CHAPITRE 4

LE POINT DE VUE DE CÉLINE

Je me blottis plus près du lit, soulevant ma couette jusqu’à mon menton, les yeux grands ouverts, lorsque j’entends frapper légèrement à la porte. Je suis réveillée depuis la nuit dernière et Paxton a proposé de veiller avec moi, mais j’ai refusé.
Je ne veux pas le déranger et je suis sûre que c’est lui qui sonne. C’est un bon ami depuis qu’il a emménagé dans l’appartement à côté du mien. Je ne sais pas grand-chose de lui, car j’ai toujours peur de poser des questions à son sujet, de peur qu’il ne fasse de même.

Mon passé avec Bryan n’est pas quelque chose que je regrette, à cause de la belle chose qui est ressortie de notre relation, mais j’ai honte de raconter à qui que ce soit comment tout cela est arrivé. Je ne veux pas qu’on me juge ou qu’on me traite de manipulatrice. Parfois, j’en ai l’impression.

Les coups persistent, et je me force à descendre du lit, ignorant mon corps faible et mes yeux lourds, tandis que je me dirige vers la porte, la couette enroulée autour de ma tête. Je tourne la poignée, et la porte s’ouvre.

— Salut, me sourit Paxton, debout sur le seuil, vêtu d’un t-shirt propre et d’un jean délavé.
— Salut, je ne lui rends pas son sourire. Je me retourne et entre dans la maison. Il me suit d’un pas traînant et calme après avoir refermé la porte.

Si les circonstances avaient été différentes, j’aurais été heureuse de l’avoir là pour tuer l’ennui et m’aider à jouer avec Jason pendant que je fais les tâches ménagères. Mais pour l’instant, j’ai juste envie de me complaire dans la pitié, allongée sur mon lit, à penser à mon bébé et à souhaiter que le monde continue sans moi.

Je ne vois aucune raison de vivre sans mon bébé. C’est grâce à lui que je reste forte et courageuse face aux défis que la vie m’a lancés jusqu’à présent, mais sans lui, je n’ai aucune motivation pour continuer.

J’aurais souri à Paxton en retour, mais je ne suis pas d’humeur à sourire ni à faire quoi que ce soit d’excitant. Je veux juste retrouver mon bébé, et je sais que le sourire viendra naturellement s’il peut me revenir.

— Céline, ne sois pas dure avec toi-même, dit-il en se tenant debout au-dessus de moi, tandis que je m’assois sur le lit, la tête appuyée contre la tête de lit, les yeux fermés.

Je ne réponds pas et je sens sa présence dès qu’il s’assoit.
— Céline, appelle-t-il.

Je cligne des yeux et expire avant de lui faire face, les yeux rouges de manque de sommeil.
— Je n’y peux rien, dis-je, la voix tremblante, au bord des larmes.

Il me fixe un moment avant de me demander :
— Tu as dormi ?
Je secoue la tête. Il soupire.
— Tu as mangé ?
— Je n’ai pas faim, lui dis-je.
— Tu devrais au moins manger quelque chose, me persuade-t-il, mais je secoue à nouveau la tête et ferme les yeux.

Je ne l’entends plus rien dire après quelques instants de silence, et j’ouvre les yeux, curieuse, pour le voir se diriger vers la cuisine.
Je sais ce qu’il veut faire, mais je ne l’en empêcherai pas.

Ce n’est pas la première fois qu’il cuisine pour Jason et moi. L’idée me semble familière, mais différente, car Jason n’est pas là. Il va simplement cuisiner pour moi seule.

Le sanglot que je retenais s’échappe de ma gorge et finit par sortir. Je m’enfonce rapidement dans le lit et me couvre de la couette, tête comprise.
Je ne veux pas qu’il sache que je pleure. Je sens que c’est ce qu’il faut que je fasse pour tout évacuer.

De plus, plus je pense à tout, plus il me semble impossible de récupérer mon fils. Je sais que Bryan se battra avec tout ce qu’il a, et moi, je n’ai rien.
Je ne suis qu’une pauvre femme qui a du mal à subvenir à ses besoins et à ceux de son fils.

Le tribunal n’hésiterait pas à accorder à Bryan tous les droits sur Jason, car il est évident que je suis incapable de bien m’occuper d’un enfant qui est censé être celui d’un milliardaire.

Cette prise de conscience me fait pleurer sous ma couette, sans me soucier le moins du monde de savoir si Paxton finira par me connaître à nouveau ou non.

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Point de vue de Paxton

J’ai toujours su qu’il y avait une histoire derrière le sourire et les yeux tristes de Céline. C’est une femme forte qui a gardé tout cela pour elle sans le laisser sortir pendant longtemps.

Elle a attiré mon regard dès que je l’ai vue, quand j’ai emménagé dans le quartier.
Au début, je ne savais même pas qu’elle avait un bébé, jusqu’à ce que je me rapproche d’elle, car je cherchais toujours des excuses pour l’aider à rentrer avec ses sacs de courses ou la conduire gratuitement en ville.

Quand j’ai vu Jason, je suis tombé amoureux de lui aussi.
C’est un garçon mignon, et j’ai été soulagé de ne voir aucun homme venir la voir ou prétendre être le père de Jason.
Je voulais tellement compter pour elle et son fils.

Je suis venu ici pour me déguiser en quelqu’un d’autre, mais les larmes de Céline me font hésiter à laisser tomber mon déguisement pendant un moment et à montrer ma véritable identité à celui qui est le salaud qui lui cause tant de douleur.

J’ai appelé Caleb hier soir pour informer les gars de ce qui s’est passé récemment et de l’aide dont j’aurai besoin.
Caleb a promis de venir ce matin, et je l’attends toujours, pendant que je cuisine pour Céline, alors qu’elle pleure.

Mon téléphone sonne après que j’ai fini de couper les oignons. Je m’essuie la main avec la serviette et sors mon téléphone de ma poche.
Le nom de Caleb s’affiche à l’écran et je sais instantanément qu’il est là.

Je lâche le téléphone en hâte et ouvre les pâtes en sauce avant d’y verser les oignons coupés en dés. Je remue un moment avant de refermer la casserole.

Dès que j’ai fini de baisser le feu, je prends mon téléphone et me dirige vers le salon.
Sa chambre et le salon sont attenants, alors je l’appelle :
— Chérie, je reviens tout de suite, lui dis-je avant de sortir sans attendre sa réponse.

J’aperçois la voiture de Caleb dans le garage et je m’approche avant qu’il ne sorte avec Ryan et Logan.

— Où est-elle ? me demande Caleb.
— Elle est à l’intérieur, dis-je, en montrant sa porte du doigt.

Nous retournons rapidement vers la porte en silence, et je l’ouvre pour voir Céline se lever.
Je suis stupéfait de voir ses yeux déjà secs.

— Céline, dis-je, et elle lève les yeux vers moi depuis la cuisine. Son regard se pose sur celui de Caleb.

Je lui fais signe de s’approcher, ce qu’elle fait, l’air perplexe.
Je demande à Caleb et aux autres d’aller s’asseoir dans le salon.

— Qui sont-ils ? demande-t-elle, les cheveux en bataille, dans un murmure.
— C’est mon frère et ses amis, ai-je présenté avec un sourire.

Elle les regarde avant de me fixer.
— Pourquoi sont-ils là ? demande-t-elle à nouveau d’une voix douce.
— Pour nous aider à récupérer Jason, dis-je.

Je ne lui ai pas assuré que j’allais récupérer son fils pour rien. Quand j’ai dit que j’allais récupérer Jason, je le pensais vraiment.

Elle secoue la tête.
— Non, tu ne peux pas.
— Quoi ?
— Tu ne peux pas. Je connais le genre de personne qu’est Bryan. C’est un homme dangereux. Tu ne peux pas y aller et en revenir vivant. Il fera tout ce qu’il peut pour que Jason ne ressorte plus de son manoir, explique-t-elle, la peur embrumant ses yeux.

Je souris intérieurement.
Elle n’a aucune idée de qui je suis et à quel point je peux être dangereux quand je le veux.

— Ne t’inquiète pas. On peut y arriver, dis-je en lui touchant le bras, mais elle s’éloigne.
— Non, je ne vais pas soutenir ça. Dis-leur de ne plus s’en soucier. Je m’en occupe toute seule, marmonne-t-elle en me tournant le dos avant de s’éloigner.

Je la fixe, bouche bée.