AlbaLa porte se referme derrière nous avec un claquement sourd. Et tout ce qui restait de la soirée, de Giulia, des regards, des murmures, disparaît comme une illusion dissipée. Ici, il n’y a plus rien que Sandro et moi, et le monde que nous allons créer, brûlant et secret.Il ne me laisse pas respirer. Ses lèvres s’abattent sur les miennes avec une urgence animale, une possession qui ne tolère aucune hésitation. Son baiser est une prise, une revendication, un marquage. Ses mains glissent sur ma taille, me soulèvent presque, me collent contre lui. Je sens chaque muscle tendu, chaque respiration haletante, et mon corps répond sans que je puisse résister.— Sandro…Mon souffle se brise dans son baiser, mon corps tressaute contre le sien. Ses mains descendent plus bas, encerclant mes hanches, me pressant contre lui comme pour m’ancrer dans l’instant. Un frisson me traverse, sauvage, incontrôlable.Il me pousse doucement contre le mur, et je sens la froideur du plâtre contrastant avec la
AlbaLa soirée s’étire, mais elle n’a plus la même texture. Les éclats de rire me paraissent forcés, les verres de champagne se vident plus vite que d’ordinaire, et les regards que les invités se lancent à travers la salle portent encore les traces de ce duel silencieux auquel ils ont assisté.Je souris, je hoche la tête, je joue mon rôle d’hôtesse. Mais au fond, je ne pense qu’à une chose : m’éloigner de cette scène, retrouver l’air, fuir les regards avides qui cherchent à deviner les fissures derrière nos façades.Sandro, lui, est d’une sérénité glaciale. Il parle peu, se contente de saluer d’un signe, de serrer une main, de répondre par un mot bref. Pourtant, chacun se tait dès qu’il ouvre la bouche. Je sens qu’il savoure ce pouvoir silencieux.À plusieurs reprises, je croise les yeux de Giulia. Toujours le même éclat brûlant, insolent, presque joueur. Elle rit encore, comme si rien ne pouvait l’atteindre. Mais derrière ce rire, je perçois une tension fébrile : elle n’a pas seuleme
AlbaJe sens la soirée glisser hors de mes mains comme du sable entre mes doigts. Giulia n’a eu besoin que d’une poignée de minutes pour réorganiser la pièce autour d’elle. Sa voix couvre les conversations, son rire résonne plus fort que la musique, et les hommes, comme les femmes, tournent la tête quand elle passe.Elle est trop brillante. Trop bruyante. Mais personne ne le lui reproche. Au contraire, elle hypnotise, et j’ai l’impression de me retrouver face à une funambule qui traverse une corde raide… sauf que la corde, c’est nous.Je garde mon sourire poli. Ma coupe de vin reste posée devant moi, presque intacte. Mes doigts caressent le pied du verre, comme si je cherchais un ancrage. Mais mon ventre est une tempête.Puis, je la vois changer de trajectoire. Ses pas la mènent droit vers nous. Vers Sandro.Elle ne presse pas le pas. Elle avance comme on entre en scène, consciente que chaque regard est déjà accroché à ses hanches, à ses boucles brunes, à l’éclat écarlate de sa robe.
AlbaLa musique se fait plus douce, presque étouffée par les conversations qui éclatent en petits cercles, comme des foyers secrets. Des éclats de rires, des murmures prudents, le cliquetis des verres. Je me fonds dans ce décor, un sourire léger figé sur les lèvres, mais mon ventre est une mer agitée.Le parfum de l’encens et du vin flotte dans l’air, se mêlant aux rires feutrés. Les regards ne cessent de se poser sur moi, certains admiratifs, d’autres calculés. Je fais mine de ne pas voir. Je joue mon rôle.Et puis, la porte s’ouvre.Le silence tombe comme une lame. Les conversations s’interrompent. Tous les regards convergent vers l’entrée.Deux silhouettes.D’abord Matteo, fidèle bras droit de Sandro, silhouette carrée, costume noir, expression sévère. Puis, derrière lui, une vision inattendue : une jeune femme, toute en mouvement, comme une flamme imprévisible.Sa robe rouge accroche la lumière, ses boucles brunes dansent à chacun de ses pas. Ses yeux brillent d’un éclat joueur, c
AlbaLe ronronnement discret du jet privé m’apaise autant qu’il m’oppresse. À travers le hublot, le ciel italien s’approche, vaste, éclatant. La lune de miel s’achève, et déjà mon ventre se serre à l’idée de ce retour.Sandro est assis à mes côtés, jambes croisées, parfaitement calme dans son costume sombre. Ses doigts font tourner distraitement un verre de vin rouge, mais je sais que son esprit ne repose jamais.Je l’observe. Même là, dans le confort de son avion, il ressemble à un général en veille, prêt à affronter une guerre invisible.— Tu n’as pas dormi de tout le vol, dis-je doucement.— Pas besoin, répond-il sans me regarder.— Tu réfléchis.— Toujours.Un silence s’installe. J’ose poser ma main sur la sienne. Ses doigts se crispent d’abord, puis se détendent. Il tourne enfin les yeux vers moi.— Tu as peur, murmure-t-il.Je soutiens son regard. — Pas de toi.Un éclat sombre traverse ses pupilles. — Alors de quoi ?Je déglutis. — D’eux. De ce qui nous attend.Il pose son ve
SandroJe la tiens encore, suspendue entre deux souffles, deux battements de cœur, deux abîmes. Alba gémit, halète, tremble, et chaque vibration de son corps devient une onde qui traverse le mien. La chambre est un sanctuaire, un monde clos où rien n’existe que ses soupirs, ses frissons, le feu que je déchaîne et la glace que je retiens encore.Ses gémissements… ils me consument. Longs, fragiles, parfois brisés, parfois violents. Chaque note est une offrande, chaque soupir une confession muette. Elle croit que je la possède, mais en vérité c’est elle qui m’absorbe tout entier. Je collectionne ses sons comme un voleur collectionne des diamants — jaloux, avide, incapable de les laisser s’échapper.— Alba… murmuré-je encore, ma voix rugueuse comme une caresse grave, chaque gémissement… chaque vibration… tout est à moi.Elle répond par un cri étouffé, sa tête renversée, ses mains agrippées à mes épaules. Ses ongles s’enfoncent légèrement dans ma peau, mais je n’accélère pas. Non. La lente