Les bras de Chloé étaient un refuge, la seule chose qui semblait encore réelle dans ce chaos qui avait englouti la vie de Maïa. Elle sentit sa cousine la guider à travers un couloir, la faire glisser dans une chambre, sur un lit à la couette douce et réconfortante. Le monde continuait de tourner autour d'elle, un tourbillon d'images floues et de bruits étouffés, mais le lit était un îlot stable dans cette tempête. Chloé la déshabilla avec une infinie douceur, ses mains effleurant ses contusions sans insister. Chaque toucher était un rappel de l'agression, mais aussi de l'amour inconditionnel qui la protégeait maintenant.« Ne parle pas, Maïa. Ne dis rien. Repose-toi. Je suis là, » murmurait Chloé, sa voix une mélodie apaisante qui tentait de percer le silence que Maïa avait érigé autour d'elle. Elle sentit l'eau tiède sur son visage, le baume apaisant sur ses bleus. Elle ne se souvenait pas de s'être endormie, mais un lourd rideau noir s'abattit sur sa conscience, la plongeant dans u
Le silence qui s'abattit sur le penthouse, après le départ de la femme blonde, n'était pas un silence de paix, mais un silence d'horreur. Alexandre Valois restait au milieu du salon, son regard fixé sur la scène qui se jouait devant lui. L'assiette brisée sur le sol, les traces de pas sales, la porte entrouverte d'où Maïa avait fui. Ce n'était pas un désordre qu'elle avait créé, mais un chaos qu'il avait lui-même engendré.Il regarda ses mains. Ces mains qui avaient signé des contrats par millions, ces mains qui avaient caressé Maïa avec tendresse, ces mains qui venaient de la frapper. Une nausée froide lui tordit les entrailles. Il n'avait pas comploté de la frapper. La violence n'avait pas été préméditée, elle avait été une explosion soudaine et incontrôlable, une fissure dans le masque de l'homme parfait. Et maintenant, le masque était brisé.La colère qu'il avait ressentie s'était évaporée, remplacée par une stupeur absolue. Il ne se reconnaissait pas. Cet homme capable de frapp
Le sol froid sous son visage, le goût cuivré du sang dans sa bouche et le bourdonnement persistant dans ses oreilles n'étaient que des détails. Le chaos dans la chambre, les éclats de voix d'Alexandre et les pleurs de l'autre femme, tout s'estompait dans un lointain indistinct. La seule chose qui parvenait à percer le brouillard de la douleur et du choc, limpide et brûlante, était cette certitude absolue : elle devait partir. Maintenant.Maïa Hayes, gisant sur le sol de ce qui avait été son foyer, trouva en elle une force qu'elle ne soupçonnait pas. Pas une force physique – son corps entier était une symphonie de douleurs – mais une force mentale, une injonction de survie qui transcendait la peur et l'anéantissement. Elle sentit la conscience la quitter par intermittence, mais une image, persistante, revenait : sa cousine, Chloé. Chloé, son sourire chaleureux, ses bras ouverts, son appartement toujours accueillant.Alexandre, essoufflé par sa propre rage, s'était reculé. La femme blon
Le vernis de leur vie parfaite n'était plus qu'un amas de fragments acérés. La douleur physique des coups d'Alexandre s'estompait, laissant place à des hématomes violacés que Maïa s'efforçait de cacher sous des manches longues et un maquillage épais. Mais la douleur la plus profonde, celle qui rongeait son âme, était invisible, alimentée par la certitude que l'homme qu'elle aimait était désormais capable du pire. L'appartement, autrefois un sanctuaire, était devenu une prison dorée, chaque pas sur le parquet résonnant du poids de sa solitude et de sa peur.Maïa travaillait avec une fureur nouvelle, s'y jetant corps et âme pour échapper à l'atmosphère étouffante de leur foyer. Le cabinet de conseil était son seul refuge, l'endroit où elle pouvait encore être la "Maïa Hayes" compétente et respectée. Elle y restait tard, prétextant des dossiers urgents, ou s'arrangeait pour des déjeuners prolongés avec des collègues, tout pour retarder le moment de rentrer. Alexandre, lui, semblait indif
Le silence était devenu un linceul entre Maïa et Alexandre, un silence si pesant qu’il étouffait les moindres étincelles de leur ancien amour. Les mots doux s'étaient éteints, remplacés par des non-dits cinglants et des regards froids. Mais bientôt, même ce silence précaire allait être brisé par l'écho des premiers chocs, les prémices d'une violence qui allait déchirer le voile de leur existence.Maïa, désespérée, tentait encore de communiquer, de percer le mur de glace qu’Alexandre avait érigé entre eux. Son cœur criait au secours, incapable d'accepter que l'homme qu'elle aimait s'était transformé en étranger, puis en bourreau.Un soir, après un dîner où Alexandre avait à peine prononcé dix mots, Maïa le suivit dans le salon. Il s'était affalé sur le canapé, le regard rivé sur son téléphone, comme si le monde entier se résumait à cet écran lumineux. La tension était si palpable qu'elle crépitait dans l'air.« Alexandre, s'il te plaît, » commença-t-elle, sa voix hésitante mais ferme.
La pression exercée par la belle-famille n'était qu'une partie de la symphonie discordante qui commençait à déchirer la vie de Maïa. Le véritable prélude à la catastrophe venait de la personne qu'elle aimait le plus, l'homme qu'elle avait cru être son roc, son protecteur. Le glissement d'Alexandre fut insidieux, une lente dérive qui commença par de minuscules fissures dans leur union, avant de creuser un abîme infranchissable.Au début, lorsque les remarques perfides d'Éliane et Jean-Pierre s'étaient faites plus acerbes, Alexandre avait joué son rôle de défenseur. Il la serrait contre lui après les dîners tendus, ses mains réconfortantes sur son dos, tandis qu'elle tremblait encore sous le poids des insultes voilées.« Ne les écoute pas, mon amour, » murmurait-il, enfouissant son visage dans ses cheveux. « Ils sont vieux jeu, c'est tout. Ils veulent juste des petits-enfants, et ils ne comprennent pas que ce n'est pas si simple. »Maïa se blottissait contre lui, cherchant refuge dans s