineyards, État du Massachusetts, côte Est…Frank Urban contemplait les vagues de l’océan Atlantique en dégustant un Cherry depuis la terrasse en teck de sa somptueuse villa. Située à l’ouest du village d’Oak Bluffs, tout au nord de l’île, la vaste propriété s’ouvrait directement sur la côte sablonneuse, offrant une vue splendide sur le grand large, au-delà du Nantuket Sound.Urban ferma les yeux un instant, laissant le doux soleil de l’après-midi lui réchauffer le visage tandis que la brise venant du large lui emplissait les poumons. Cela le détendait, et en cet instant, il avait vraiment besoin d’évacuer le stress et la colère qui bouillonnaient en lui. Il devait garder l’esprit clair pour prendre des décisions importantes, de celles qui engagent la vie d’autrui, changent des destins, influent sur un pays, voire le monde.L’ivresse du pouvoir dans toute sa splendeur…Urban laissa ce sentiment monter en lui, le pouvoir
La mort de William Hartigan fut annoncée aux informations de la mi-journée sur toutes les chaînes de télévision du pays. Si sa notoriété dans le grand public n’était pas immense, en revanche, elle l’était dans le milieu journalistique. Sa disparition fit l’effet d’une bombe chez ses collègues, qui s’empressèrent de relayer l’information.Angela et Zed déjeunaient dans le grand salon du rez-de-chaussée tout en regardant la télévision lorsque la nouvelle tomba. Le sandwich au concombre que dégustait la jeune femme lui resta dans la gorge. Une intense sensation d’oppression la submergea en même temps qu’un gémissement sourd montait du tréfonds de son être.À ses côtés, Zed resta pétrifié quelques secondes. Il écouta sans rien dire les explications sur les causes de l’accident avant d’exprimer son émotion par une poussée de colère.– Un pneu qui explose sur une Aston ?! Et qui l’envoie dans le décor en plus ! Ces connards veulent nous faire gober ça ?
Italie...Le vol qui ramenait Noa du Pérou atterrit à l’aéroport de Fiumicino en fin d’après-midi. Les formalités d’immigration terminées, Noa récupéra ses bagages, passa la douane sans encombre puis emprunta la passerelle suspendue conduisant au terminal du train express. Il acheta un billet pour le centre-ville de Rome à l’un des guichets automatiques et s’avança vers la rame qui venait d’entrer en gare et crachait déjà son flot de voyageurs pressés.Trente minutes plus tard, il arriva gare Termini et sortit Piazza del Cinquecento, qu’il traversa d’un pas rapide pour s’engouffrer dans une des petites rues adjacentes, en direction du sud. Il avait choisi à dessein un quartier populaire où il trouva rapidement un hôtel modeste, Via Turati, à deux pas du marché des antiquaires, sentant confusément que sa présence dans la capitale romaine devait rester discrète, loin du foisonnement touristique où il n’était pas à l’abri d’être reconnu par quelque connaiss
Cité du Vatican...Le cardinal Danielli, de par sa fonction au sein du musée – il en était le directeur – avait accès à chacune des mille quatre cents salles que comptaient ces illustres lieux. Celle qu’il venait de déverrouiller se situait dans l’enceinte du musée grégorien étrusque, à l’écart des lieux ouverts au public. Il l’avait choisie non pour son intérêt historique ou artistique, mais par souci de discrétion. Car la réunion qui allait s’y dérouler devait rester parfaitement secrète.Danielli ouvrit la porte, s’effaça et laissa entrer la douzaine d’hommes d’Église qui l’avaient suivi dans le dédale du musée. La pièce était de taille respectable mais cependant dépourvue des enluminures, gravures et autres fresques murales qui décoraient le muséum, comme si ses concepteurs, dès le départ avaient décidé d’en faire un endroit des plus sobres entièrement dédié au travail. La seule concession à l’art était une peinture d’un artiste inconnu - m