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POSSESSION
POSSESSION
Author: L'invincible

Chapitre 1 — L’ombre au seuil

Author: L'invincible
last update Last Updated: 2025-07-27 21:57:57

Serena

La nuit dévore la forêt autour de moi, épaisse et noire, comme si elle voulait m’engloutir avant même que j’atteigne le manoir. La pluie fine tombe en rideaux presque invisibles, des doigts glacés qui tentent d’effacer mon hésitation. Mes mains serrent le volant à m’en faire blanchir les phalanges, mon cœur bat à tout rompre, décalé, déchaîné, pris dans une tempête silencieuse que je ne comprends pas.

Pourquoi est-ce que ce lieu m’obsède autant ?

Pourquoi ce manoir oublié, niché dans la forêt sauvage, me semble-t-il plus vivant que moi ?

Plus ancien que le temps lui-même.

Je suis censée y trouver un refuge, un nouvel avenir.

Mais à chaque battement, la peur s’immisce plus profondément.

Je sens qu’il y a quelque chose qui m’attend, tapie dans l’ombre, une force sourde et invisible qui scrute chacun de mes mouvements.

Je sors de la voiture, le gravier craque sous mes pas, chaque bruit résonne dans la nuit comme un avertissement. Le portail rouillé s’ouvre dans un grincement sinistre, et j’ai la sensation que le manoir lui-même inspire et expire, éveillé après un sommeil éternel.

Je reste un moment figée devant la porte massive en chêne, les doigts effleurant les arabesques anciennes qui vibrent faiblement sous ma paume. Le bois est glacial, presque vivant, comme si la maison refusait que je pénètre ses secrets. Une onde d’appréhension me traverse, mais je pousse la porte.

Elle cède dans un cri aigu, une déchirure dans le silence. J’entre.

L’air est lourd, saturé d’odeurs anciennes cuir usé, bois humide, poussière. Un parfum d’encens presque effacé flotte encore, comme un vestige d’un rituel oublié. Chaque respiration est difficile, comme si l’atmosphère compressait mes poumons.

Je ferme les yeux un instant, cherchant à me raccrocher à la réalité.

Mais quelque chose me frôle, un souffle glacé qui glisse le long de ma nuque, hérisse ma peau, fait naître un frisson brûlant dans mon dos.

Je me retourne brutalement, le cœur martelant ma poitrine, mais la pièce est vide. Seule une ombre danse sur les murs, mouvante et insaisissable, comme une promesse muette, une menace sourde.

Un souffle s’élève, rauque, sourd, presque un murmure qui serpente jusqu’à mes oreilles :

— Tu es là...

Je veux fuir, mais mes jambes refusent de bouger, paralysées par une terreur sourde.

Ma gorge se serre, un cri me brûle les lèvres, mais aucun son ne sort.

J’avance malgré moi, chaque pas résonne dans la pièce comme un glas.

Le miroir fissuré au fond de la salle me renvoie mon reflet, mais derrière moi, une silhouette s’esquisse floue, mouvante, une ombre sans contours précis.

Ses yeux. Ces yeux noirs qui brûlent comme deux braises incandescentes.

Son visage, à la fois dur et magnifique, arbore un sourire cruel et fascinant, celui qui promet autant de plaisir que de damnation.

— Serena...

Le murmure vibre jusque dans mes os, me saisit, m’attire et me terrifie à la fois.

Je suis prise au piège dans une toile invisible, et pourtant je ne peux me dérober, je ne veux pas, même si la peur me dévore.

La présence s’intensifie, devient palpable, presque étouffante.

Une chaleur obscure ondule autour de moi, embrasant chaque parcelle de ma peau déjà sensible.

Mes jambes tremblent, mes mains deviennent moites, mon souffle s’étrangle dans ma gorge.

Puis, comme un éclair électrique, une main invisible effleure ma nuque, descend lentement sur mon épaule avec une lenteur exquise, à la fois délicieuse et dévastatrice.

— Je t’attends depuis toujours...

Les mots s’insinuent en moi comme un poison doux-amer, un mélange de promesse et de menace.

Je suis confuse, effrayée, incapable de comprendre ce qui m’arrive.

Qu’est-ce que ce manoir ?

Qui est cette voix ?

Et pourquoi est-ce que mon corps réagit comme s’il la reconnaissait depuis toujours ?

Je ne sais plus où finit ma peur et où commence ce désir que je n’ose pas nommer.

Le temps semble suspendu, figé dans un espace-temps hors du monde.

Ce manoir devient un sanctuaire étrange, un lieu où s’entremêlent ombre et lumière, plaisir et douleur, vie et mort.

Cette nuit-là, je m’abandonne malgré moi à un sommeil lourd, hanté par un rêve qui me déchire de l’intérieur, tiraillant mon âme entre terreur et extase.

Je me vois dans une clairière obscure, sous un ciel d’encre où brillent des étoiles inconnues, sans lune pour me guider.

Là, il est là.

Son corps n’est qu’ombres mouvantes et flammes vivantes, ondulant avec une puissance hypnotique qui m’attire irrésistiblement.

Ses yeux, noirs comme l’abîme, me fixent intensément, m’obligeant à avancer vers lui malgré moi.

— Je suis le feu que tu refuses d’éteindre… murmure-t-il, chaque mot vibrant comme une promesse interdite.

— Tu m’appartiens, Serena. À chaque souffle, à chaque soupir, tu me donnes un peu plus.

Il effleure ma peau, et un frisson brûlant déchire mon corps tout entier.

Je veux reculer, hurler, mais mes pieds semblent scellés au sol.

— Laisse-toi aller…abandonne-toi à moi , car une fois à moi , il n’y aura pas de retour.

Sa voix brûle au creux de mes oreilles, effaçant peu à peu les derniers remparts de ma volonté.

Je m’éveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre, la peau moite et glacée à la fois.

Au creux de mon cou, là où la marque invisible du démon commence à s’imprimer, une chaleur brûlante pulse, comme un avertissement.

Je passe une main tremblante sur ma gorge, désemparée, consciente que ce qui vient de commencer ne s’arrêtera jamais.

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