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Chapitre 3

Author: Élodie Doré
La fête d'anniversaire s'est terminée tard dans la soirée.

Dans la voiture, Thayer s'est agité de joie, les mains battant l'air.

Ce soir-là, pour une fois, sa mère n'était pas là pour le surveiller, et il a pu manger tout ce qu'il voulait à la fête.

Tatie Héloïse l'a gâté, et pour lui, elle était mille fois mieux que sa mère.

Quand la Maybach s'est arrêtée devant la villa, Thayer a fait la moue, traînant les pieds pour descendre en tenant la main d'Alain.

À chaque fois qu'il sortait s'amuser, il n'avait aucune envie de rentrer, parce que sa mère était là.

Mais tatie Héloïse lui avait appris à respecter tout ce que sa mère faisait pour lui. S'il voulait continuer à s'amuser avec tatie Héloïse, il devait obéir.

Papa avait ajouté que s'il n'était pas sage, il ne l'emmènerait plus jouer avec Tatie Héloïse.

À contrecœur, Thayer est donc rentré.

« Papa, demain, je veux encore jouer avec tatie Héloïse. Tu ne peux pas l'empêcher de partir à l'étranger, hein ? Comme ça, maman ne me donnera plus d'ordres. »

Alain a répondu d'un ton neutre :

« Elle repartira à l'étranger pour un temps, mais quand elle reviendra, elle restera ici pour te tenir compagnie. »

Pendant six ans de mariage avec Sylvie, il avait presque toujours refusé ses demandes. Elle s'était pourtant toujours montrée conciliante. Elle ne cherchait qu'à lui plaire.

Mais avec Héloïse, c'était l'inverse : il exauçait presque tous ses souhaits.

Thayer savait que son père et tatie Héloïse partageaient un lien particulier. En entendant cette réponse, un sourire satisfait s'est dessiné sur son visage.

À peine entré dans la maison, Thayer a crié avec entrain :

« Maman, prépare-moi un bain ! Je veux un bain au lait tout parfumé ! »

Aujourd'hui, Tatie Héloïse avait dit qu'il sentait bon le lait, comme papa quand il était petit.

La nounou, Lucie Perrier, s'est avancée pour l'accueillir.

« Petit maître, Madame n'est pas là ce soir. Je vais te donner ton bain, d'accord ? »

Alain a demandé d'un ton détaché.

« Elle est où ? »

« Je ne sais pas. » a répondu Lucie. « Madame et la petite demoiselle ne sont pas rentrées aujourd'hui. » Elle a sorti un dossier emballé.

« Madame m'a demandé de vous remettre ceci. »

L'homme a baissé les yeux, a pris le dossier et l'a jeté négligemment sur la table. Il s'est tourné vers Thayer : « Va avec Lucie pour ton bain. »

Thayer, ravi, a sauté de joie.

« Elles ne sont pas là ? Alors, la salle de jeux sera à moi tout seul ! »

Alain a esquissé un sourire, a caressé la tête de Thayer.

« Tout est à toi. »

« Je ne veux plus jouer avec les jouets et les cubes que ma sœur m'a offerts, ils sont nuls ! Je vais mettre tous les jouets que tatie Héloïse m'a donnés dans la salle de jeux, et elle n'aura pas le droit d'y toucher ! »

Pour Thayer, sa sœur n'aime pas tatie Héloïse, elle ne veut que maman.

Mais maman n'est qu'une campagnarde – qu'est-ce qu'on peut bien lui trouver ?

« Papa, puisque maman n'est pas là, est-ce que Tatie Héloïse peut venir dormir avec moi ? »

« Non. » a répondu Alain. « Tatie Héloïse est très occupée. »

Thayer a fait la moue et est monté prendre son bain.

En montant l'escalier, Lucie s'est arrêtée soudainement et s'est retournée vers Alain.

« Monsieur, il semble que Madame ait emporté ses affaires et celles de la petite demoiselle. Elle est peut-être retournée chez ses parents… »

Alain a hoché la tête, indifférent.

Pour lui, ça n'avait aucune importance.

La famille Potier n'était pas un refuge pour Sylvie.

En dehors de la famille Chéron, elle n'avait nulle part où aller.

D'habitude, elle était toujours douce, conciliante, et n'avait jamais rien contre les contacts entre Thayer et Héloïse.

Aujourd'hui, elle avait juste piqué une crise inhabituelle.

Une fois sa colère passée, elle reviendrait d'elle-même, comme toujours.

Installé sur le canapé, Alain a traité un e-mail professionnel, puis s'est préparé à monter se laver. En passant, son regard est tombé sur le dossier qu'il avait jeté sur la table.

Il l'a ouvert distraitement.

Les mots « Accord de divorce » lui ont sauté aux yeux.

Son regard a parcouru les clauses sans s'émouvoir.

Sylvie demandait cinq millions et la garde d'Émilie.

L'homme a laissé échapper un petit rire méprisant avant de jeter le dossier à la poubelle.

Pour lui, Sylvie finirait par rentrer une fois sa crise terminée.

-

Sylvie, elle, avait emmené Émilie à la Villa de l'Anse pour récupérer leurs affaires avant de s'installer dans un hôtel.

« Émilie, tu veux bien vivre ailleurs avec maman ? » a-t-elle demandé.

La petite a baissé la tête, mordillant sa lèvre, visiblement partagée.

Sylvie s'est accroupie face à elle.

« Tu as du mal à quitter papa et ton frère, c'est ça ? »

Émilie rêvait d'appeler Alain « papa » et espérait que Thayer jouerait avec elle.

La plupart du temps, elle passait ses journées à attendre qu'Alain et Thayer rentrent dîner. Les plats refroidissaient, mais ils ne venaient jamais. À chaque fois, Sylvie encourageait Émilie à manger, mais elle grignotait à peine deux bouchées avant de dire qu'elle était rassasiée.

Elle les attendait, affamée.

À force, son petit corps, encore en pleine croissance, s'était affaibli, devenant de plus en plus frêle, sa santé déclinant.

Sylvie avait cru que sa fille avait simplement peu d'appétit à cause de son jeune âge. Ce n'est que plus tard qu'elle avait réalisé : Émilie attendait Alain et Thayer.

La fillette a levé ses grands yeux vers elle :

« Maman, est-ce que tonton ne m'aime pas, et c'est pour ça qu'il n'aime pas maman non plus ? »

Ces mots ont transpercé le cœur de Sylvie comme une lame, une douleur vive et lancinante.

« Ma chérie, tu es merveilleuse, » a-t-elle répondu, prenant la petite main d'Émilie. « S'il ne t'aime pas, c'est qu'il n'a aucun goût. Tu veux bien suivre maman ? »

« Oui… » Émilie a hoché la tête avec détermination. « Même si tonton et Thayer me manquent, je sais que maman m'aime plus que tout. Là où est maman, je suis aussi. »

Les yeux de Sylvie se sont embués, elle a serré sa fille dans ses bras.

Cette fois, elle protégerait Émilie coûte que coûte.

À la villa, elle n'avait pris que quelques vêtements de rechange pour elle et Émilie.

Depuis leur mariage, Alain lui versait chaque mois 500000 euros pour s'occuper des deux enfants et gérer la maison.

Mais il glissait toujours plus d'argent à Thayer en cachette, lui rapportait des vêtements et accessoires sur mesure de ses voyages, sous prétexte que l'enfant n'avait pas de père, que sa mère l'avait abandonné, qu'il était à plaindre.

Dans sa vie précédente, Sylvie aimait Alain à en perdre la raison. Elle écoutait tout ce qu'il disait, achetait des cadeaux et des vêtements pour Thayer, dépensait tout son cœur et son argent pour lui, pour les enfants, pour la famille.

Elle s'occupait aussi des relations sociales du milieu huppé, des visites et des mondanités.

Résultat, il ne lui restait presque rien.

À y repenser, elle s'est trouvée bien naïve et pitoyable.

Après avoir donné le bain à Émilie et l'avoir couchée, Sylvie s'est apprêtée à aller se laver, lorsque son téléphone a sonné brusquement.

C'était Lucie.

« Madame, pour le bain au lait du petit maître, quelles sont les proportions et la température de l'eau ? Il dit que ce que je prépare n'est pas confortable. »

« Appelle donc Héloïse pour qu'elle vienne lui donner son bain, il sera content. » a répondu Sylvie.

Lucie, perplexe, n'a pas eu le temps de répondre que Sylvie a raccroché.

Lucie a pris une grande inspiration et a rappelé : « Madame… »

« Lucie, Alain et moi allons divorcer. » a coupé Sylvie. « Thayer est son fils, il n'a rien à voir avec moi. Ne m'appelle plus. »

Elle a raccroché de nouveau.

Lucie, abasourdie, a regardé Alain, son téléphone à la main.

Alain a demandé :

« Qu'a-t-elle dit ? Et quand rentre-t-elle ? »

Lucie a dégluti, mal à l'aise :

« Madame a dit… qu'elle veut divorcer. Et… que vous devriez appeler Mlle Héloïse pour donner le bain au petit maître. »
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