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chapitre 2 : Premières ombres et murmures

Auteur: Sidi_mosth
last update Dernière mise à jour: 2025-08-08 23:39:20

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Les jours suivants, Léna sentit quelque chose changer.

C’était subtil, presque imperceptible. Pourtant, chaque matin, lorsqu’elle franchissait les grilles du lycée, elle avait l’impression de pénétrer dans un monde qui ne lui appartenait plus. Les couloirs n’avaient pas changé. Les murs étaient les mêmes, les rires flottaient encore dans l’air comme avant. Mais il y avait ce quelque chose. Ce poids invisible, qui glissait sur ses épaules, qui ralentissait ses pas. Les regards avaient pris une autre texture : plus appuyés, plus curieux, parfois même hostiles.

Depuis ce jour où Elias s’était approché d’elle devant toute la classe, Léna ne passait plus inaperçue. Elle n’était plus "la nouvelle", elle devenait la fille que tout le monde observait. Par envie. Par jalousie. Ou simplement parce que dans ce lycée, tout se savait. Et surtout, tout se commentait.

Elias, de son côté, ne laissait pas retomber l’attention. Il multipliait les gestes ambigus : une main posée un peu trop longtemps sur son épaule en salle de permanence, un clin d'œil dans les escaliers, un "salut" murmuré au creux de l’oreille pendant qu’elle rangeait ses affaires. Léna ne savait pas comment réagir. Une partie d’elle était flattée. Une autre se méfiait. Elias brillait trop pour être vrai.

Mais ce n’était pas lui qui la hantait vraiment.

C’était Mathis.

Lui, il ne brillait pas. Il absorbait la lumière. Et malgré cela, c’était vers lui que son regard revenait, toujours.

Il n’avait pas prononcé un mot depuis le jour de son arrivée. Il se contentait d’être là. Parfois à l’autre bout d’un couloir. Parfois dans la cour, un livre en main, les yeux perdus dans un monde que personne ne semblait partager. Léna avait remarqué qu’il n’était jamais au milieu de groupes. Il appartenait à ces rares élèves qui se suffisaient à eux-mêmes. Et pourtant, il n’était pas invisible. Bien au contraire. Il dégageait une sorte de présence silencieuse, presque magnétique.

Leurs regards s’étaient déjà croisés. Plusieurs fois. Et à chaque fois, Léna avait ressenti quelque chose qu’elle n’arrivait pas à nommer. Ni vraiment de la peur, ni de l’attirance. Plutôt un vertige. Comme si Mathis voyait au-delà de la façade, au-delà du sourire qu’elle affichait pour se protéger. Comme s’il lisait ce qu’elle s’efforçait de cacher.

Puis un jour, la pluie décida pour eux.

C’était un mardi. Une pluie fine et froide s’était abattue sur le lycée depuis le matin. Les élèves râlaient, les parapluies dégoulinaient dans les couloirs. Léna s’était attardée après les cours, dans une salle presque vide, relisant ses notes pendant que les autres fuyaient vers le dehors gris. Elle aimait ce genre de moment. Quand le lycée devenait calme, presque vide. Quand les voix s’éteignaient, qu’on n’entendait plus que les gouttes sur les vitres.

Elle était là, absorbée, quand une ombre s’approcha doucement.

Mathis.

Il s’assit sans un mot sur la chaise vide à côté d’elle.

Léna releva la tête, surprise. Il ne portait pas de parapluie, ses cheveux étaient humides, collés à son front. Il semblait pourtant parfaitement calme.

— Tu n’as pas l’air à ta place ici, dit-il simplement.

Sa voix était grave, posée, presque fatiguée.

Léna hésita, un peu prise au dépourvu. Mais au fond, cette phrase résonnait en elle.

— Je suppose que ça se voit, répondit-elle, un sourire timide aux lèvres.

Il ne répondit pas tout de suite. Son regard glissa sur le cahier ouvert devant elle.

— Ce lycée, dit-il enfin, c’est un terrain de jeu. Un endroit où les gens mettent des masques et trichent. Où ceux qui osent être sincères se font broyer.

Léna baissa les yeux. Il n’accusait personne. Il énonçait un constat. Brut, réel, douloureux.

— Peut-être… souffla-t-elle. Mais je veux croire qu’il y a autre chose. Quelque chose d’un peu plus humain. D’un peu plus vrai.

Il tourna alors la tête vers elle. Et pendant quelques secondes, il la regarda sans rien dire. Comme s’il cherchait à vérifier si elle le pensait vraiment.

Puis il sourit. Un sourire discret, presque invisible. Mais sincère.

— Moi aussi, j’aimerais ça.

Un silence doux s’installa entre eux. Un silence comme on en trouve peu : apaisant, fragile, nécessaire. Léna sentait que ce moment, même s’il ne durait qu’un instant, valait plus que bien des conversations.

Mais le monde n’aimait pas les instants suspendus.

Le téléphone de Léna vibra.

Elle baissa les yeux, et son cœur se serra aussitôt.

Un message. Numéro inconnu.

> « Tout le monde sait qui tu es vraiment. Méfie-toi. »

Elle sentit une bouffée glacée monter le long de sa nuque. Elle relut le message. Une fois. Deux fois. La menace était claire. Brève. Et surtout ciblée.

Elle sentit la présence de Mathis juste à côté d’elle. Il n’avait rien dit, mais il la regardait.

— Ça va ? demanda-t-il, sans insister.

Elle força un sourire. Ferma l’écran.

— Oui… rien de grave.

Elle mentait. Et elle savait qu’il le savait. Mais il ne posa pas d’autre question. Il se leva, doucement, et laissa derrière lui un silence encore plus lourd.

---

Ce soir-là, Léna ne dormit pas.

Elle resta longtemps assise dans son lit, téléphone en main, le message toujours là, froid, brutal. Elle avait vérifié trois fois les paramètres de sécurité, fouillé dans ses souvenirs pour savoir si elle avait fait quelque chose, dit quelque chose… mais rien. Rien ne justifiait ça.

Et ce n’était pas un hasard.

Le lendemain, un nouveau message. Même contenu. Même menace.

> « Tout le monde sait qui tu es vraiment. Méfie-toi. »

La peur s’installa. Discrète d’abord, puis plus insistante. Elle regardait différemment les visages dans les couloirs. Elle ne savait plus à qui faire confiance. Elle scrutait les regards, écoutait les éclats de rire. Elle n’était plus sûre de rien.

Elias continua de lui parler, de s’approcher, de tenter des gestes tendres. Mais Léna se repliait. Lentement. Comme une fleur qui se ferme sous la pluie.

Et Mathis, lui… restait à distance. Comme s’il avait compris qu’elle avait besoin d’espace. Ou peut-être parce qu’il connaissait ce genre de silence.

---

Un vendredi, alors que le ciel s’assombrissait déjà, elle s’installa seule sur un banc à l’écart. Elle pensait. Trop. Elle avait ce sentiment d’être piégée dans un jeu dont elle ignorait les règles.

C’est là qu’elle reçut le troisième message.

> « Bientôt, tout sera révélé. »

Pas de signature. Pas de détail. Juste cette phrase.

Et ce soir-là, elle comprit que ce n’était pas un simple hasard. Quelqu’un la surveillait. Quelqu’un savait quelque chose. Et voulait la faire plier. L’effrayer.

Mais qui ? Et surtout… pourquoi elle ?

Elle n’avait pas encore la réponse.

Mais une certitude naissait en elle, douloureuse, comme une épine sous la peau :

le jeu venait à peine de commencer.

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