Le lendemain du bal, la villa semblait plongée dans une étrange torpeur. Comme si chaque mur avait assisté à des secrets trop lourds à porter.
Malia s’éveilla avec un poids dans la poitrine. Les mots d’Aydan résonnaient encore en elle : « Ne t’attache pas. » Mais comment faire autrement ? Comment garder ses distances quand chaque regard de cet homme avait le pouvoir de la faire vaciller ? Elle descendit sans bruit dans la cuisine. Le personnel semblait l’éviter, comme si quelque chose avait changé pendant la nuit. Comme si elle portait une étiquette invisible : dangereuse. Seule Carmen, la cuisinière, osa lui adresser un sourire. — Mange un peu, ma belle. Tu vas en avoir besoin. — Pourquoi ? — Monsieur Deveraux a laissé des instructions pour toi. Tu pars avec lui ce matin. — Où ? Carmen haussa les épaules. — On ne pose pas de questions ici, tu sais bien. • Une heure plus tard, Aydan l’attendait dans la voiture. Lunettes noires, mâchoire serrée, il ne dit pas un mot. Malia s’installa à ses côtés, le cœur battant. — On va où ? — Visite de terrain. Tu veux comprendre ce que je fais ? Je t’offre une immersion. — Tu veux dire… dans ton entreprise ? — Dans mes affaires. Il y a des choses qu’on ne lit pas dans les rapports. Il faut les voir. Les sentir. Elle acquiesça, même si une part d’elle pressentait que ce “terrain” n’aurait rien d’ordinaire. • Le trajet fut long. La ville laissa place à des routes plus rurales, puis à une zone industrielle isolée. Le bâtiment devant lequel ils s’arrêtèrent n’avait rien d’un siège d’entreprise. Plutôt l’allure d’un entrepôt sécurisé. Un homme les attendait à l’entrée, badge autour du cou, visage fermé. — Monsieur Deveraux. Tout est prêt. Aydan hocha la tête. — Malia, suis-moi. Ne dis rien. Observe. À l’intérieur, un enchevêtrement de couloirs, de pièces vitrées, de laboratoires. Des dossiers confidentiels posés sur des tables. Des voix feutrées qui discutaient de transactions, d’algorithmes, de données sensibles. Et au centre de tout cela… une salle avec des miroirs sans tain. Aydan s’y arrêta. — Regarde. De l’autre côté de la vitre, une jeune femme était assise. En larmes. Elle tenait une enveloppe froissée entre les doigts. — Qui est-ce ? demanda Malia. — Une ancienne employée. Elle a brisé les règles. Par amour. Malia sentit sa gorge se nouer. — Et maintenant ? — Elle a demandé un rendez-vous. Pour parler. Pour supplier. — Et toi… tu vas l’écouter ? Aydan la fixa. — Je vais l’effacer du système. Lui donner une nouvelle identité. Et l’envoyer loin. — Parce qu’elle a aimé ? — Parce qu’elle a trop vu. • Sur le chemin du retour, Malia se recroquevilla contre la portière. — Ce que tu fais n’est pas juste. — La justice n’a rien à voir ici. C’est le contrôle qui sauve des vies. — Ou qui les détruit. Aydan serra les dents. — Si tu veux partir, je peux te libérer du contrat. Elle le regarda. — C’est ça que tu veux ? — Ce que je veux n’a aucune importance. — Tu mens. Il se tut. Longtemps. Puis, d’une voix basse, presque brisée : — Si tu savais ce que j’ai fait pour en arriver là… tu ne voudrais même plus me regarder. • De retour à la villa, Malia monta directement dans sa chambre. Elle avait besoin de silence, de réflexion. Mais sur son lit, un paquet l’attendait. À l’intérieur : un petit miroir brisé. Et un mot, de la main d’Aydan : « Ce que tu vois n’est pas toujours la vérité. Mais ce que tu ressens… ne le nie pas. » Elle s’assit lentement, le miroir dans les mains. Et pour la première fois, elle pleura. Non pas de peur ou de colère. Mais parce qu’elle se rendait compte qu’elle était déjà bien trop attachée à cet homme brisé. • Pendant ce temps, dans une pièce cachée de la villa, Aydan observait une autre vidéo. Une image floue. Un homme masqué. — Elle sait maintenant, dit une voix à travers les haut-parleurs. Aydan hocha la tête. — Oui. Et bientôt, elle saura tout. • Mais à quel prix ? ⸻ 💬 Les secrets s’accumulent. Le passé d’Aydan semble plus sombre que jamais. Mais Malia… est-elle prête à encaisser la vérité ? 📌 Amour naissant, vérités dérangeantes, zones d’ombre… le contrat devient une cage dorée. Jusqu’où ira-t-elle ? 📌 Partage ton avis en commentaire et n’oublie pas d’ajouter l’histoire à ta bibliothèque !Le silence dans la voiture blindée était pesant. Malia n’avait pas prononcé un mot depuis qu’ils avaient quitté le lieu de l’attentat. Aydan, assis à côté d’elle, la regardait du coin de l’œil, inquiet. Elle gardait le regard rivé à la vitre teintée, observant les lumières floues d’Abidjan défiler. Mais elle ne voyait rien.Ce n’était pas la peur qui la rongeait. C’était autre chose. Une sensation plus profonde, plus sourde, comme un écho douloureux dans ses entrailles. Une sorte de trahison qui ne venait pas de l’extérieur… mais du sang même qui coulait dans ses veines.Son père. L’homme qui lui avait donné la vie… venait d’essayer de la lui retirer.— Malia, souffla doucement Aydan, tu n’as rien dit depuis qu’on est partis. Je sais que c’est violent, mais…— C’est pire que ça, murmura-t-elle. Je savais qu’il était derrière certaines choses. Je l’ai senti dès le début. Mais je ne voulais pas y croire. J’espérais qu’il y avait une explication. Une
Le lendemain de l’interview, le monde n’était plus le même.Les médias du monde entier reprenaient le discours de Malia, le disséquaient, l’analyisaient, l’amplifiaient. Dans les rues de Paris, de Rome, d’Abidjan ou de Berlin, des manifestants brandissaient des pancartes : “On ne fait pas taire la vérité”, “Je suis Malia”, “Projet Éclipse = Crime”.Mais derrière cette vague de soutien, un autre courant se levait. Invisible. Souterrain. Menaçant.•— Ils ont bougé, déclara Sala, devant son écran.Malia, Aydan et Charles se penchèrent.— Qui ?— Le Conseil Noir. La cellule stratégique du réseau Éclipse. Ils se réunissent à huis clos. Le lieu est sécurisé, mais j’ai intercepté un message codé : “Dernier point avant liquidation des anomalies.”— Les anomalies… c’est nous, souffla Aydan.— Non, répondit Charles. C’est elle.•Malia resta silencieuse.Elle avait cessé de se demander pourq
L’aurore étendait ses premiers rayons sur la surface tranquille du lac. Dans le silence de la maison-refuge, le monde semblait avoir suspendu sa course, juste pour eux.Malia était assise près du lit, veillant Aydan comme une gardienne obstinée. Il dormait encore, mais sa respiration était plus stable, ses traits moins crispés. Les marques sur son visage étaient autant de rappels du prix de la vérité… et de leur histoire.Elle lui tenait la main. Elle aurait voulu que le temps s’arrête là. Juste là.Mais la réalité frappa à la porte.•— Il faut partir, annonça Sala, entré sans bruit.Malia se leva, fatiguée.— Encore ?— Les serveurs sont attaqués de toutes parts. Le dossier est toujours en ligne, mais des clones commencent à circuler… falsifiés, déformés. Ils veulent retourner l’opinion contre vous.— On savait qu’ils frapperaient fort.— On ne s’attendait pas à ce qu’ils réécrivent l’histoire.
La vidéo d’Aydan enfermé tournait en boucle sur l’écran.Chaque seconde était un coup de couteau. Chaque grognement étouffé, une détonation dans le cœur de Malia.Elle n’avait pas dormi. Pas mangé. Elle s’était contentée de fixer ce visage ensanglanté et silencieux, cet homme brisé qu’elle aimait plus que sa propre liberté.Elle n’était plus dans la peur.Elle était passée dans un autre état.Le feu.— Je vais le récupérer, dit-elle calmement.Charles la regarda, inquiet.— Tu ne peux pas y aller seule.— Je ne serai pas seule.Elle ouvrit son téléphone, et appela.•Une heure plus tard, Sala entra, essoufflé, un sac sur l’épaule.— Je savais que tu ne resterais pas planquée.— Je ne peux pas. Pas cette fois.— Tu veux le sortir d’où, exactement ? On ne sait même pas où il est retenu.— Si. On sait.Elle posa une carte sur la table. Un
Le dossier était en ligne.Malia appuya sur “entrer” avec la solennité d’un juge rendant un verdict irrévocable. Le document, compilé depuis des semaines, enrichi par Charles, déchiffré avec Sala, filtré par Iris, venait d’être publié sur un serveur crypté et relayé à plusieurs médias internationaux.Des preuves d’expérimentations illégales sur des enfants. Des transferts d’argent vers des comptes offshore. Des connexions entre des hauts responsables politiques et la société pharmaceutique dirigée secrètement par… son père.— C’est fait, murmura-t-elle. Maintenant, on attend.Aydan se pencha sur l’écran. La page se chargeait lentement, déjà saturée de connexions. Plus de 10 000 vues en moins de dix minutes.— Le monde commence à regarder.Mais Malia ne souriait pas. Elle fixait un point invisible dans le vide.Elle avait rêvé de ce moment. Elle s’était battue pour lui. Et pourtant, maintenant qu’il était là, tout paraiss
Le matin se leva sans prévenir, comme si la nuit avait oublié de résister.Dans la maison forestière, un silence étrange régnait. Ce n’était pas le calme paisible de la nature, mais un silence tendu, suspendu, comme si les murs eux-mêmes retenaient leur souffle.Malia descendit les escaliers en chaussettes, les cheveux en bataille et les pensées encore embrouillées. Elle trouva Aydan assis à la grande table en bois, le regard figé sur l’écran de son ordinateur.— Ça va ? demanda-t-elle en s’approchant.Il cliqua sur une vidéo qu’il venait de recevoir. Les images s’affichèrent : un laboratoire abandonné, filmé en contre-plongée, tremblant, comme si la personne qui tenait la caméra était en fuite.Au fond du couloir, un homme en blouse blanche criait.— C’est le labo de Veller, murmura Aydan.— Mon père ?— Non… mais quelqu’un fouille encore dedans. Quelqu’un qui cherche peut-être ce que vous avez failli détruire.