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Chapitre 5 - La Géométrie des Regards 1

ผู้เขียน: Darkness
last update ปรับปรุงล่าสุด: 2025-12-03 22:16:01

Élise

La porte se referme. Le déclic du pêne est un coup de feu dans le silence de la maison.

Je reste là, dans la cuisine, les mains agrippées au rebord de l’évier comme à une bouée. Le froid du granit traverse mes paumes. Mes lèvres sont brûlantes, tuméfiées. Je peux encore sentir le poids de ses mains sur mon visage, la pression impérieuse, désespérée, de sa bouche. La violence du besoin. Le goût de lui, mêlé à celui de ma propre trahison.

J’ai failli.

J’ai failli à la promesse que je m’étais faite le jour où j’ai vu le deuxième trait bleu sur le test. La promesse de les protéger tous les deux : lui, de la vérité ; moi, de son rejet.

L’eau coule toujours à l’étage. Le bain. La normalité. Noé chante une chanson absurde, sa voix claire et fausse traverse le plafond. Cette petite mélodie innocente me transperce comme une lame. Je me redresse d’un coup, le cœur battant à tout rompre. Je monte l’escalier, les jambes flageolantes.

La salle de bain est remplie de vapeur. Noé est dans l’eau jusqu’au menton, entouré d’une armada de bateaux en plastique. Il me regarde, ses yeux gris-verts légèrement interrogateurs dans la buée.

— Tu as fini de parler au monsieur triste ?

— Oui, mon cœur.

Ma voix est étrangement calme. Un miracle.

— Il est reparti dans la neige ?

— Oui.

— Dommage. Il racontait bien les histoires de cailloux.

Je m’accroupis au bord de la baignoire, prends le gant de toilette, le savon. Mes gestes sont mécaniques. Lave le dos menu, les épaules frêles. Je vois, comme je les vois chaque jour, les détails qui me torturent. La fossette au bas de la colonne vertébrale, qu’il a héritée de Jonas. La façon dont il fronce le nez quand il réfléchit. Chaque ressemblance est une preuve vivante, une bombe à retardement que je promène dans le monde.

— Maman ?

— Oui ?

— Est-ce que c’était ton ami, avant ?

La question, innocente, me fige. Le gant dégouline dans l’eau.

— Pourquoi… pourquoi dis-tu ça ?

— Parce que tu es triste, toi aussi, maintenant. Et quand il était là, tu avais l’air… différente. Pas comme d’habitude.

La perspicacité des enfants est un don cruel. Ils voient les fissures dans le vernis des adultes.

— Oui, je dis finalement, le mot raclant ma gorge. C’était mon ami. Il y a très, très longtemps.

— Et il n’est plus ton ami ?

Je ferme les yeux une seconde. La sensation de ses lèvres revient, un flash brûlant.

— C’est… compliqué, mon ange. Parfois, les grands ont des chemins qui se séparent.

Il hoche la tête, semblant méditer cette réponse avec une gravité d’adulte. Puis il éclate de rire, attrape un bateau et le fait couler.

— Boum ! Le pirate est à l’eau !

Le contraste entre la tempête en moi et cette simplicité enfantine est déchirant. Je termine le bain, l’enveloppe dans une grande serviette douce, le serre contre moi. Il sent le savon pour bébé et l’innocence. Je l’étreins trop fort.

— Oh, tu me crushes, maman !

Je relâche mon étreinte, un rire forcé aux lèvres.

— Désolée. Tu es mon grand garçon, c’est vrai.

Je le couche, lis une histoire. Ses yeux se font lourds avant la fin du livre. Je reste assise au bord de son lit, à regarder sa poitrine se soulever régulièrement, ses cils sombres sur ses joues. Mon chef-d’œuvre. Ma prison. Mon seul amour vrai.

Je descends finalement, éteins les lumières du salon. La maison est silencieuse, pesante. Je passe devant la cheminée. La photo est toujours là, retournée. Je la prends. Le cadre est froid dans mes mains. Je le retourne.

Jonas me regarde. Il rit, la tête rejetée en arrière, pris sur le vif un après-midi d’été dans le parc. Je me souviens de ce jour. De la robe que je portais. De la façon dont il m’avait soulevée pour me faire tourner avant de me prendre en photo. « Pour que tu te souviennes à quel point tu es belle quand tu ris. »

Je la repose, face visible cette fois. Une provocation. Une punition. Pour moi.

Je ne peux pas dormir. Je me mets à la fenêtre du salon, enveloppée dans un châle. La neige a sculpté le jardin en formes molles et étranges. La rue est déserte. Mais je vois, au loin, près du grand sapin au carrefour, une lueur rouge qui s’allume, s’éteint. Une cigarette. Une silhouette immobile.

Il est là.

Il n’est pas parti.

Mon souffle s’embue sur la vitre. Mon cœur fait un bond sauvage, mélange de terreur et d’un espoir honteux, interdit.

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