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Chapitre 43 : La vérité dans les flammes

Auteur: Déesse
last update Dernière mise à jour: 2025-05-21 02:33:44

Graziella

L’air dehors est plus acéré que dans la salle. Comme si les vérités qu’on y tait prenaient forme, se muaient en bourrasques froides dès qu’on franchit la porte. Nous marchons vite, Élias légèrement devant, mais je ne lâche pas sa main. Pas cette fois. J’ai besoin de cette chaleur, de ce contact, de ce lien.

Les pavés résonnent sous mes talons. Les ombres se faufilent entre les murs de marbre. L’ambiance électrique me donne la nausée. Tout est trop silencieux. Trop tendu. Une tempête suspendue dans l’air.

Puis, soudain, la lumière. Des flashs. Des voix. Un attroupement. Les journalistes.

— Élias Moretti ! Est-ce vrai que votre femme n’est pas celle qui vous accompagne ce soir ?

— Qui est cette jeune femme ?

— Et votre épouse restée en Italie ? Vous avez fui ensemble ou c’est une double vie ?

Des micros se tendent. Des appareils photo crépitent. Les visages se tournent. J’entends ce mot. Ce seul mot.

Épouse.

Il claque dans l’air comme une gifle. Comme un verdict. Je me fige. J
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    Élias.Il est là. Les yeux pleins de choses qu’il n’a jamais dites. De regrets. De silence. Mais il est là.Et, pour une seconde, je ne sens plus la douleur. Parce qu’il me regarde comme si j’étais une chose rare. Une chose vraie. Une chose belle.Alors je me relève.Pas pour lui. Mais parce que je peux.Parce que je suis là. Debout. Vivante. Indomptable.Et la douleur, cette douleur qui rampe sous ma peau ? Elle devient force. Elle devient musique. Elle devient mon langage.Je ne redeviendrai pas celle d’avant.Je serai autre.Plus vraie. Plus entière.Et ce monde que je croyais perdu… je vais le reconquérir. Un pas après l’autre. Une blessure après l’autre. Jusqu’à danser, non pas comme avant, mais mieux.Jusqu’à brûler.Et si Élias veut marcher à mes côtés… il devra apprendre à me suivre dans le feu.GraciellaLa sueur a séché sur ma peau. L’air du studio s’est refroidi, mais je reste là, allongée au sol, les bras écartés, les jambes molles, les yeux ouverts vers ce plafond que je

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    GraciellaJe pousse la porte du studio avec une lenteur presque cérémonielle. Il y a ce moment suspendu, ce battement de cœur où l’air change, où le monde extérieur reste derrière, où seule la lumière filtrée par les grandes vitres compte. Ce n’est qu’un rectangle vide, un plancher usé, quelques barres d’échauffement, un vieux miroir fendu. Mais pour moi… c’est un sanctuaire. Une cicatrice précieuse.L’odeur est intacte. Mélange de bois ciré, de magnésie, de sueur ancienne. Un parfum de discipline et d’abandon. Je l’inspire comme un rappel brutal. Mon sac tombe au sol. J’en sors mes chaussons, mes bandes, mes pointes. Mes doigts tremblent un peu. Pas d’émotion. Pas encore. Juste cette peur poisseuse, primitive, qui serre les côtes. Est-ce que je suis encore capable ? Est-ce que ce corps, cabossé par les jours, par l’attente, par la perte, se souvient de ce qu’il était ?Je m’assois. Lentement. Comme pour ne pas réveiller la douleur qui dort sous ma peau. Mes doigts s’attardent sur mes

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    IsadoraIls pensent tous que je suis à bout, fatiguée, vaincue. Que le temps m’a usée, que la douleur a creusé un fossé trop large entre Élias et moi. Ils se trompent. Moi, je suis loin d’abandonner. Plus que jamais, je joue. Chaque mouvement, chaque mot, chaque silence est une pièce sur l’échiquier de notre histoire, et je refuse de perdre. Parce que perdre, ce serait disparaître. Et je ne suis pas de celles qui s’effacent sans combattre.Je revois ses images, celles que le détective m’envoie chaque jour, comme un poison lent qui s’infiltre dans mes veines. Graziella sourit, parle, marche avec lui comme si elle avait le droit de prendre la place qui est mienne. Mais elle ne sait rien. Elle ne sait pas ce que j’ai bâti. Ce que j’ai arraché à la vie pour rester debout à ses côtés. Elle croit que l’amour suffit, que la passion peut racheter le passé. Quelle erreur tragique. Le passé n’efface pas les cicatrices, il les creuse. Et moi, je les connais mieux que quiconque.Ce soir, je le sa

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