LOGINLorsqu’une célèbre actrice internationale, Éléa Morgan, disparaît mystérieusement à la veille d’une tournée médiatique très attendue, le monde s’interroge. Peu après, une femme énigmatique, Isis Valen, surgit sous les traits d’Éléa, maîtrisant ses gestes, sa voix, ses tics… à la perfection. Elle trompe les fans, les journalistes et même l’entourage proche de la star y compris son mari, Hugo, et leur petit garçon, Milo, âgé de 2 ans. Mais qui est-elle vraiment ? Et que cherche-t-elle en prenant la place d’Éléa ? À mesure que l’histoire avance, on découvre qu’Isis n’est pas une simple imitatrice : elle partage un lien profond, sombre et ancien avec la véritable Éléa. Ce vol d’identité n’est que la première étape d’un plan de vengeance méticuleux, nourri par des blessures d’enfance et un passé commun longtemps enfoui. Tandis qu’Éléa, retenue prisonnière dans un lieu inconnu, tente de retrouver sa liberté, sa voix et son fils, un jeu d’illusions et de manipulations se déploie autour de la famille Morgan. Entre faux-semblants, trahisons et révélations, la frontière entre vérité et mensonge devient aussi fragile que le reflet d’un miroir brisé.
View MoreIsis
La lumière de la loge baignait la pièce d’un éclat doux, presque irréel. Tout était silence, suspendu, contenu comme un souffle qu’on retient avant l’abîme. Face à moi, le miroir renvoyait un visage que je n’avais pas construit, pas vraiment, mais que j’avais appris à habiter. Pommettes hautes, bouche pleine, regard d’ambre bordé de khôl. Ce n’était pas mon visage. Ce n’était pas moi. Mais c’était celle que j’étais devenue. Une autre peau. Une peau parfaite. Une illusion.
Je tendis la main vers la coiffeuse, saisis la mèche rebelle qui s’obstinait à trahir l’ondulation impeccable, et l’ajustai. Puis je fermai les yeux. Lentement. Longtemps. J’écoutai le silence. Le cœur battant. Chaque battement me rappelait que j’étais encore en vie, que je respirais sous le mensonge.
Dans quelques instants, je sortirais. Je marcherais sur ses pas. J’habiterais son nom, son corps, son ombre. J’incarnerais Éléa Morgan.
Je murmurai ce nom, pour moi seule. Il vibra dans ma poitrine comme une incantation interdite.
Une bouffée de son parfum flotta autour de moi. Jasmin, musc blanc, et cette note amère, étrange, envoûtante. Amande grillée, peut-être. Il n’existait qu’un seul flacon, fabriqué à la demande pour elle. Je l’avais volé. Je m’en enduisais les poignets, la nuque, les cheveux, comme un rituel sacré. Chaque goutte était une promesse. Chaque goutte me rapprochait d’elle. D’elle ou de moi ? Je ne savais plus.
« Tu es parfaite. »
La voix du maquilleur me parvint comme un écho voilé. Je tournai la tête. Sourire calibré. Celui d’Éléa, celui que j’avais répété jusqu’à la crampe. Lèvre gauche relevée, dent dissimulée, regard légèrement de biais. J’étais prête. J’étais elle.
Je me levai. Ma robe glissa sur ma peau comme un souffle. Tissu noir, satiné, sans pli, sans imperfection. Elle l’aurait portée ainsi. Je le savais. Je l’avais vue. Des centaines de fois. Chaque interview, chaque apparition, chaque cliché volé. Mon corps connaissait par cœur le mouvement exact de ses hanches, l’inflexion de sa voix, les silences qu’elle cultivait. Isis Valen avait disparu dans l’apprentissage. Elle s’était consumée pour que l’autre renaisse.
J’étais un simulacre. Mais j’étais sublime.
La porte s’ouvrit. Le monde m’attendait.
Les flashs me frappèrent de plein fouet. Le tapis rouge s’étendait comme une langue de feu sous mes talons. Les photographes hurlaient mon nom. Son nom. Leurs voix s’élevaient, s’entrechoquaient, se mêlaient à la lumière, à la foule, à l’ivresse.
Je levai la main, fis un signe bref. Une mimique. Celle qu’elle faisait à chaque apparition. L’ovation fut immédiate.
Je n’étais pas là. C’était elle. Et ils la croyaient vivante.
« Éléa ! Par ici ! »
Le nom tomba sur moi comme une pluie brûlante. Mon souffle se coupa. Mes jambes tremblaient. Mais je tenais. Je devais tenir.
Je pris la pause. Tête inclinée. Regard profond. Genou légèrement fléchi. Une sculpture vivante. Un mensonge.
Et puis… je le vis.
Hugo.
Il était là, dans la foule privée, là où les invités attendaient. Ses yeux me cherchèrent. Ses yeux s’arrêtèrent. Sur moi. Il y avait dans son regard quelque chose d’ineffable, de douloureusement familier. De dangereux. Il tenait la main de Milo.
Milo.
Le petit garçon fixait mon visage, confus. Mais il souriait. Il ne me reconnaissait pas. Il reconnaissait elle. Et moi, je savais tout de lui. Sa respiration. Ses peurs. Ses réveils agités. Ses rires.
Je sentis mon cœur déraper. Une fissure.
Hugo s’approcha. Il posa la main sur ma taille. Son torse se contracta. Il m’embrassa sur la tempe. Comme un mari aimant. Un geste simple. Mais pour moi, c’était un raz-de-marée.
— Tu es magnifique, dit-il à voix basse.
Je fermai les yeux une fraction de seconde. Pour ne pas vaciller. Sa voix, je l’avais écoutée des nuits entières. Dans des vidéos, des enregistrements, des souvenirs volés à une autre. L’entendre pour moi pour elle, mais à travers moi me vrilla l’âme.
Je souris. Éléa aurait souri ainsi.
— Merci, mon cœur, murmurai-je.
Milo gigota. Je le pris dans mes bras. Il hésita, puis s’accrocha à moi. J’étouffai une larme. Sa joue toucha la mienne. Sa chaleur me transperça.
Toute la soirée, je fus parfaite.
Cocktails, flashs, journalistes, mondanités. Je me mouvais comme elle. Parlais comme elle. Ris comme elle. Je m’étais effacée dans la perfection d’un rôle. Et tous y croyaient.
Mais c’est dans la voiture que tout bascula.
Hugo glissa la main sur ma cuisse. Doucement. Avec la tendresse d’un homme qui connaît chaque centimètre. Je n’eus aucun mouvement de recul. Je l’acceptai. Je l’invitai. J’ouvris légèrement les jambes. Mon souffle changea.
Il approcha ses lèvres de mon oreille.
— Ce soir, j’ai envie de toi.
Ses mots m’engloutirent. J’avais attendu ce moment dans le secret le plus absolu. Rêvé. Fantasmé. Et pourtant, j’étais consciente de l’horreur. De l’illusion. Je n’étais pas celle qu’il aimait.
Mais je voulais y croire. Juste cette nuit.
— Alors prends-moi, dis-je.
Il s’immobilisa, surpris. Éléa n’aurait pas répondu ainsi. Il y eut un silence. Puis un éclair de désir traversa son regard.
— Ici ? demanda-t-il.
Je le fixai.
— Ici. Maintenant.
La voiture filait dans la nuit. Les vitres teintées. Le monde au-dehors était une abstraction. Je n’étais plus que sensation. Brûlure. Folie. Il se pencha. M’embrassa. Sa bouche sur la mienne. Sa main sous ma robe. Et moi, offerte. Tremblante.
Pas Isis. Pas Éléa. Quelque chose entre les deux.
Chaque geste, chaque soupir, chaque vibration de son corps contre le mien m’enchaînait un peu plus. À lui. À elle. À ce mensonge gigantesque qui menaçait de m’engloutir.
Je jouais un rôle.
Je le dominai.
Je me perdais.
Je devenais Éléa Morgan.
Mais pour combien de temps encore… avant que tout s’écroule ?
HugoElle lâche Milo un instant, se jette dans mes bras. Je l’enserre, je la soulève presque du sol. Elle sent le voyage, le vent salé, et en dessous, cette odeur fondamentale qui est la sienne. Mon Éléa. Mon épouse. Revenue.— Je suis rentrée, murmure-t-elle dans mon cou. Je suis rentrée.Nous restons ainsi un long moment, enlacés tous les trois, un îlot de retrouvailles au milieu du flux indifférent de l’aéroport. Les passagers nous contournent avec un sourire.Finalement, nous nous séparons. Elle tient Milo par la main, moi, je prends son sac. Nous marchons vers la sortie, vers la voiture, vers la maison. Elle parle par bribes, excitée.— C’était incroyable, Hugo. Dur, mais incroyable. Barrand est un génie. Les paysages… Et vous ? Le jardin ? Les tomates ?— Les tomates étaient délicieuses. Milo en a gardé des graines pour toi.— Vraiment ?Elle se penche vers Milo, l’embrasse sur le front.Dans la voiture, sur le chemin du retour, elle est silencieuse un moment, regardant défiler
ÉléaJe hoche la tête, les larmes coulent enfin, silencieuses, chaudes sur mes joues. Il les essuie du pouce.— Je t’aime, Hugo. Je t’aime de cet amour qui a survécu aux tremblements de terre. Je t’aime de cet amour qui a choisi de repartir, et pas de s’accrocher aux ruines.— Moi aussi, je t’aime. De cet amour-là. Maintenant, va. Va conquérir tes propres échos.Il m’embrasse. Un baiser long, profond, doux et salé de nos larmes mêlées. Un baiser qui dit au revoir, bon courage, et à très vite. Un baiser qui est une promesse.Quand nous nous séparons, je vois Milo qui agite sa petite main depuis la porte. Je lui envoie un baiser.Je monte dans la voiture. La portière se referme avec un bruit sourd, coupant le monde extérieur. Je baisse la vitre. Hugo est resté là, les mains dans les poches, droit, solide. Milo le rejoint, prend sa main.Le chauffeur démarre. La voiture s’éloigne sur le chemin de gravier. Je me retourne, je les regarde jusqu’à ce que la maison, le jardin, les deux silhou
ÉLÉATrois mois. C’est à la fois une éternité et un battement de cil. Trois mois depuis la découverte de la boîte. Depuis le serment dans la terre. Depuis la nuit où nos corps ont scellé notre redécouverte. Et depuis que le script des Échos du Silence est entré dans nos vies.Aujourd’hui, c’est le jour du départ.Le jardin n’est plus une promesse. C’est une réalité. Les lavandes ont pris, dégageant une senteur douce et apaisante le soir. Les plants de tomates grimpent le long de leurs tuteurs, portant déjà de petites boules vertes. Les herbes aromatiques forment un tapis dense et odorant. Et au centre, la pierre de Milo veille, entourée maintenant de pensées sauvages, violettes et jaunes, qui ont poussé d’elles-mêmes, comme un acquiescement de la nature.La maison aussi a changé. Elle respire. Les fenêtres restent ouvertes pour laisser entrer l’air et le soleil. Les ombres ne se cachent plus dans les coins ; elles sont juste des ombres, banales, inoffensives. Nous avons repeint la cha
ÉLÉALe jardin, sous le soleil de la fin de matinée, est un spectacle de vie modeste mais acharné. Les plants que nous avons mis en terre hier ont l’air d’avoir pris racine du moins, ils ne fanent pas. La terre est fraîche, nous avons arrosé. Milo court entre les rangs, inspectant chaque petite pousse comme un général passant ses troupes en revue. La pierre sur la butte des cendres est toujours là, sombre, anguleuse. Nous ne l’ignorons pas. Nous la saluons, en passant, d’un regard. Elle fait partie du paysage, un rappel, pas une malédiction.Nous travaillons encore un peu, désherbant, tassant la terre autour des plants de lavande. Nos mains se touchent souvent. Nos rires résonnent, clairs. Milo nous raconte des histoires invraisemblables sur les insectes qu’il observe. C’est une bulle. Parfaite, fragile.Et puis, il est midi. L’ombre du chêne s’est raccourcie. Nous rentrons, les mains sales, le visage chauffé par le soleil. Nous déjeunons rapidement. Milo réclame de regarder un dessin






Bienvenue dans Goodnovel monde de fiction. Si vous aimez ce roman, ou si vous êtes un idéaliste espérant explorer un monde parfait, et que vous souhaitez également devenir un auteur de roman original en ligne pour augmenter vos revenus, vous pouvez rejoindre notre famille pour lire ou créer différents types de livres, tels que le roman d'amour, la lecture épique, le roman de loup-garou, le roman fantastique, le roman historique et ainsi de suite. Si vous êtes un lecteur, vous pouvez choisir des romans de haute qualité ici. Si vous êtes un auteur, vous pouvez obtenir plus d'inspiration des autres pour créer des œuvres plus brillantes. De plus, vos œuvres sur notre plateforme attireront plus d'attention et gagneront plus d'adimiration des lecteurs.