ClaraJ’ai envie de hurler, de fuir. De crier, de me libérer de cette emprise invisible qu’il a sur moi. Mais quelque part, au fond de moi, je sais que ce serait vain. Que même si je m’échappe de cette pièce, je ne m’échapperai jamais de lui. De ce qu’il a fait naître en moi.J’ai toujours cru que la liberté était la seule chose qui comptait. Que si je pouvais échapper à tout cela, à ce monde sombre et impitoyable, alors je retrouverais la paix. Mais maintenant, je doute. Et plus ce doute grandit, plus je sens les chaînes se resserrer.Il a raison, Raphaël. Je suis déjà mienne, mais je ne le sais même pas encore. Ou peut-être que je le sais, mais je refuse d’accepter la vérité. Parce que si je l’accepte, alors il n'y a plus de retour en arrière. Il n'y a plus d'issue.Je me lève, mes jambes tremblantes, mes pensées enragées. J’ai besoin de faire quelque chose. De lutter contre ce que je ressens. De me prouver à moi-même que je ne suis pas ce qu’il pense. Mais chaque mouvement est un r
ClaraLa tension dans l’air est palpable, une lueur de vérité glaciale qui s’infiltre dans ma peau. Je pourrais reculer, m’échapper encore une fois, m’effondrer dans l’inconnu. Mais je le sais maintenant, profondément, douloureusement. Il n’y a plus de retour en arrière.La lumière de la pièce vacille légèrement, jetant des ombres mouvantes sur les murs. J’entends mon souffle, trop rapide, trop bruyant. Il me regarde, impassible. Raphaël. Son regard me scrute comme si, à chaque seconde, il cherchait à percer les derniers fragments d’âme que je tente de cacher. Il a vu à travers moi, bien avant que je n’en prenne conscience.— Alors ? insiste-t-il, sa voix douce mais tranchante. Qu'est-ce que tu vas faire maintenant, Clara ?Je n’ai pas de réponse. Il n’y a rien à dire, rien à répliquer. Juste le vide. Un vide qui grandit à chaque mot qu’il prononce, un gouffre qui m'aspire. Il a raison. Je l’ai laissé entrer, je l’ai laissé briser chaque barrière, chaque conviction. Et maintenant, tou
ClaraLes heures passent et le silence lourd de la pièce me pèse comme une chape de plomb. Je suis figée, mes mains tremblent légèrement alors que je les serre autour de ma robe. Je pourrais m’échapper, je pourrais encore fuir. Mais chaque mouvement, chaque tentative de fuite semble une illusion, comme si mes pieds étaient enchaînés à ce sol, à cet endroit. À lui.Raphaël n’a pas bougé. Il m’observe toujours, une lueur étrange dans le regard, comme s’il attendait quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. Il sait que quelque chose a changé en moi. Il le sent, comme s’il pouvait voir les fissures se former dans l’armure que j’ai si soigneusement construite autour de mon cœur.Je n’ai plus de réponses. Il a vidé mon esprit de toute certitude, de toute conviction.— Alors, Clara, tu as réfléchi ? Ses mots glissent, doux comme une caresse, mais ils me frappent comme une cloche de fer.Je tourne lentement la tête, mes yeux cherchant quelque chose à quoi m’accrocher. Un détail insignif
Clara— Bienvenue dans ton enfer, Clara. Le plus grand piège que tu te sois tendu. Et le seul moyen d’en sortir, c’est de l’accepter.Je laisse échapper un souffle tremblant, mes lèvres se fermant sur le nom qu’il prononce. Et je sais que tout est fini. Ce n’est pas une fin brutale. C’est une acceptation, une soumission, un regard dans un abîme dont il n’y a plus de retour. Et moi, j’y tombe.La sensation d’être piégée me dévore de l’intérieur. C’est comme si tout le poids de l’univers reposait sur mes épaules, mais que le sol sous mes pieds se dérobait peu à peu. J’ai cru pendant un moment que je pouvais encore lutter, que je pourrais m’échapper de cet abîme que Raphaël m’a tendu. Mais maintenant, je le sais : la seule chose qui me reste est l’acceptation.Ses bras autour de moi sont à la fois réconfortants et écrasants. Un paradoxe qui fait écho à la tempête qui fait rage dans mon esprit. Il me tient fermement, mais c’est comme si c’était moi qui m’étais enchaînée à lui. Ses mots ré
ClaraL’odeur de l’humidité s’accroche à l’air, comme une promesse silencieuse d’un avenir sombre. La pièce est silencieuse, plongée dans une lueur pâle, presque spectrale. Le temps semble s’être arrêté. Mais l’ombre de Raphaël, tout autour de moi, continue d’étouffer l’espace.Il me regarde, un sourire amusé flottant sur ses lèvres. J’ai l’impression que chaque geste qu’il fait, chaque mot qu’il prononce, est calculé pour me déstabiliser davantage. Il veut voir combien de temps je vais tenir, combien de temps je vais résister avant de me briser complètement sous son emprise.Je déteste la façon dont il me dévore du regard. Je déteste la façon dont il semble comprendre tout ce que je cache en moi, tous ces recoins sombres que je n’ose même pas explorer. Il sait. Il sait que j’ai toujours eu peur de ce que je pourrais devenir si je me laissais aller. Et il attend. Il attend le moment où je vais cesser de lutter, où je vais m’effondrer devant lui, perdue dans ce tourbillon qu’il a créé.
ClaraJe ne sais plus depuis combien de temps je tiens.Combien de minutes. Combien de battements de cœur étouffés dans ma poitrine. Combien de silences tendus à hurler sans un mot.J’ai perdu la notion du temps, comme on perd la mémoire après un choc. Le monde autour de moi s’est effacé, réduit à cet espace entre lui et moi, à cette tension, cet entre-deux vertigineux où tout peut basculer.Je suis fatiguée.Épuisée de lutter contre lui, contre moi, contre ce que je ressens.Chaque jour, chaque seconde passée à repousser l’évidence est une lame de plus sous ma peau. J’ai résisté jusqu’à l’usure. J’ai voulu croire que je pouvais être plus forte que ce lien, que ce poison délicieux qu’il instille en moi. Mais je n’y arrive plus.Mes pensées tournent en boucle. Elles s’emmêlent, se brisent, se révoltent, puis retombent dans un silence sourd. Je suis une cathédrale fissurée, prête à s’effondrer au moindre souffle. Je suis lasse.Raphaël ne dit rien. Il attend. Il sait. Il m’observe comme
ClaraJe suis restée blottie contre lui bien après que nos corps se soient tus. Le silence autour de nous n’est plus une menace. Il est devenu un refuge. Un souffle suspendu entre deux mondes. Celui d’avant, où je n’osais même pas l’imaginer, et celui d’après, où je suis là, nue, offerte, et profondément bouleversée.Je sens encore sa main sur ma hanche, ses doigts écartés comme pour m’ancrer à lui, comme s’il voulait me dire je suis là, je te tiens, tu peux rester. Sa respiration chaude effleure ma nuque à intervalle régulier, berçant le chaos qui tambourine encore doucement dans ma poitrine. Tout est calme à présent, mais c’est un calme vibrant. Intense. Chargé de sens.Ce n’est pas seulement une nuit. Ce n’est pas seulement un acte. C’est un passage. Une traversée.Quelque chose en moi tremble encore. Pas de peur. Pas de honte. Ce n’est pas la pudeur d’un corps exposé, c’est plus diffus, plus profond. C’est la conscience nue d’avoir franchi une frontière. Une ligne invisible mais s
ClaraQuand j’ouvre les yeux, la lumière est douce. Tamisée par les rideaux tirés à moitié. Le silence règne dans la pièce, mais ce n’est plus le même que la veille. Ce n’est pas un vide. C’est une présence contenue. Comme si les murs avaient retenu notre souffle, nos gestes, nos soupirs.Je suis seule dans le lit.Sa chaleur est encore là, imprimée sur les draps froissés. Je tends la main. J’effleure l’empreinte de son absence, le tissu tiède, presque vivant. Je me redresse, lentement. Mon corps est engourdi, pas de fatigue, non. Mais de cette douceur étrange qui suit une tempête. Ce calme qui nous fait douter d’avoir vraiment vécu l’ouragan.Je me lève. Mes pas sont nus sur le parquet froid. Et chaque mouvement est un rappel. Un écho. Je sens encore ses mains. Ses lèvres. Sa voix basse, retenue, contenue, comme si elle avait eu peur de briser quelque chose. Comme si j’étais sacrée.Je passe devant le miroir sans m’arrêter. Je ne veux pas me regarder. Pas encore. J’ai peur d’y lire
ClaraJe m’assois à ses côtés, mon cœur encore battant sous l'effet de nos baisers. Le silence entre nous est lourd, mais agréable, comme un voile tissé de mille promesses et d’aveux muets. Ses bras sont autour de moi, et je me sens protégée, mais aussi vulnérable. Il n'y a plus de frontières entre nous, plus de barrières. Il y a juste lui et moi, ici, maintenant. Et c'est tout ce dont j'ai besoin.Le monde extérieur n'a plus d'importance. Les enjeux, les doutes, tout ce qui a pu peser sur nos épaules, sur nos cœurs, semble s'être dissipé. Mais il reste quelque chose, un sentiment nouveau, plus fort que tout. Un écho au fond de moi, une certitude qui s'installe doucement, mais fermement : peu importe ce qui arrivera, je n’aurai aucun regret. Parce que je choisis cet amour. Parce que je choisis lui.Raphaël (la voix douce, légèrement hésitante) « Clara… Tu sais, tout ça… Ce n’est pas facile. »Je sens sa gêne, ce fardeau qu’il porte encore, celui de ne pas savoir comment tout cela va f
ClaraIl y a des moments où le temps semble suspendu. Des instants où l’on croit qu’on pourrait vivre éternellement dans une bulle, à l’abri des tempêtes, où l’on trouve enfin la paix au milieu du chaos. Ce moment, celui que nous vivons, me fait penser à cela. Le silence lourd de la pièce, nos corps enlacés, comme deux âmes qui se sont enfin retrouvées après une vie entière de séparation.Raphaël est là, tout contre moi. Ses bras sont autour de moi, son souffle régulier, mais je sens son cœur battre, un peu plus fort, un peu plus lourd, comme s’il cherchait à se perdre dans le mien. Je ferme les yeux, savourant cette proximité, ce réconfort que j’avais oublié, ou que je ne pensais jamais connaître. Il m’a appris à aimer sans réserve, à me donner sans crainte, à m’abandonner sans peur.C’est étrange, cette paix. Elle contraste tellement avec le tumulte qui a précédé, avec la violence des désirs refoulés, les non-dits qui nous ont emprisonnés, les peurs qui nous ont rendus vulnérables.
ClaraLes ombres dans la chambre dansent au rythme de notre souffle. Il est là, si proche, à portée de ma peau, et pourtant, quelque chose dans l’air nous sépare encore, invisible, impalpable, mais tout aussi présent. Ses yeux, comme des braises, brûlent la mienne, et je sens que l’air autour de nous devient lourd, chargé de cette tension indéfinissable. Il ne bouge pas, il attend. Pas de gestes brusques, pas de mots inutiles. Juste l’attente, l’intensité du silence qui parle plus fort que tout.Raphaël (la voix basse, troublée) « Clara… »Je frémis en entendant mon nom sortir de ses lèvres. Il a ce pouvoir, celui de me faire vaciller avec un seul mot. Mon cœur s’emballe, tout comme mon esprit. Une partie de moi veut résister, repousser cette attraction, ce désir fulgurant qui m’envahit à chaque instant. Mais une autre, plus forte, me pousse à le rejoindre, à céder, à me perdre dans cette passion dévorante.Je ferme les yeux, une fraction de seconde, et tout ce que je perçois, c’est l
ClaraJe ferme les yeux, mais même dans l’obscurité, il est là, dans chaque souffle que je prends, dans chaque pulsation qui bat dans mes veines. C’est comme si la chaleur de sa présence ne me quittait plus, comme si l’air autour de moi, devenu trop lourd, portait encore l’empreinte de sa peau. Raphaël. L’homme qui ne me laisse aucun répit, l’homme qui me consume sans même me toucher. Pourtant, je le sens, comme un incendie doucement attisé à chaque regard qu’il pose sur moi, chaque mot qu’il prononce.Ses bras m’entourent, un lien qui ne m'étouffe pas, mais qui me marque. Il n’y a pas de violence dans son étreinte, pas de brutalité. Seulement une douceur, presque impudique, et une urgence qui naît du besoin de fusionner. Nous sommes dans cette chambre où le monde extérieur semble n’avoir plus aucune emprise sur nous. Chaque mur semble se refermer lentement, comme un cocon qui, au lieu de nous protéger, nous emprisonne. Et dans cet espace clos, je deviens sa proie, mais une proie cons
ClaraLa lumière du matin s'immisce à peine à travers les rideaux, caressant la chambre d’un éclat timide. À peine perceptible, elle frôle les contours des meubles, mais ici, dans cet espace clos, elle n'atteint pas la profondeur de l’ombre qui s’y trouve. Il y a un décalage. Un monde entre l'éveil et le sommeil, entre la clarté et l'obscurité, un équilibre précaire où le temps semble suspendu. Et dans ce monde à mi-chemin, mon esprit erre, une marionnette sans fil, pris dans la lourdeur d’une question qui ne cesse de me hanter.Raphaël repose à mes côtés, mais même endormi, je sens l’omniprésence de son ombre. Ce n’est pas la simple ombre d’un homme qui sommeille, non. C’est l’ombre d’un monde qui, peu à peu, envahit ma réalité, que je l’accepte ou non. C’est un poids, un fardeau silencieux, une présence qui s’impose bien plus que je ne pourrais le souhaiter. Et pourtant, c’est cette ombre qui m’attire, qui m’aspire.Je me redresse avec une lenteur délibérée, mes muscles encore engou
ClaraIl dort encore. Pour une fois.Son souffle est lent. Régulier. Comme si, dans le chaos qu’est sa vie, ce lit était le seul lieu où il pouvait tomber les armes. Où je pouvais l’atteindre. Où la violence du monde ne le mordait pas.Je le regarde longtemps, les jambes repliées sous moi, comme si je tentais de me rappeler chaque ligne de son visage. Il a l’air paisible. Fragile presque. Si fragile que j’en oublie qu’il est capable de commander la mort d’un homme d’un simple signe de tête.Je me lève sans bruit. Mes pieds nus glissent sur le parquet froid. Je ne veux pas le réveiller. Pas encore. Je veux être seule avec mes pensées, même si je les crains.Je me glisse dans la salle de bains, referme la porte. L’eau coule, tiède. Elle efface les traces de la nuit, mais pas celles du doute.Je m’observe dans le miroir. Les cernes sous mes yeux. Le creux dans mes joues. Mon corps est marqué par l’amour comme par la guerre. Parce qu’avec lui, c’est la même chose.Et je me demande.Est-ce
RaphaëlL’aube ne se lève pas vraiment sur New York.Ici, la lumière est artificielle.Les ombres aussi.Et la vérité se cache entre les reflets de verre et les silences des puissants.Clara dort encore. Le drap à peine tiré sur sa peau. Son souffle est calme.Trop calme. Comme si son corps avait compris ce que son esprit refusait d’admettre.Elle a vu. Elle sait.Et même si elle ne dit rien, même si elle prétend tenir bon, je l’ai vue trembler.Je suis devant la baie vitrée. Manhattan pulse en contrebas.Un empire sans couronne.Mais le mien.Construit à la sueur, au sang et à la peur.Le téléphone vibre. Une fois. Deux.Code noir.Mon pouce effleure l’écran. Un message codé.Une réunion improvisée.Un nom à effacer.Un accord à conclure.Un avertissement à formuler dans le langage qu’ils comprennent tous : la peur.Le monde ne s’arrête pas pour la douleur.Ni pour l’amour.Je me penche vers elle. Un instant. Son épaule nue. Son cou fragile.Je pourrais rester. Juste quelques seconde
RaphaëlL’aube perce à peine.Mais je suis déjà debout.Je l’observe. Nue, dans les draps défaits. Sa peau encore marquée par mes doigts. Ses lèvres entrouvertes, offertes à un rêve qu’elle ne finira pas.Et en moi, quelque chose gronde.Pas une hésitation. Une nécessité.Un message clignote sur l’écran du téléphone :QG. Crypté. Urgent.Mais ce matin, je ne suis pas seulement un roi de guerre.Je suis aussi un homme.Alors je m’habille lentement. Chemise noire, boutons d’argent. Pantalon sombre. Mon arme se loge à sa place, contre ma hanche. La veste tombe sur mes épaules. Et avec elle, le masque revient.Mais avant de sortir… je prends une enveloppe dans le coffre mural. Elle est fine. Précise. Légèrement froissée. Et contient tout ce qu’il faut.Je me tourne vers elle. Toujours endormie. Et pourtant, je sens que quelque chose en elle sait déjà.Alors je m’approche.ClaraJe me réveille en sentant que l’air a changé.Je tends la main. Vide.Puis le froissement d’un tissu. Un métal
ClaraIl ne parle pas tout de suite.Mais je le sens.Quelque chose a changé dans l’air. Un frémissement. Une fracture.Il marche dans la pièce comme un fauve blessé. Une énergie sombre l’enveloppe. Comme un orage prêt à éclater. Il ne me touche pas. Pas encore. Mais ses yeux me brûlent.Il s’arrête. Se tourne vers moi.Et là, son silence devient insoutenable.Raphaël(d’une voix basse, rauque)« Clara… j’ai besoin de toi. Mais pas… pas comme tu es. »ClaraJe le fixe, figée.Ces mots, simples, sont des coups. Je les sens s’enfoncer en moi, comme des éclats.Je reste droite. Mais à l’intérieur, tout vacille.Clara(à peine un murmure)« Qu’est-ce que tu dis… ? »Raphaël« Ce monde, le tien… tes croyances, ta lumière… Ce n’est pas moi. Tu le sais. Tu l’as toujours su. »Je baisse les yeux.Oui.Je le savais.Mais je n’avais jamais voulu le formuler. Pas comme ça. Pas à voix haute.Raphaël« Je ne peux pas te protéger si tu restes divisée. Si une partie de toi continue à croire en quelq