Chapitre 2

« Nous croyons que la Déesse de la Lune ne se trompe jamais. »

C'est cette phrase d'Élodie qui avait fait céder Julien Laurent.

En réalité, elle ne faisait que le garder sous le coude.

Julien n'était qu'un Alpha sans importance, issu d'une petite meute, tandis qu'Élodie, elle, attendait un meilleur loup-garou, une union plus avantageuse.

Avant de quitter définitivement la meute, j'ai réglé les affaires que mes parents m'avaient laissées. Ensuite, j'ai bu la potion de transfert de lien que m'avait donnée l'enchanteresse.

À peine rentrée dans la maison qui devait devenir mon futur foyer avec Julien, j'ai entendu Élodie minauder :

« Julien, tu vas bientôt conclure le contrat d'union, mais tu veux encore m'emmener à la Forêt du Crépuscule. Ta compagne ne va sûrement plus m'aimer… »

« Elle n'osera pas. »

La voix de Julien était douce.

« Élodie, tu es la personne qui compte le plus pour moi. Elle ne t'arrivera jamais à la cheville. »

« Si elle te traite mal, je romprai son contrat d'union. »

Ma louve a hurlé en moi. J'ai refermé le poing si fort que mes ongles ont marqué ma paume, juste assez pour retenir mes larmes.

Malgré ma décision de partir, Julien avait été mon compagnon pendant plusieurs décennies dans ma vie passée. Et même après tout, ses mots me faisaient encore mal.

J'ai essuyé mes larmes et poussé la porte comme si je n'avais rien entendu.

Julien a soudain repoussé Élodie, le visage embarrassé :

« Élodie avait l'âme-loup instable à l'instant. Je l'ai prise dans mes bras, c'était pour la rassurer. »

J'ai répondu d'un simple « Hmm. »

Puis je suis allée directement dans ma chambre, sans un mot de plus.

Dans ma vie passée, je les avais vus s'enlacer des dizaines de fois. J'avais crié, supplié, pleuré — sans effet.

Dans cette vie, je ne comptais plus gaspiller mon énergie.

Julien m'a interpellée :

« Claire, tu as envoyé les invitations pour notre cérémonie d'union ? J'ai préparé quelques cadeaux pour les invités. Tu pourrais t'occuper de leur distribution ? »

Je n'ai pas compris d'où venait son enthousiasme soudain. Peut-être était-ce la première fois qu'il se sentait coupable après m'avoir surprise en train de les regarder s'enlacer.

« Distribue-les comme tu veux, » ai-je répondu d'un ton calme. « Tu n'as pas besoin de me demander. »

Il a semblé figé un instant, sans doute surpris que je le refuse aussi nettement.

Élodie s'est levée, l'air blessée, et s'est approchée de Julien :

« Claire, il voulait juste m'aider… Ma louve n'allait pas bien aujourd'hui. Tu te méprends… »

Dans ses mains, elle tenait le bouquet que j'avais préparé pour la cérémonie d'union.

Les fleurs de lune étaient rares et difficiles à cultiver. Dans ma vie passée, j'avais dépensé la moitié de mes économies pour acheter des graines à un vagabond. J'en avais pris soin chaque jour, pendant une année entière, jusqu'à ce qu'elles fleurissent enfin.

Je croyais sincèrement qu'en tenant ce bouquet béni par la Déesse de la Lune le jour de la cérémonie, Julien et moi serions un couple heureux jusqu'à la fin de nos jours.

Et maintenant, tout avait été arraché avant la cérémonie.

Lorsque mon regard s'est posé sur les fleurs, Élodie a changé d'expression en un instant.

« Ma louve était agitée aujourd'hui… En passant devant le jardin, j'ai accidentellement piétiné quelques fleurs. Alors je les ai ramassées… »

Ses yeux se sont humidifiés. Elle a regardé Julien d'un air flou, noyé dans les larmes.

Julien lui a caressé la tête, avant de me jeter un regard réprobateur :

« Claire, c'est moi… »

Je lui ai fait signe de se taire.

« Elles sont déjà cueillies, autant les garder en vase. De toute façon, elles ont été cultivées pour ça. »

Dans ma vie passée, après notre cérémonie d'union, ils s'étaient accouplés dans mon jardin. Julien avait même bloqué notre lien mental pour que je ne ressente rien.

C'est en me levant au milieu de la nuit, incapable de dormir, que j'étais tombée sur eux. Même aujourd'hui, ce souvenir me donnait la nausée.

Je n'ai rien ajouté. J'ai fermé la porte derrière moi et verrouillé d'un seul geste, laissant deux visages figés derrière moi.

J'ai sorti la lettre d'admission papier que j'avais reçue l'après-midi même. Je la caressais lentement du bout des doigts.

Dans ma vie passée, j'avais déjà été acceptée à Harvard. Mais je ne l'avais jamais dit à personne.

Julien pensait que je n'avais été admise qu'à une université ordinaire. Il s'était plaint qu'en partant en mission, il n'y aurait plus personne pour s'occuper de la meute et son père malade.

Et j'avais accepté de rester, abandonnant une université parmi les meilleures du monde, juste pour lui assurer un foyer stable pendant son absence.

Dans cette vie, je ne voulais plus rien sacrifier. Je voulais simplement courir vers un avenir lumineux, mon propre avenir.

Il ne restait que sept jours avant la rentrée. Mais il me restait encore beaucoup à faire avant mon départ.

La potion de l'enchanteresse mettrait sept jours à faire effet.

La voix de Julien a résonné de l'autre côté de la porte. J'ai froncé les sourcils.

Puis on a frappé à la porte, soudainement. À contrecœur, je me suis levée pour ouvrir.

Il se tenait là, tenant une petite boîte à bijoux. Il a soulevé le couvercle. Son expression se voulait douce.

« Je l'ai achetée à la vente aux enchères avant-hier. Une pierre précieuse — un rubis — parfaite pour la pièce centrale de ta couronne. »

Je suis restée figée un instant.

Après avoir vu tant de froideur chez lui dans ma vie passée, cette initiative m'était presque étrangère.

« Tu peux le reprendre. Je n'en ai pas besoin. »

« Mais ta couronne est encore incomplète. Tu vas sortir d'où, une autre pierre ? »