Salle du RAW, QG de la NSA…– Monsieur, j’ai quelque chose par ici, venez voir !David Deckard se précipita tandis que Mattew Foster se remettait à pianoter sur son clavier.Le chef du RAW tira une chaise pour s’asseoir auprès de son subordonné. Autour d’eux, les dix postes d’analyse étaient occupés, tous les membres du Réseau ayant été rappelés d’urgence.– Regardez ce que je viens de trouver…Foster désignait un message sur son écran :« Les Saigneurs du Monde… Leur pouvoir terrestre est sans limite. Vos lois ne les concernent pas car ils sont au-dessus des hommes. C’est aussi leur faiblesse. Car ils ne peuvent changer les lois de la nature ; hommes ils sont, hommes ils resteront. Leur faillibilité est à la hauteur de leur arrogance. Celui que tu cherches est un des gouvernants. C’est un serviteur de Celui qui nie le Père et le Fils. Il a marqué la suppliciée de son sceau, et son sceau est celui du Calomniateur. Pr
Londres, The Guardian…Noa Stevenson pénétra dans la grande salle de rédaction parsemée de box où régnait l’agitation fébrile des dernières heures de bouclage. Il salua plusieurs de ses collègues d’un vague coup de tête en la traversant, restant bien attentif à ne pas se laisser déconcentrer. Il avait parfaitement conscience que ce qu’il s’apprêtait à faire était difficile. Harold Ramis, le rédacteur en chef, était réputé pour son opiniâtreté, sa dureté et son sens implacable de la logique. Malgré la décision qu’il avait prise, Noa n’était pas certain d’avoir le dernier mot. Il n’était pas sûr non plus, dans le cas où les choses tourneraient mal, d’être prêt à renoncer à sa carrière.Noa frappa à la porte vitrée et entra sans attendre d’y être invité. Ramis trônait derrière son bureau débordant de dossiers. Il mit brutalement fin à une conversation téléphonique et leva les yeux.– Noa… content de te voir.– Harold.– Assied
Cuzco, Pérou…Le Boeing de British Airways se posa à seize heures locales. Dès sa descente d’avion, Noa s’aperçut de l’atmosphère inhabituelle qui régnait dans le terminal. L’aérogare était bondée et une sorte de fébrilité générale semblait avoir saisi la plupart des voyageurs. Noa s’inséra dans la file pour les services d’immigration. L’attente fut longue en raison de l’afflux de gens et du manque de personnel. Il récupéra enfin ses bagages, passa la douane et se dirigea vers la sortie. Il monta dans le premier taxi venu et indiqua l’hôtel Ambassador. Le chauffeur était un homme plutôt jeune, d’un abord convivial. En même temps qu’il insérait son véhicule dans le flot de la circulation avec un art consommé de la conduite en zone urbaine dense, il entama la conversation.– Vous êtes ici pour l’apparition, Señor ?– C’est à cause de ça, tous ces gens ?– Si, beaucoup de pèlerins viennent ici depuis deux jours. J’ai un
Washington, bâtiment du bureau exécutif Eisenhower…Situé dans la Dix-Septième Rue, juste à côté de l’aile ouest de la Maison-Blanche, le BBEE est un bâtiment de quatre étages construit dans un style Second Empire français. Il abrite différentes agences qui forment le bureau exécutif du président des États-Unis, tel que le bureau de cérémonie du vice-président et celui du National Security Council (NSC) ou conseil national de sécurité. Construit il y a plus d’un siècle - entre 1871 et 1888 très exactement -, le BBEE est un lieu chargé d’histoire au sein duquel beaucoup d’évènements importants se déroulèrent. Cependant, si tous les personnages illustres qui y participèrent, pouvaient savoir ce qui allait s’y tramer en cette soirée, nul doute que nombre d’entre eux se retourneraient dans leur tombe. C’est en tout cas ce que pensa David Deckard en descendant de sa voiture devant l’auguste bâtiment.La nuit était tombée ; le chef du R
Juarez…Les locaux modernes du palais de justice, d’un blanc presque immaculé, respiraient autant la pureté que l’efficacité. Plusieurs dizaines de bureaux clos de portes vitrées donnaient directement sur un long couloir central, de telle sorte que chaque visiteur de passage ou bien en attente d’un rendez-vous, pouvait voir la mécanique bien huilée d’agents zélés de l’État en plein travail. Mais ce n’était qu’une apparence trompeuse.Angela patientait depuis bientôt une heure dans une salle d’attente attenante au couloir lorsque l’assistant du procureur vint enfin à sa rencontre. À sa mine, elle sut tout de suite que quelque chose n’allait pas. Elle se leva de son siège et s’avança vers lui. Le jeune homme eut une moue contrariée.– Señora de la Vega, je suis désolé, mais… monsieur le procureur général ne pourra pas vous recevoir.– Est-ce qu’il a trop de travail, ou bien est-ce une fin de non-recevoir, répondit-elle
Le Boeing 767 d’American Airlines se posa à La Guardia à seize heures trente locales. Les formalités d’usage expédiées, Angela se rua vers la sortie et sauta dans le premier taxi venu.New York…À chacune de ses visites, cette ville la surprenait toujours autant, par sa démesure mais aussi par sa diversité. Angela eut tout le loisir d’admirer ce paysage urbain unique au monde durant le trajet vers le domicile de William Hartigan, et peut-être plus spectaculairement encore, lorsque le taxi emprunta le pont de Queensboro pour rejoindre la presqu’île de Manhattan. Vus de loin, les gratte-ciel découpaient leur géométrie élancée sur le bleu azur du ciel d’automne, dépassant telles de gigantesques flèches – ode à quelque moderne dieu urbain - la masse moins élevée et plus désordonnée de la ville. Le chauffeur eut le bon goût de prendre Franklin Roosevelt Drive au lieu de la 5e avenue passant en plein centre et toujours bou
Le Boeing 767 d’American Airlines où avait pris place Angela, se posa le lendemain à quinze heures sur l’aéroport de Burbank, à Los Angeles.Dès son arrivée dans l’aérogare, la journaliste se rendit au comptoir d’Easy Car. Les formalités remplies, elle alla récupérer son véhicule sur un vaste parking. Le préposé lui remit les clés. Quelques instants plus tard, elle engagea sa Ford Focus sur la nationale 5, en direction du sud. La circulation était fluide, il ne lui fallut que quelques minutes pour traverser Burbank et rejoindre l’intersection avec la 101 qu’elle suivit sur une douzaine de kilomètres avant d’arriver dans Studio City et de prendre sur Laurel Canyon. Elle roula vers le sud, en direction de West Hollywood. Le boulevard serpentait entre des collines à la végétation clairsemée, aux habitations espacées. Elle s’arrêta enfin devant l’adresse indiquée par Zed. Il s’agissait d’une maison de style moderne, basse, pour autant qu’elle puisse en voir, car elle é
Washington, bâtiment du bureau exécutif Eisenhower, huit heures locales du matin…Le comité Majestic était en réunion plénière au sein de la Situation Room. Chacun des membres présents arborait une mine grave, car il était clair pour ces éminents personnages que le quatrième message de Ö aurait des conséquences bien plus dramatiques que les précédents. Cela avait d’ailleurs déjà commencé. David Deckard fut le premier à prendre la parole.– Madame, messieurs, cette nuit, à zéro heure, temps de Greenwich, des messages électroniques signés Ö ont commencé à être diffusés dans le monde entier suivant le même protocole que les précédents. À la différence notable, que, cette fois, une pièce jointe de trente pages y était attachée.Deckard enfonça une touche sur son ordinateur portable et la première page de la pièce jointe s’afficha sur l’écran mural. On pouvait y lire une liste de cent noms – tous des personnalités appartenant au monde de la p