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Chapitre 4

Author: Liora
J'ai souri doucement.

« Alors garde-le, je te le donne. »

Le visage de Julien Laurent s'est assombri. Il a lancé, à voix basse :

« Ne fais pas l'idiote. C'est le symbole de Luna. »

Mais Élodie a déjà attrapé l'anneau et l'a passé à son doigt. Elle a levé la main devant lui, les yeux brillants :

« Regarde, Julien… Tu trouves que ça me va ? »

Il l'a regardée avec une tendresse insupportable. Il a aussitôt hoché la tête.

Ce n'est qu'après qu'il s'est souvenu de ma présence. Il s'est retourné et a ajouté, à voix plus basse :

« On laisse Élodie le porter un moment… Mais je te le donne le jour de la cérémonie. »

J'ai répondu d'un simple « D'accord », indifférente.

Ce genre de chose, dans ma vie passée, s'était produit bien trop souvent. Et jamais rien ne m'avait été rendu.

Nous sommes arrivés au centre commercial. Élodie a été la première à essayer tous les modèles de bagues, une par une. Puis elle a entraîné Julien pour regarder d'autres bijoux.

Quand ça a été mon tour, à chaque modèle que je prenais en main, Élodie trouvait toujours une critique à faire.

La vendeuse, un peu gênée, m'a dit :

« Je suis désolée, ce sont tous les modèles que nous avons. »

J'ai ravalé un rire. Un Alpha de la meute, qui vient choisir des bagues déjà prêtes au lieu d'en commander une sur-mesure pour sa Luna… Cela suffisait à montrer à quel point il se fichait de moi.

Mais à l'extérieur, je suis restée calme.

« Laisse tomber. Je reviendrai un autre jour. »

En sortant du centre commercial, Julien a soudain sorti de la poche de son manteau un billet de train.

Il me l'a tendu. Un aller simple, direction Paris, debout, dans quatre jours.

« Ce n'est pas que je veux t'abandonner, » a-t-il dit.

« Mais on n'a obtenu qu'un seul laissez-passer pour un véhicule. Élodie et moi allons d'abord nous installer à Paris, tu nous rejoindras plus tard. »

J'ai regardé le billet. Le sourire sur mes lèvres s'est lentement figé.

Le trajet depuis notre meute jusqu'à Paris prendrait trois jours et trois nuits. Et lui pensait que je tiendrais debout tout ce temps ? Un Alpha qui offre une place debout à sa Luna ? Quelle humiliation...

Et surtout…

Il n'y avait qu'un seul accès direct à Sciences Po Paris — un seul nom sur la liste. Et il emmenait Élodie. Je devais y aller pour quoi ? Pour faire la cuisine ?

La réponse était évidente.

En me voyant accepter le billet, Julien a paru soulagé.

« Même si tu n'as pas fait d'études, je ne t'en tiendrai jamais rigueur, tu sais. Tu es ma seule Luna. Je veux vivre avec toi jusqu'à la fin. Ce que je ressens pour Élodie, c'est purement fraternel. »

Je l'ai regardé, surprise. Dans ma vie passée, il n'avait jamais dit ce genre de choses.

Soudain, un camion de transport a déboulé au coin de la rue.

Julien a réagi immédiatement. Il a tiré Élodie pour l'écarter du passage.

Mais dans son mouvement, il m'a marché violemment sur le pied. La douleur m'a paralysée.

Le camion a brusquement changé de direction… et m'a percutée de plein fouet.

Je me suis retrouvée projetée au sol, traînée sur plusieurs mètres. Mon corps ne me répondait plus. Je ne pouvais plus me relever.

Le chauffeur a sauté hors du véhicule, paniqué :

« Vous allez bien ?! Je suis désolé, je ne vous ai pas vue ! Je vais vous emmener à l'hôpital tout de suite ! »

Autour de moi, des passants appelaient déjà les secours. J'ai levé la tête, difficilement. Julien était là-bas. Il tenait Élodie dans ses bras, l'air effrayé, comme si je n'existais pas.

Cette soi-disant affection fraternelle… quelle plaisanterie.

Le chauffeur m'a conduite au centre médical. Heureusement, je n'avais que des blessures superficielles, déjà en partie guéries. Par précaution, ils m'ont gardée une nuit.

Je suis restée allongée, l'esprit vide.

La nuit, Julien est entré dans la chambre, l'air mal à l'aise.

En me voyant éveillée, il a semblé surpris.

« Claire… Tu vas bien ? Je m'occupe de ta sortie demain matin. »

Je l'ai regardé, sans expression.

Il a baissé la voix :

« Élodie a été très choquée. Je suis resté pour la rassurer… »

Sa voix se faisait de plus en plus faible.

« C'est arrivé tellement vite… Élodie était plus proche, j'ai réagi par instinct… Je ne savais pas que tu allais te faire percuter. »

Je l'ai interrompu, glaciale.

« Tu pars quand à Paris ? »

« Demain matin. » Il a répondu d'une voix basse.

« Bien. Tu peux y aller. »

Je me suis tournée, prête à dormir.

Il est resté immobile un instant, puis est parti.

Le lendemain, sa mère est venue me rendre visite, une marmite de soupe de cerf entre les mains.

« Claire, Julien m'a tout raconté. Tu te sens mieux ? »

« Je peux sortir aujourd'hui. Merci de t'inquiéter. »

Elle a déposé le bol sur la table, puis a commencé à parler sans fin :

« Tu sais, Julien n'a jamais vraiment su s'occuper des autres. Et puis Élodie… elle a eu très peur… »

Elle s'est interrompue brusquement, comme si elle venait de se rendre compte qu'elle en disait trop.

« Madame Laurent, c'est avec Élodie que Julien va signer le contrat d'union. »

Elle a figé.

« Quoi ? »

« Sur le registre de Luna, j'ai inscrit le nom d'Élodie. »

Un sourire de joie a traversé son visage.

« Claire… merci. Tu leur laisses leur chance. Mais… ton lien avec Julien… »

« Je m'en occuperai. Ne le dis ni à Julien, ni à Élodie. »

Elle m'a saisi la main, émue.

« Je comprends. Tu vas aller où ? »

« Je pars dans quelques jours. »

Je n'ai pas précisé la destination.

Elle voulait continuer, mais j'ai fermé les yeux.

Le jour de ma sortie, je n'ai prévenu personne.

Avant de partir, j'ai envoyé un message à Julien.

« Julien :

Je suis déjà partie. Je suis en route pour l'aéroport, mon vol part dans quelques heures.

Je sais que tu aimes Élodie, alors je vous laisse la place.

Que la Déesse de la Lune vous bénisse. »

J'ai joint à ce message le billet de train qu'il m'avait donné pour Paris, ainsi qu'une copie du registre de Luna. Je les ai envoyés à l'adresse de son lieu de séjour à Paris.

Ensuite, j'ai embarqué sur mon vol pour Cambridge, direction Harvard.

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