1- La trahison

SIENNA

16 JANVIER 2025

La plus grande idiote de l'univers, c'est moi, Siena Mills.

Pourquoi ? Eh bien, après avoir passé trois ans en prison pour mon mari à cause de mon amour pour lui, je suis sortie de prison pour retourner là où nous étions tous les deux chez nous et apprendre qu'il allait se marier.

Ce n'était pas possible, me suis-je dit. Pour confirmer, je me suis rendue sur place et il était là, debout sur l'autel avec le prêtre et une femme que j'avais déjà vue avec lui.

Mon cœur battait fort et mon estomac se retournait tandis que je me dirigeais vers l'autel où Damien se tenait avec la femme qu'il allait épouser.

Macy ? ai-je hurlé en apercevant le visage derrière ces voiles. C'est bien elle, me suis-je dit.

Macy Shane, l'amie d'enfance de Damien, toujours présente à ses côtés. Je n'en croyais pas mes yeux, il allait épouser celle qu'il prétendait être son « amie d'enfance ».

Macy a toujours été près de nous. Damien disait qu'elle n'avait pas de famille et qu'il était sa seule famille. Elle dormait chez nous la plupart du temps et je la considérais comme une sœur, car c'est ce que Damien disait qu'elle était pour lui.

Comment pouvait-il épouser celle qu'il appelait sa sœur ? Était-elle vraiment comme ça pour lui ou m'avaient-ils tous les deux menti ?

« Si quelqu'un a des objections… »

Je ne savais pas quand j'ai enlevé mes chaussures et les ai lancées en direction de Damien, interrompant l'instant de colère.

« Argh ! » Ma voix a traversé la pièce tandis que je lançais ma chaussure vers le podium où se tenaient Damien et Macy. Des halètements discrets ont retenti dans toutes les directions. La musique s'est arrêtée.

Les regards se sont tournés vers moi comme si j'étais un animal échappé du zoo.

Il s'est retourné aussi. Son visage était froid et posé. Pas l'homme que j'avais supplié pendant d'innombrables nuits derrière les barreaux.

Il s'est éloigné de sa future épouse et s'est approché de moi. L'hôtesse a essayé de me faire sortir, mais il a levé la main.

« Je l'ai invitée », a-t-il dit d'une voix ferme. « C'est une invitée. »

J'avais le vertige. Invitée ? Invitée ? Il ne le pensait pas comme il se doit.

C'est alors que Macy est apparue, agrippée aux bras de Damien. J'ai eu l'impression d'avoir reçu une balle en plein cœur.

« Depuis quand ? » ai-je dit, encore sous le choc qu'il allait épouser sa meilleure amie. Quelqu'un qu'il prétendait considérer comme sa sœur.

« Depuis toujours », a remarqué Macy.

« Laisse-moi m'occuper de ce bébé », lui a-t-il murmuré.

« Bébé ? » ai-je ri, incrédule. « Depuis quand ? »

« C'est pour ça que tu as envoyé ces lettres de divorce ? Pour combien de temps ? Pourquoi ! » ai-je crié.

Il a froncé les sourcils. « Tu ne comprends pas. »

Et une vague de nausée m'a submergée. Ma tête a commencé à cogner fort, à cause de ce que je venais de découvrir. Il me trompait.

Comment ai-je pu ne pas m'en rendre compte ? J'étais une idiote. Les signes étaient là.

Tout a soudainement commencé à prendre sens. Il a changé d'attitude envers moi après mon incarcération. Au début, il me rendait visite, puis il est venu à peine, et la dernière fois, il m'a donné des lettres de divorce.

Il n'a même pas eu le courage de me regarder dans les yeux pour me donner ces lettres. J'ai tellement pleuré ce jour-là. J'ai pensé qu'il s'était passé quelque chose et je lui ai accordé le bénéfice du doute, mais j'étais juste stupide en amour.

Il est passé à autre chose. Il s'en fiche. J'étais juste une idiote.

« Salaud ! » m'écriai-je, perdant le contrôle de mes émotions.

J'ai balancé mes mains vers la table la plus proche, envoyant tout ce qui se trouvait dessus par terre, le verre s'est brisé et les invités se sont éloignés de nous.

Il s'est précipité vers moi et a essayé de m'arrêter. Mais j'étais trop en colère pour m'arrêter.

« Qu'est-ce que tu fous ? » me réprimanda-t-il durement.

J'ai essayé de le gifler, mais j'ai échoué : il m'a attrapé les mains et m'a poussé au sol. J'ai atterri sur les fesses.

« Sors-la d'ici ! » a-t-il crié.

Le gardien derrière moi m'a entraîné avec lui. « Lâche-moi ! Pourquoi m'as-tu fait ça, Damien ? Pourquoi ! »

J'ai réussi à attraper son t-shirt, mais il a retiré mes mains, le visage irrité.

« Sors-la de ce lieu, tout de suite. »

Le gardien m'a traîné dehors comme un criminel. J'ai donné des coups de pied et de jambes pour me libérer, mais en vain. J'ai été jeté dehors comme un déchet. L'air froid m'a frappé au visage et j'ai percuté un pilier, les genoux lâchés.

Je n'avais nulle part où aller. Nulle part où aller du tout.

*********

Damien est rentré à la maison une heure plus tard, plus tôt que prévu.

J'étais à l'extérieur du portail, car je n'avais plus accès à ce que j'appelais chez moi. C'était la maison de mon père et, quand nous nous sommes mariés, je l'ai laissé emménager avec moi, mais maintenant, il l'a pour lui tout seul et je n'avais aucun droit.

Pourquoi ? Parce qu'une fois de plus, j'ai été stupide en amour et j'ai signé son nom sur le contrat de location.

« Qu'est-ce que tu fous ici ? » a-t-il demandé, la voix venimeuse.

« Je… je ne sais pas où j'irai et, au cas où tu l'oublierais, c'est ma maison. » lui ai-je rappelé.

Il a soupiré, ennuyé. « Au cas où tu l'aurais oublié, c'est la mienne maintenant. »

« Mais c'est notre maison. » lui ai-je rappelé, et il a ricané.

« J'en ai rien à foutre ? Je n'ai pas grand-chose à te dire, mais à partir de maintenant, tu es sans abri. Ne reviens pas ici. »

J'ai levé les yeux. Les larmes me brûlaient les yeux. « As-tu la moindre idée de la douleur que tu as causée ? » Il m'a fusillé du regard comme si j'étais un chien errant. « Tu as pris mon nom. Mon argent. Ma réputation. Tu as été emprisonné. Je suis maudit par ta mauvaise réputation partout où je pose les yeux. »

J'ai haleté, incapable de comprendre la froideur de cette déclaration. « C'est toi qui as fait ça. Je suis allé en prison juste pour te protéger. »

Il a levé les yeux au ciel. « Et c'est moi qui te l'ai demandé ? »

« Quoi ? » ai-je lâché, incrédule.

« Exactement. C'est moi qui te l'ai demandé ? Non. Tu as choisi de faire ça, alors ne me fais pas porter tout ça. Tu aurais dû comprendre quand je t'ai envoyé ces foutues lettres de divorce. » Il a craché, sans remords.

Mon souffle s'est arrêté. Plus rien ne semble avoir de sens. C'était trop profond pour que je puisse le comprendre.

C'est comme ça qu'il me récompense après tout ce que j'ai fait ?

Mon cœur s'est effondré sur le trottoir, comme si on m'avait tiré dessus. Mes mains tremblaient. Mes larmes coulaient dans une incrédulité silencieuse.

Damien s'agenouilla et m'observa un instant, comme s'il scrutait un tableau brisé. « Tu as été extrêmement dramatique aujourd'hui », dit-il d'un ton léger. « Arrête de pleurer, tu es épuisante à regarder. »

Ma gorge s'assécha. Épuisante. Qu'il me dise ça.

« C... Comment peux-tu ? » Ma voix se brisa.

« Comment ? » réessayai-je. « Je... Je t'aime. »

Il eut l'audace de marquer une pause. « Tu vois ? C'est pour ça que je ne peux pas t'avoir près de moi. »

Mes larmes me submergeèrent. Peu m'importait qui me voyait. Peu m'importait d'avoir l'air pathétique. J'avais le souffle coupé :

« Macy ? Elle n'est pas censée être ta meilleure amie ? »

« Si, elle l'est. Elle est tout pour moi, c'est exactement ce que tu ne pouvais pas être. Je ne t'ai jamais aimée, Sienna. Je ne t'ai jamais aimée, mais tu as été tellement stupide de ne pas le voir. »

« Ne sois pas surprise », ajouta-t-il. « Je t'ai épousée uniquement par désir. Macy est ma véritable amoureuse, elle l'a toujours été et le sera toujours. »

Je n'arrivais pas à respirer. Ça faisait tellement mal. « Je… »

« Économise ton souffle. Ça ne servira à rien. » Il ne m'a même pas laissé le temps de parler.

Il s'est détourné de moi. « Ma femme m'attend. »

« Je vais révéler la vérité à tout le monde. » ai-je lâché. Il s'est arrêté, les yeux écarquillés de surprise.

« J'ai des preuves sur moi, au cas où quelque chose arriverait, et j'avais raison. » ai-je ajouté, mais c'était un mensonge. Je n'avais rien.

« J'ai les preuves sur moi et je vais faire savoir à tout le monde quel genre d'homme tu es. » Je l'ai fusillé du regard.

Ses yeux m'ont scrutée, il a fixé mes mains que je serrais fort comme si je tenais quelque chose.

Il s'est rapproché de moi d'un pas intimidant. Un sourire narquois a brillé sur son visage. « Tu n'y arriveras pas. Je te le promets. »

Un sanglot s'est échappé tandis que je le regardais s'éloigner. J'avais l'impression que l'air lui-même me manquait.

Je l'ai regardé partir et je suis resté dehors dans le froid, le jour s'assombrissant, sans rien pouvoir faire. J'avais faim, alors j'ai décidé d'aller manger quelque chose.

Après avoir mangé, j'ai décidé de retourner chez mon père et de dormir dehors, car c'était plus sûr là-bas qu'un endroit inconnu, n'ayant nulle part où aller.

Soudain, un éclair de phares est venu de nulle part.

Crash.

Je n'ai entendu qu'un seul cri et j'ai réalisé qu'il venait de moi. Le reste n'est que bruit, une douleur fulgurante dans mon épaule et mon bras.

Ma cheville craquait, la tête en feu.

Quand j'ai perdu connaissance la première fois, je n'ai rien ressenti.

Je me suis réveillé en douleur, la vue brouillée. Ma gorge était irritée et mes vêtements étaient trempés de mon propre sang.

J'ai essayé de bouger, mais je ne sentais plus mes mains ni mes jambes, l'obscurité s'est à nouveau installée. Et puis je l'ai entendu.

Des pas.

Des mouvements. Délibéré.

« … Mademoiselle Sienna… » dit une voix inconnue.

Je me figeai. Mon souffle s'agita comme des ailes brisées tandis que la personne en question marchait autour de moi pendant un moment.

« Damien », dit la voix.

« Oui, monsieur, je l'ai fait, elle est morte, ça ne remontera pas à vous, ne vous inquiétez pas. » ajouta la voix.

« Damien ? » demandai-je mentalement.

Je n'en croyais pas mes oreilles, ma vision se brouilla à nouveau et tout me glissa. Je sentais la vie me quitter.

Dans ma tête, je hurlai : « Seigneur, s'il vous plaît. Laissez-moi me réveiller. Je vais changer, je ne suis plus idiot. Réveillez-moi. »

J'avais besoin de revivre et de corriger mes erreurs.