Chapitre 3

Ses paroles ont fait hurler ma louve. Lorsque je la calmais mentalement, j'ai répliqué, la voix froide :

« Tu ne sais pas pourquoi ma couronne de Luna est encore incomplète ? »

Dans ma vie passée, la pierre précieuse de cette couronne avait été arrachée par Élodie. J'avais été furieuse, bien sûr, mais j'avais fini par céder — parce qu'elle était sa sœur adoptive. J'avais donc utilisé une grande partie de mes économies pour acheter un diamant et le remplacer.

Mais aujourd'hui, je ne ressentais plus rien. Et il était hors de question que je sois encore assez stupide pour dilapider mon héritage dans cette absurdité.

J'ai encore des frais de scolarité à payer.

J'ai levé légèrement les lèvres :

« Je t'ai donné 20 000 euros il y a quelques jours, pour que tu m'achètes un accessoire chez la meute voisine. »

Je l'ai regardé dans les yeux.

« Finalement, je ne le veux plus. Rends-moi l'argent. »

Il a légèrement figé en tenant la pierre précieuse, puis a froncé les sourcils et murmuré :

« Élodie aime bien un parfum en édition limitée. Je n'avais pas assez sur moi, alors j'ai juste emprunté un peu, temporairement. »

Ma louve a ricané dans mon esprit. Je n'ai rien répondu. J'ai simplement refermé la porte d'un geste calme, sans expression.

De l'autre côté, la voix de Julien s'est élevée, furieuse :

« Tu vas signer un contrat d'union avec moi, et tu fais toute une histoire pour un peu d'argent ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Je comptais te le rendre ! »

J'ai rouvert la porte, froide. J'ai pris tous les bibelots sans valeur qu'il m'avait offerts au fil du temps et les ai jetés vers lui.

« Reprends ces merdes et offre-les à Élodie. On verra si elle les accepte. »

Son visage s'est assombri, mais il n'a rien répliqué. J'ai soufflé un rire sec et suis retournée dans ma chambre pour dormir.

Ma louve a hoché la tête avec satisfaction.

« Bien joué. C'est comme ça qu'il faut faire. »

...

Le lendemain, j'ai commencé à faire du tri.

Y compris le vieux médaillon qu'il m'avait offert quand nos loups s'étaient reconnus pour la première fois.

Aujourd'hui, je voyais bien que ce n'était rien d'autre qu'un bout de ferraille imbibé de fausses promesses.

Alors que je continuais à ranger, Julien est entré et m'a lancé une liasse de billets.

« Tiens. Voilà pour toi. »

J'ai jeté un coup d'œil. 20 000 euros. J'ai hoché la tête, sans dire un mot.

Il m'a regardée ranger mes affaires sans s'arrêter, fronçant les sourcils.

« Il y a peu de places dans la voiture pour la mission à Paris. J'ai promis à Élodie de l'emmener. »

Il a hésité un moment.

« Tu n'as pas besoin de faire tes valises. »

Je ne l'ai pas regardé, j'ai continué à trier mes affaires comme s'il n'existait pas.

Il m'a observée un instant, puis a soufflé, agacé :

« Qu'est-ce qui te prend ? Je t'ai dit que tu ne partais pas, alors pourquoi tu fais tes bagages ? Tu n'es plus la même. »

Je me suis arrêtée, puis je me suis tournée vers lui.

Je savais qu'il n'avait jamais vraiment voulu que moi. Mais il ne savait pas que j'avais signé le nom d'Élodie à la place du mien dans le registre de Luna. S'il le découvrait avant mon départ, ce serait problématique.

Je ne voulais plus qu'il ait la moindre prise sur moi.

« Je prépare mes affaires pour déménager. »

Traditionnellement, une Luna emménage au château central de la meute après la cérémonie d'union.

S'il pensait que c'était pour ça, tant mieux. Qu'il reste dans l'illusion.

Son expression s'est un peu adoucie, puis il a ajouté :

« Je ne t'exclus pas, c'est juste qu'Élodie n'est jamais sortie de la meute… D'ailleurs, l'Alpha a accordé une admission directe à Sciences Po Paris. Tu veux bien lui laisser ta place ? Il y en aura d'autres l'année prochaine, je te mettrai sur la liste. »

J'ai figé un instant.

Ma louve, elle, s'est hérissée immédiatement.

« C'était NOTRE place ! Comment ose-t-il la lui donner ? »

En apparence, j'ai gardé mon calme et j'ai hoché la tête, mais mes poings se sont resserrés discrètement.

Cette admission était destinée à la Luna de notre meute. Il n'y aurait pas d'autre chance. C'était une manœuvre politique de l'Alpha pour unifier la formation des Lunas dans le cadre de son projet d'organisation.

Et Julien… Il venait tout bonnement de l'offrir à Élodie.

Dans ma vie passée, j'avais attendu en vain pendant quatre ans. Jusqu'au jour où il était rentré seul. Élodie, elle, avait épousé le commandant de la première légion de Paris.

Avant, j'étais toujours celle qui cherchait à prolonger la conversation. Aujourd'hui, après avoir échangé autant de phrases, je n'ai pas dit un seul mot inutile — et ça semblait le déstabiliser.

« Tu voulais voir les alliances, non ? » Il a tenté de sonder ma réaction. « On pourrait y aller demain, si tu veux. »

Je n'en avais aucune envie. Demain, j'avais prévu de régler les derniers biens immobiliers que m'avaient laissés mes parents.

Alors que j'hésitais encore sur la manière de refuser poliment, la voix d'Élodie s'est faite entendre depuis le couloir :

« Julien, tu seras libre demain ? »

Julien lui a doucement tapoté le front, et il a dit d'un ton tendre :

« Je vais au centre commercial avec ta belle-sœur. Tu peux venir aussi. »

« Je dois aller voir la grande prêtresse demain… Je vous laisse. »

Julien a immédiatement fait la moue :

« Tu peux la voir un autre jour. Demain, on va d'abord choisir les alliances. »

Sa voix était douce, mais son ton trahissait son contrôle habituel.

Élodie, faussement blessée, a soupiré d'une petite voix :

« C'est Claire qui ne veut pas de moi avec vous, pas vrai ? »

Je n'avais aucune envie de jouer à ce jeu.

J'ai simplement hoché la tête et dit : « D'accord, on y va. »

Le lendemain matin, à peine descendue, j'ai vu Julien remplir avec zèle l'assiette d'Élodie.

Sur mon téléphone, le compte à rebours s'est affiché : Encore cinq jours.

Et je n'aurais plus jamais à voir ces deux visages répugnants.

Quand ils ont enfin fini leur petit-déjeuner, Julien s'est levé pour porter le sac d'Élodie avec empressement.

Je les ai observés de loin, silencieuse.

Dans ma vie passée, je croyais que devenir sa Luna signifiait que lui aussi prendrait soin de moi ainsi.

J'étais encore perdue dans mes souvenirs quand Julien s'est approché et m'a tendu une petite boîte.

À l'intérieur, un anneau orné d'une pierre précieuse.

« C'est le symbole de la Luna de notre meute. Je te le donne en avance. »

Je n'ai pas bougé.

Dans ma vie passée, il ne m'avait jamais remis ce soi-disant symbole.

Élodie s'est immédiatement approchée, les yeux brillants :

« Waouh… La pierre sur le sceau est tellement belle ! J'aimerais tellement en avoir un moi aussi... »