Un compte à rebours silencieux battait dans la poitrine de Malia.
Elle s’était juré de ne plus jamais fuir, mais cette fois, il ne s’agissait pas de sauver seulement sa vie…C’était Liora qui était en jeu.— On ne peut pas rester ici, dit Aydan, déjà en mouvement.Elle a nos positions, nos visages, nos voix. Elle pourrait verrouiller cette base en une seconde.Malia ferma le fichier en tremblant, incapable de cliquer sur “Supprimer”.Chaque octet de données contenait une part de vérité sur sa fille, sur elle-même…Mais aussi un danger que Zeyna était prête à utiliser comme une arme. •— On prend tout, dit-elle soudain.On récupère les archives, on les crypte, on les sort d’ici.Léandre fronça les sourcils.— C’est risqué. Tu veux la guerre ouverte ?— Non. Je veux la fin.Et pour ça, il faut qu’on sache à quoi on a affaire, pas seulement fuir ce qu’on ignore.Charles opina.— JeLe ciel au-dessus de la base prenait une teinte étrange. Un gris bleuté, presque irréel, comme si l’atmosphère elle-même hésitait entre orage et accalmie. Les drones avaient été ralentis, mais pas neutralisés. Kael courait, chaque muscle protestant contre ce nouveau corps plus lent, plus fragile. L’injection avait laissé des séquelles immédiates. Plus de vision nocturne. Plus de trajectoire prédictive. Juste lui. Son instinct brut. Et sa volonté.Ses pas résonnaient dans les couloirs vides. Les panneaux de contrôle affichaient des clignotements rouges et jaunes. Des alertes en boucle. Mais il n’en avait que faire. Il ne cherchait plus à survivre. Il cherchait Liora.Quelque part, elle savait déjà.Il le sentait.⸻Dans l’aile Est de la base, Liora s’était équipée d’un ancien exosquelette de niveau 1. Cassiopée tentait de la dissuader.— Tu ne peux pas te jeter là-dedans seule ! cria-t-elle.— Je ne suis pas seule. Je sui
Le sol vibrait légèrement.Un frisson imperceptible, mais pour Kael, c’était un avertissement plus précis qu’un radar. Il n’avait pas besoin de regarder derrière lui pour savoir. Les drones chasseurs approchaient.Quatre, non… cinq signatures thermiques.Compactes. Rapides. Programmées pour tuer.Il lui restait exactement vingt-trois minutes d’avance sur l’algorithme de repérage. Après quoi, chaque battement de cœur deviendrait une cible. Il enclencha discrètement le brouilleur intégré à sa montre. Sept minutes de répit. Pas plus.Il savait que c’était insuffisant.Parce qu’ils ne cherchaient pas un fugitif.Ils chassaient une anomalie.Lui.Ils connaissaient chacun de ses gestes, ses schémas de fuite, ses habitudes instinctives. Il avait été formé par eux. Forgé par leur programme. Les drones n’étaient que des extensions de lui-même. En moins humain. En plus prévisibles. Mais aussi plus implacables.Sans bruit, K
Kael relut le message au moins dix fois.« Supprime-la. Ou tu seras supprimé.Ordre PHOENIX actif. Compte à rebours lancé. »Un compte à rebours.Il restait 72 heures.Il ferma les yeux.Il avait été entraîné à ça.Conditionné. Programmable.L’émotion n’avait jamais fait partie de l’équation.Mais quelque chose, chez elle, avait changé les règles du jeu.•Dans les couloirs de la base, l’effervescence montait.Liora avait convoqué la première assemblée publique du projet Terre Neuve.Tous les habitants y étaient invités. Même ceux qui se méfiaient encore d’elle.— Tu vas leur parler ? s’étonna Cassiopée.— Je vais leur dire la vérité. Leur dire que je ne veux pas gouverner, mais construire avec eux.— T’as pas peur ?— Si. Mais ce projet ne peut pas vivre sans transparence.Je veux qu’ils sachent ce que j’ai fait. Et ce que je veux faire maintenant.•
La base souterraine d’ORUS semblait paisible. Les enfants jouaient. Les ingénieurs travaillaient en silence. Et au cœur de ce calme nouveau, Liora sentait lentement se reconstruire une chose oubliée : la confiance. • Elle passait ses journées entre plans, réunions et longues discussions avec Ingmar Veyl. Ils débattaient des structures à créer, des codes à instaurer, de la ligne rouge à ne jamais franchir. — Pas de manipulation génétique, avait-elle dit. — Pas de transfert de conscience, avait-il approuvé. — Pas de répétition des erreurs. • Pour la première fois, Liora dessinait un avenir avec autre chose que des ruines. Mais dans un coin reculé de la base, un homme observait tout. Invisible. Silencieux. Patient. Son nom n’était pas sur les registres. Son badge était falsifié. Et son regard… trop calme pour
Le soleil se levait à peine sur le refuge de Haute-Silène.La neige avait cessé de tomber, mais l’air restait tranchant, chargé d’un silence lourd.Liora, emmitouflée dans une veste sombre, observait l’horizon depuis le toit du bâtiment principal.Son regard glissait sur les vallées blanches, mais son esprit était ailleurs.MIRAGE était détruit.Le projet Umbra-7 aussi.Et pourtant, elle sentait que ce n’était pas encore la fin.•Cassiopée la rejoignit, deux cafés brûlants en main.— Tu dors encore moins que moi maintenant.Liora esquissa un sourire fatigué.— Je dors quand mon monde ne risque pas de disparaître pendant la nuit.Pour l’instant… on n’y est pas encore.•Cassiopée s’assit à ses côtés.— T’as reçu autre chose depuis MIRAGE ?Liora hocha la tête.— Un message codé cette nuit.Canal parallèle, encrypté en triple couche.Le genre de truc que seuls
Le camp était calme. Trop calme.Le ciel avait pris une teinte orange, presque irréelle, comme figé dans une peinture.Liora observait le cristal désormais inerte posé sur la table.Son cœur battait doucement, mais son esprit, lui, restait en alerte.Elle croyait avoir mis fin à tout.Mais une alerte s’afficha sur son écran :“Canal Sigma-01 : nouvelle transmission prioritaire.”Émetteur : Dr. Alrik Nysen – ancien chef du département illusion sensorielle – Vektor.•— Tu le connais ? demanda Cassiopée en apparaissant derrière elle.Liora fit non de la tête.— Jamais entendu parler. Et c’est justement ça le problème.Si moi je ne le connais pas… ça veut dire qu’il était vraiment très caché.•Elle ouvrit le message.Un simple texte.Mais chaque mot sonnait comme un frisson sous la peau.« Vous avez stoppé Aethra. Neutralisé Umbra-7.Mais vous avez oublié