CHAPITRE 7

Laurie venait à peine de franchir la porte de chez elle. Après sa discussion avec Clark, elle était retournée au travail, tentant tant bien que mal de se concentrer.

Mais Margo n’était pas dupe. Elle avait tout de suite remarqué que quelque chose avait changé. Laurie était restée triste, préoccupée, complètement ailleurs toute la journée.

Qu’est-ce que cet homme avait bien pu lui dire ?

Plutôt que de l’obliger à se forcer pour travailler , Margo lui avait conseillé de rentrer chez elle. Elle lui avait promis de la couvrir, d’inventer une excuse pour justifier son absence.

Cela se voyait clairement Laurie n’était pas en état de travailler.

Laurie l’avait remerciée, avait rassemblé ses affaires et était rentrée chez elle.

Les enfants étaient encore à l’école. Dès qu’elle fut seule, elle éclata en sanglots. Elle avait peut-être mis ses enfants en danger.

Elle voulait leur offrir une vie normale, pas une vie de fugitifs. Pas une existence faite de fuite, d’instabilité, de peur constante.

Que pouvait-elle faire maintenant ?

Sans réfléchir, elle attrapa son téléphone et appela celui qui l’avait aidée jusqu’ici.

— Allô ?

George entendit ses pleurs à l’autre bout du fil et sentit l’angoisse le submerger. Il avait lui-même passé une nuit atroce. Depuis hier, un malaise étrange s’était installé entre lui et Stella.

— George… j’ai… tout… gâché…

balbutia-t-elle en pleurant.

Il se leva d’un bond, le cœur battant. Il imagina le pire.

— Damien t’a retrouvée, toi et les enfants ?

— Non… mais… j’ai rencontré… quelqu’un qui… le connaît… et… il sait qui je suis…

— Calme-toi, Laurie. Respire et raconte-moi tout.

Elle prit une profonde inspiration et lui expliqua la situation.

— Tu n’as pas le choix. Il faut que tu partes, dit George d’un ton grave. Cet homme va te donner les moyens de fuir, alors profites-en. Ne cherche pas à comprendre pourquoi il veut t’aider. L’essentiel, c’est que Damien ne vous retrouve jamais, ni toi, ni les enfants.

— Mais je ne veux pas de cette vie pour eux… Ils se sont habitués à cette ville, à leur école… à Martine… Je ne veux pas qu’on soit des fugitifs…

George prit une grande inspiration. Il connaissait trop bien cette vie. Le sentiment d’être constamment traqué, de ne jamais être en sécurité, de vivre avec cette peur lancinante, chaque jour, chaque nuit.

— Laurie, Tu n’as pas le choix. S’il les guide jusqu’à toi, tout ce que tu as enduré, tous tes sacrifices auront été inutiles.

Elle se remit à pleurer. Elle savait qu’il avait raison.

C’est à ce moment-là que Stella rentra à la maison. Le claquement de la porte le fit sursauter. Il se retourna instinctivement vers elle.

Elle n’aimait pas cette proximité entre George et Laurie. Elle avait l’impression que cette fille voulait lui voler tous les hommes de sa vie.

D’abord Damien. Maintenant George. Et qui serait le prochain ? Derek ?

_Calme toi , nous savons tous les deux que tu n’as pas le choix . Alors fait confiance à cette personne et nous verrons. Je dois te laisser

George venait de raccrocher.

Depuis la veille, Stella et George ne s’étaient pas adressé la parole. Elle ne comprenait pas son attitude, encore moins pourquoi il l’avait appelée sa fille.Certes, elle le considérait comme un père, et l’entendre dire ces mots l’avait profondément touchée.

Mais c’était plus que ça. C’était la manière dont il l’avait dit. Ce regard, Ce ton dans sa voix Comme s’il y croyait vraiment.

— Tu m’en veux ?

lui demanda-t-il doucement.

— Pas vraiment Ce sont tes mots, ta réaction qui m’ont juste choquée.

— Ce type , ce Derek n’est pas un homme pour toi,

répondit George en posant sur elle un regard doux, presque paternel.

— C’est mon mate, George. Ce qui veut dire que c’est lui, l’homme de ma vie,

répondit la jeune fille, déjà sous l’influence du loup aux yeux verts.

George soupira longuement, son regard se voilant d’une tristesse sourde.

— Tu sais, parfois un mate peut ne pas être prêt à aimer. Ou simplement ne pas savoir aimer.

— Mais tu ne le connais même pas, George. Tu le juges sans le connaître, et franchement ça m’étonne de toi.

— Je ne le connais peut-être pas personnellement.

Mais je connais son père. Celui qui l’a élevé. Et crois-moi avec l’éducation de cet homme, il ne peut pas avoir engendré un être bon.

Stella resta un moment silencieuse, scrutant le visage de George. Il ne mentait jamais. Ce n’était pas dans sa nature.

Et s’il disait connaître le père de Derek alors, il devait le connaître.

— Et c’est qui, son père ?

demanda-t-elle, à mi-voix.

— Le Loup Suprême d’Amérique.

Stella écarquilla les yeux, figée. Elle qui avait toujours rêvé d’être une Luna, voilà que le destin lui ouvrait enfin les portes de ce monde de plus avec son mate . Rien ne pouvait être plus parfait. Et George voulait qu’elle renonce à tout ça ? À son rang, à son mate, à sa destinée ?

— Regarde-moi, Stella.

George prit doucement son visage entre ses deux mains.

— Reste loin de cette famille. Ils ne t’apporteront rien de bon. Crois-moi.

— Mais c’est mon mate. Et je crois que je l’aime

avoua-t-elle en baissant les yeux, le cœur battant .

Cette phrase fit bouillir George de l’intérieur. Un éclair de rage traversa ses pupilles.

Si elle tombait dans ses bras, tout ce qu’il avait sacrifié pour elle serait réduit à néant.

Il relâcha brusquement son visage.

— Je t’interdis de t’approcher de lui.

Stella resta un instant abasourdie puis la surprise fit place à la colère.

— Et de quel droit tu m’interdis d’être avec mon mate ?!

— Je suis ton père, bordel ! Et je ne vais pas te regarder vivre la même vie que Isabelle. Jamais. Pas ma fille.