— En plus, mon mec m’avait larguée... Tu te rends compte ? J’allais vivre ma première fois et il a tout gâché.Nathalie, qui connaissait bien cet épisode, hocha la tête.— Bah, écoute, s’il te veut comme épouse, épouse-le ! Fais-lui vivre cinq ans de malheur, bien mérité.Deborah se redressa, et son regard bleu se durcit, devenant aussi froid que l’acier.— Tu as raison. De toute façon, il n’a pas de cœur. Mais la nuit de noces... beurk.— Pense à autre chose ! dit Nathalie avec un sourire complice. Je te connais, ce n’est pas lui qui te fera plier !— Tu as encore raison. Deborah haussa les épaules avec une légère grimace. Je vais déjà commencer par faire la grève de la douche !— Non, ça ira. Nathalie éclata de rire. Va te doucher et change-toi. Donne-lui le meilleur de toi, fais-lui croire qu’il a gagné. Et rappelle-lui régulièrement que tout cela prendra fin dans cinq ans. Le temps passe vite. Hier encore, on jouait au dada ici, et aujourd’hui, on est des jeunes femmes !Deborah s
— Ça va, tu es magnifique, ma sœur.— C’est rageant de s’être faite belle pour ce connard !— Chut, les murs ont des oreilles !Deborah se redressa sur la chaise devant la coiffeuse, son reflet dans le miroir capturant une silhouette drapée d’une robe rouge sang, audacieuse et ajustée, qui semblait crier sa détermination. Ses boucles brunes, soigneusement domptées, cascadaient sur ses épaules, et une touche de rouge à lèvres carmin soulignait son sourire, à la fois défiant et fragile. Elle poussa un soupir, ses doigts effleurant le pendentif en argent à son cou, un héritage de sa grand-mère, comme pour y puiser un peu de courage. Puis, elle se força à sourire, un éclat de malice traversant ses yeux noisette. Nathalie, perchée sur le bord du lit derrière elle, observait sa sœur avec un mélange d’admiration et d’inquiétude. Vêtue d’un simple jean et d’un pull oversize, elle contrastait avec l’élégance calculée de Deborah. D’un geste tendre, elle se leva et déposa un baiser léger sur la
La tension dans la voiture était étouffante, un silence oppressant emprisonnant l’air. Sans son téléphone pour se distraire, Deborah fixait la route qui défilait, les lignes blanches avalées par la nuit. La neige avait cessé, laissant un voile scintillant sur l’asphalte – une maigre consolation pour une soirée qu’elle appréhendait. Ses doigts, aux ongles vernis de noir, griffaient nerveusement l’ourlet de sa robe rouge, tandis que Dean, au volant, maintenait un mutisme glacial, ses mains crispées sur le volant, ses jointures blanchies.Lorsqu’ils franchirent les portes du club privé “La Carotte”, une vague d’inconfort submergea Deborah. L’endroit était un sanctuaire de luxe suranné : tapis persans, lustres en cristal diffusant une lumière douce, murs tendus de velours bordeaux. Les clients, tous d’un certain âge, portaient des tenues d’une élégance irréprochable, leurs murmures feutrés ponctués de rires discrets. Deborah, dans sa robe éclatante, se sentait comme une tache de couleur c
Deborah se tut, son cœur battant à tout rompre, et baissa les yeux sur la carte, qu’elle laissa posée à côté d’elle, ses doigts crispés sur le bord de la table. L’humiliation brûlait ses joues, mais elle refusait de lui donner la satisfaction de la voir craquer.— Bravo et merci, tu as fait le bon choix, du moins pour ton derrière ! lança Dean, un sourire narquois aux lèvres, sa voix teintée d’une satisfaction arrogante.Elle ne le regarda pas, ses yeux fixant la nappe en lin, où elle traçait des motifs imaginaires du bout de l’ongle. La menace de Dean, prononcée avec ce calme glacial, résonnait encore dans son esprit, et une peur sourde s’insinuait en elle. Se pourrait-il qu’il la frappe ? L’idée la terrifiait, mais elle refusait de se laisser dominer si facilement.Dean saisit la carte, son ton redevenant faussement détendu, comme s’il n’avait pas menacé de l’humilier publiquement quelques instants plus tôt.— Tu veux un apéritif ?— Non, murmura-t-elle, la gorge nouée, son orgueil
Deborah, figée sur sa chaise, sentit une colère incandescente monter en elle alors que Monsieur Bruner s’adressait à elle avec un sourire hypocrite, comme si l’humiliation qu’il lui avait infligée ce matin n’avait jamais eu lieu.— Ah mais non, protesta-t-elle, sa voix tremblante de rage, ses doigts crispés sur le bord de la table.Jonathan, avocat respecté, la foudroya du regard, ses sourcils froncés, ses lèvres pincées en une ligne sévère. Son costume noir, taillé sur mesure, épousait ses larges épaules, et il dégageait une autorité naturelle, son corps immobile mais imposant comme un roc. Bruner, imperturbable, continua, son ton mielleux contrastant avec la violence de l’altercation de ce matin.— Pas de soucis, on vous attend demain, Mademoiselle Miller !— Mais c’est lui qui m’a virée ! lâcha Deborah, sa voix montant d’un cran, ses yeux passant de Bruner à Jonathan. Ce matin, à 10 heures, il m’a jetée comme une moins que rien !— Juste un petit malentendu ! On vous attend demain
Deborah éclata d’un rire sonore, attirant les regards désapprobateurs des clients du club « La Carotte ». Leur table, isolée dans un coin feutré, semblait soudain sous un projecteur invisible dans l’ambiance tamisée du restaurant.— Jamais ! Même si, par malchance, je ressentais un sentiment pour toi – ce dont je doute – par orgueil, je partirais. Ce que tu me fais, ce n’est pas humain !Jonathan, son regard gris durci, se pencha légèrement, sa voix basse et menaçante, chaque mot prononcé avec la précision d’un avocat habitué à dominer une salle d’audience.— Même s’il y a un enfant ? Tu me laisseras cet enfant ?— Un enfant ? Pour toi, peut-être. Pour moi, le fruit d’un viol ! rétorqua-t-elle, ses yeux lançant des éclairs.— Un viol ? Tu vas fort, dit-il, un sourire froid aux lèvres, ses doigts serrant le bord de la table.— Tu voudras me sauter, et je n’en ai pas envie ! Je prendrai des tests d’ovulation, et tant que je n’ovule pas, tu ne me touches pas. Après, tu ne me touches plus
Vivre sans portable, c’était bien en théorie, mais face à Jonathan, dont elle se moquait éperdument, l’ennui était écrasant. Boire un cocktail dans ce club bondé de riches, même venant d’une famille aisée, était d’un ennui mortel. Jonathan était là, en face d’elle, mais il ne parlait plus, son visage fermé, ses yeux scrutant la salle comme s’il préparait une plaidoirie. Au moins, ce silence la reposait.On leur apporta l’entrée – une assiette sophistiquée qu’elle trouva ridicule. Elle ne toucha pas à son plat, l’appétit coupé par la présence oppressante de Jonathan et ses menaces voilées.— Vous n’avez pas aimé ? s’inquiéta le serveur, son ton désolé. — Vous n’avez pas aimé ? s’inquiéta le serveur, son ton désolé.Elle lui offrit un sourire forcé.— Tout était parfait, ne vous inquiétez pas !— Je vous amène la carte des desserts, proposa-t-il.— Ça ira ! trancha Jonathan, sa voix froide comme l’acier.Deborah sentit une pointe de frustration. Un dessert aurait peut-être été la seule
Il lâcha son bras pour aider le serveur, qui accourut pour ramasser les débris, malgré ses protestations. Profitant de la confusion, Deborah s’éclipsa discrètement. Une fois dehors, elle courut, ses talons claquant sur le trottoir humide. Se retournant, elle constata qu’il ne la suivait pas. Elle se cacha dans un buisson, accroupie, le sol mouillé par la neige trempant sa robe. De là, elle avait une vue sur le parking sans être visible. Jonathan sortit, scrutant les alentours, son regard perçant balayant l’obscurité. Elle baissa les yeux, évitant qu’il ne sente son regard.Quelques instants plus tard, elle osa relever la tête. Il ne se dirigeait pas vers sa voiture ; il la cherchait, son pas déterminé trahissant une colère contenue. Elle entendit son prénom, crié avec une autorité glaciale, et ferma les yeux, des larmes roulant sur ses joues. Elle cacha son visage contre ses genoux, tentant de se faire minuscule, retenant son souffle.Il passa près d’elle, si proche qu’elle sentit l’a
Elles restèrent assises en silence, regardant Teddy et Flocon. L’après-midi s’étira, et Deborah, absorbée par la conversation et la présence de sa sœur, perdit la notion du temps. Elles parlèrent de souvenirs, de rêves oubliés, mais la blessure restait là. Flocon, épuisé, s’endormit dans l’herbe, et Teddy s’allongea à côté, imitant ses ronflements. Deborah sourit malgré elle.Le crépuscule tombait lorsqu’un bruit de moteur la tira de ses pensées. Un taxi s’arrêta devant la maison, et son cœur se serra en voyant Jonathan en sortir, son visage fermé. Il entra dans le jardin, ses pas lourds trahissant sa colère. Teddy se redressa, intrigué, tandis que Flocon, réveillé, trottina vers Deborah, sentant la tension. Ses parents sortirent sur le porche, suivis de Nathalie, et Deborah comprit, à l’expression satisfaite de sa mère, que c’était elle qui avait prévenu Jonathan.— Deborah ! lança Jonathan, sa voix vibrante de colère. Tu disparais pendant des heures, sans prévenir, et je dois prendr
Le soleil de midi filtrait à travers les rideaux du petit salon, baignant la pièce d’une lumière douce mais insistante. Deborah, assise sur le canapé, caressait Flocon, qui somnolait contre son flanc, ses petites oreilles soyeuses frôlant son bras. La décision de la veille – garder Flocon après le départ abrupt de Madame Varnier – lui avait redonné une étincelle d’espoir, mais la dispute avec Jonathan Carter Miller continuait de la ronger. Son besoin de tout contrôler, son ton autoritaire, tournaient dans sa tête comme une tempête. Elle avait besoin de sortir, de respirer, loin de cette maison qui l’étouffait.Elle attrapa son sac, glissa le carnet de santé de Flocon à l’intérieur, et prit le chiot dans ses bras. Il remua la queue, ses yeux ronds pleins d’excitation, comme s’il sentait une aventure. Deborah jeta un coup d’œil vers le bureau de Jonathan, où il était enfermé avec des dossiers, et décida de ne pas le prévenir. Il n’avait pas besoin de savoir où elle allait. Elle laissa l
Elle tourna les talons, l’enveloppe serrée contre elle, et quitta le bureau sans un regard en arrière. Deborah s’écarta pour la laisser passer, mais Madame Varnier l’ignora, ses pas lourds résonnant dans le couloir. La porte d’entrée claqua, et un silence stupéfait s’installa. Flocon, dans ses bras, remua la queue, comme s’il comprenait que le danger était parti.Jonathan sortit du bureau, le carnet de santé à la main, et croisa le regard de Deborah. Il semblait fatigué, mais un léger sourire flottait sur ses lèvres.— Elle ne le prend pas, dit-il simplement. Il est à nous maintenant.Deborah sentit des larmes de soulagement monter, mais elle les ravala, serrant Flocon contre elle.— À nous ? répéta-t-elle, sa voix mêlant incrédulité et méfiance. Tu l’as payée, c’est ça ? C’est quoi, cette enveloppe ?Jonathan haussa les épaules, posant le carnet sur une table.— Un arrangement. Elle voulait de l’argent pour couvrir ce qu’elle a dépensé pour lui. J’ai réglé ça. Le carnet prouve qu’il
Jonathan soupira, rangeant son téléphone dans sa poche.— Deborah, on en a parlé hier. Elle a des droits sur ce chien. Mais j’ai négocié avec elle. Elle veut régler ça rapidement, et je pense qu’on peut trouver un arrangement. Calme-toi.— Me calmer ? explosa-t-elle, faisant sursauter Flocon, qui lâcha son jouet. Tu parles de lui comme s’il était un objet ! Flocon n’est pas à elle, pas si elle le terrifie ! Tu l’as vu hier, il s’est caché rien qu’en la voyant !Jonathan croisa les bras, son expression durcissant.— Et toi, tu continues à faire un drame pour un chiot qu’on a depuis deux jours ! Elle a des preuves, Deborah. La puce, les documents. On ne peut pas juste le garder comme si de rien n’était.Flocon, sentant la tension, se rapprocha de Deborah, posant son museau sur sa jambe. Elle s’agenouilla pour le caresser, ses yeux lançant des éclairs à Jonathan.— Alors quoi ? Tu vas le lui donner, comme ça ? Après tout ce qu’on a vu d’elle ? Elle ne l’aime même pas !— On verra ce qu’e
Deborah continuait de le fuir du regard, ses yeux s'accrochant obstinément aux motifs abstraits du tapis. Jonathan, lui, persistait dans sa démarche précautionneuse, chaque mouvement pesé comme s'il évoluait sur une étendue de glace fragile. Pourtant, l'atmosphère avait subtilement mué. Les éclairs de tension vive s'étaient espacés, les silences acérés s'étaient émoussés. Moins de piques lancées, moins de murs invisibles dressés entre eux. Il ne restait que cette tension palpable, flottant dans l'air comme l'odeur lourde et électrique qui précède l'orage.Ce soir-là, le froid s'était invité sans frapper. Le vent hurlait au dehors, secouant violemment les volets de la vieille bâtisse. Deborah s'était recroquevillée sous une épaisse couverture sur le canapé élimé, Flocon, son chat angora, blotti sur ses genoux. Ses yeux fixaient l'écran de télévision, mais son esprit vagabondait loin des images scintillantes. À l'autre extrémité du canapé, Jonathan était assis, une pile de dossiers pous
La porte claqua derrière Deborah. Elle laissa son manteau tomber sur le canapé sans même s’arrêter. Flocon trottina jusqu’à elle, remuant timidement la queue, cherchant son regard.Elle se laissa tomber sur le canapé, épuisée, vidée. Pas physiquement. Pas vraiment. Mais à l’intérieur, c’était comme si tout avait lâché.Elle entendit Jonathan rentrer à son tour. Il referma la porte doucement, pour une fois. Pas un mot. Pas un bruit.Pendant un moment, il n’y eut que le souffle léger du chauffage et les pas de Flocon qui tournait nerveusement autour d’eux.Deborah attendait la remarque acerbe. Le sarcasme. L’explosion.Rien.Jonathan traversa la pièce en silence, s’arrêta devant la cheminée. Il resta là, immobile, fixant un point qu’elle ne pouvait pas voir.Elle fronça les sourcils. C’était nouveau, ce silence. Ce calme presque… triste.— Si t’as quelque chose à dire, lâche-toi, finit-elle par balancer, les nerfs à vif.Il tourna la tête lentement vers elle.— Non. J’ai compris.Elle a
Le lendemain matin, Deborah était a peine lever et habiller que Jonathan lui proposa d’aller voir la salle.— C’est juste une visite. Pas un guet-apens, précisa-t-il en versant son café et en la servant a son tour.Deborah roula des yeux.— J’ai le droit de refuser ?— T’as le droit de refuser tout ce que tu veux. Je t’informe, c’est tout. Mais ce serait gentil de faire un effort, comme j'en ai fait un pour ton chien !Elle hésita, regarda Flocon qui dormait dans un coin, puis soupira, c'est vraie que sur ce coup là, il s'était montré gentil, allors elle avala une gorgée de son café puis accepta.Pour garder le contrôle.Pas pour lui faire plaisir.pour ne pas paraitre pour la méchante de l'histoire.La salle était un peu vieillotte mais spacieuse. Un grand jardin l’entourait. Flocon courait partout, heureux comme un roi. Deborah resta en retrait, observant les lieux sans rien dire.Jonathan la rejoignit, mains dans les poches.— C’est pas le lieu rêvé, mais ça fera l’affaire, dit-il
La pizza avait refroidi depuis longtemps. Personne n’y avait touché. Dans le silence pesant de la cuisine, seule la respiration tremblante de Deborah rompait le calme. Flocon s’était réfugié sous la table, les oreilles plaquées en arrière, ses yeux passant nerveusement de l’un à l’autre.Jonathan s’appuyait contre le chambranle de la porte, les bras croisés. Il avait l’air usé. Pas fatigué de la journée, non. Usé par elle. Par eux. Par cette guerre froide déguisée en vie commune.— Je vais prendre la chambre du fond, déclara Deborah d’un ton sec.— Je l’ai préparée, répondit simplement Jonathan.Pas un mot de plus. Pas un regard tendre. Juste ça. L’information pratique, dénuée d’émotion.Deborah attrapa Flocon au passage et quitta la pièce. Son cœur cognait trop fort. Ses mains tremblaient encore. Mais elle n’allait pas pleurer. Pas pour lui. Pas pour ce contrat.Plus tard dans la soirée, la maison était plongée dans un silence tendu. Même Flocon semblait avoir compris qu’il valait mi
Plus tard, alors qu’elle préparait le déjeuner – une simple pizza réchauffée, comme la veille – Deborah entendit les pas lourds de Jonathan dans le couloir. Il réapparut dans la cuisine, son humeur semblant s’être légèrement adoucie, mais ses yeux, plissés et fatigués, trahissaient toujours une tension sous-jacente. Flocon, toujours sensible à l’ambiance, releva la tête de son panier et s’approcha prudemment de lui, remuant la queue avec hésitation, comme s’il testait la température émotionnelle de la pièce.— J’ai parlé a un amis, il y a un autre endroit, dit Jonathan sans préambule, s’appuyant contre le chambranle de la porte. Ils ont une salle disponible samedi prochain. Ce n’est pas celle qu’on voulait, mais ça fera l’affaire.Deborah, qui coupait la pizza en tranches inégales, s’arrêta net, son couteau suspendu en l’air. Flocon, sentant un nouveau pic de tension, s’assit entre eux, ses yeux alertes passant de l’un à l’autre.— Samedi prochain ? répéta-t-elle, incapable de masquer