LOGINGabrielLe silence qui suit n’est pas un vide.C’est une présence tangible, lourde et chaude comme la peau contre la mienne.Je la sens, contre mon torse. Chaque inspiration qui soulève ses côtes, chaque frisson résiduel qui parcourt ses membres. Mon propre corps est une scène de désastre. Un tremblement incontrôlable dans mes muscles profonds, une lourdeur humiliante dans les membres. Ma raison, ce phare si constant, n’est plus qu’une lueur vacillante dans le brouillard de la sensation.Je viens de perdre le contrôle. Non pas de le céder. De le perdre. Lâché comme un rocher au fond d’un puits. Et elle… elle a été le gouffre.Je me détache enfin, lentement, comme on retire un pansement d’une plaie fraîche. Le contact rompu est une violence. L’air froid de la pièce frappe la peau moite de mon torse, là où son corps était soudé au mien. Je fais un pas en arrière. Mes jambes tiennent à peine.Elle reste adossée au mur, comme épinglée par le souvenir de ma présence. Ses vêtements sont en d
GabrielLorsque mes lèvres rencontrent les siennes, le monde explose en silence.Ce n’est pas un baiser. C’est une déclaration de guerre sensuelle. Une revendication. Ses lèvres sont plus douces que je ne l’imaginais, mais la manière dont elle répond est tout sauf douce. C’est une capitulation active, une reddition qui exige tout en cédant tout. Elle ouvre la bouche sous la mienne avec un gémissement étouffé, et le goût d’elle – le poison, la vérité, la vie – m’envahit.Ma main quitte sa hanche, remonte le long de sa taille, de ses côtes, s’enfonce dans l’épaisseur de ses cheveux. Je la tiens. Je l’immobilise. Je l’aspire. Je veux tout. Chaque souffle, chaque frisson, chaque battement de son cœur contre le mien.Elle arrache ses lèvres, haletante. Ses yeux cherchent les miens dans la pénombre, brillants de larmes non versées, de passion pure.— Plus, ordonne-t-elle ou cesse.Je n’obéis pas. Je prends. Je la retourne, doucement mais avec une fermeté qui ne laisse pas place au doute. So
ChloéNuit après nuit.Il devient un élément du décor,plus régulier que la mélodie du saxophone ténor le jeudi. Toujours après 22h, quand la foule se fait plus dense, plus anonyme. Il ne vient plus pour un client. Il vient. Pour le whisky sans étiquette. Pour les duels. Pour le scan de son regard qui déshabille plus sûrement que des mains.Ce soir, c’est différent. L’air est chargé d’orage, lourd d’une attente qui n’a plus rien à voir avec la musique. Il est arrivé plus tard. Plus sombre. Il a bu son premier verre sans un mot, les yeux fixés sur moi comme s’il mémorisait chaque mouvement, chaque respiration.Il n’a pas commandé de second verre. Il a dit, d’une voix si basse que j’ai dû me pencher pour l’entendre, submergée par le bruit d’un rire trop fort :— Il y a une pièce à l’arrière. Où vous rangez les caisses.Ce n’était pas une question. C’était un constat. Une observation. Il avait tout repéré, bien sûr. L’homme de loi, l’enquêteur.Mon sang n’a fait qu’un tour. Une onde chaud
Les Lois du DésirPersonnages centraux :· Gabriel, un avocat pénaliste froid et méthodique, défenseur des apparences et maître d'un empire d'indifférence.· Chloé, une barmaid dans un club de jazz underground, musicienne à ses heures, qui vit avec une intensité et une authenticité brutales.Leurs mondes n'auraient jamais dû se croiser. Gabriel vient chercher dans ce club un client influent ; Chloé, derrière le comptoir, est la seule à ne pas être impressionnée par son costume trois-pièces et son allure distante. Elle le défie du regard, répond à son mépris latent par une moquerie ouverte. Intrigué malgré lui par cette femme qui ne le "sert" pas, il revient. Nuit après nuit.Leurs conversations, d'abord faites de piques et de silences lourds, se transforment en duels verbaux d'une rare intelligence. Elle perce à jour son cynisme, il est fasciné par sa liberté sauvage. L'attraction devient une obsession réciproque. Leur premier baiser a lieu dans l'arrière-salle sombre du club, contre
ÉlodieLe gouffre n’est pas un événement, c’est un état. Il se déploie en moi dans les jours qui suivent, une cavité silencieuse où toute émotion semble s’éteindre avant d’atteindre la surface. Je fonctionne. Je travaille. Je réponds au téléphone quand Clara appelle, pour commenter un choix de papier peint ou les nausées qui persistent. Ma voix est un leurre parfait, un écho calibré de ce qu’elle devrait être. À l’intérieur, rien. Seulement le froid du vide et l’attente sourde de l’impact.Louis, lui, semble avoir disparu de la surface de la terre. Plus de messages. Plus de regards en coin lors des rares réunions familiales évitées au maximum. Il est devenu un fantôme plus efficace que moi, un homme qui a muré la brèche avec du ciment et de l’acier. Sa détermination est palpable, même à distance. Il tient sa promesse. C’est fini.C’est cette certitude, finalement, qui réveille la douleur. L’adrénaline de la transgression retombe, laissant place à la brûlure pure de la privation. La bê
ÉlodieLa semaine qui suit le barbecue est une agonie feutrée. Chaque jour est une épreuve de résistance, une lutte contre le souvenir des doigts de Louis dans l’ombre, contre l’odeur de transgression qui semble encore imprégner ma peau. Je vis en automate, répondant aux sourires par des sourires, aux conversations par des banalités. À l’intérieur, une bête tourne en rond, affamée, obsédée.Il m’envoie un message, trois jours après. Un seul mot, tombé sur mon écran comme une pierre dans un puits.—Samedi.Pas de lieu, pas d’heure. Juste une date. Une évidence. Clara doit accompagner sa mère à un salon de déco pour la future chambre. La maison sera vide.J’arrive avant lui. Je n’ai pas les clés, mais je connais le code de l’alarme, un détail offert un jour par Clara, un geste de confiance qui me brûle maintenant les doigts. Je pousse la porte et j’entre dans le silence de leur foyer. L’odeur m’assomme. Ce n’est pas son parfum à lui, ni celui de Clara. C’est leur odeur mélangée : le caf