CHAPITRE

— Je crois que les chiens ont senti une odeur !

cria l’un des chasseurs. C’était dans une région reculée du Canada.

Le paysage n’était qu’un désert de neige et de sapins. Courir, courir toujours plus vite. C’était tout ce que se répétait Flore. Enceinte, elle portait son unique petit.

Sa grossesse éveillait en elle des instincts étranges , comme cette envie irrépressible de fuir le clan, de courir à travers la forêt et la neige, comme poussée par une force invisible.

À bout de souffle, elle trouva un sous-bois et s’y réfugia. Elle était presque à terme. Ses pattes semblaient peser une tonne.

Elle entendait les aboiements, le souffle des chiens, leur flair qui traquait son odeur. Si elle n’avait eu affaire qu’aux hommes, elle aurait déjà semé la menace. Mais leurs chiens rendaient la tâche autrement plus complexe.

Puis, soudain, une douleur fulgurante. Elle sentit une aiguille s’enfoncer dans sa peau.

— Je l’ai eue !

fut la dernière chose qu’elle entendit avant de sombrer dans l’inconscience.

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— Allez, on se réveille mes bébés !

dit Laurie d’une voix douce en tirant les rideaux de la chambre des garçons.

— Maaaaaman !

répondirent-ils en chœur.

Elle passa ensuite dans la chambre de sa petite princesse.

— Debout, mon trésor

La fillette ouvrit ses grands yeux gris héritage évident de son père et leva les bras vers sa mère, réclamant un câlin. Laurie la serra tendrement contre elle.

Même s’ils étaient triplés, la hiérarchie était claire. Daniella, bien qu’étant la première née, était la plus choyée, protégée par ses frères Dan et Daniel.

Les deux garçons prenaient leur bain ensemble, pendant que Daniella partageait le sien avec Laurie, dans la salle de bain de sa mère .

Une fois propres, tous s’attablaient autour d’un copieux petit déjeuner, préparé avec amour par leur mère, dans la joie, les rires et la complicité.

Après les avoir conduits au car scolaire, Laurie enchaînait directement avec son premier emploi réceptionniste dans un hôtel de luxe.

Le soir, une fois les enfants couchés, elle travaillait dans un bar privé. Deux emplois pour un seul objectif offrir à ses enfants une vie digne, sans rien leur faire manquer.

Heureusement, sa voisine, une vieille dame afro-américaine werewolf mariée à un humain, veillait souvent sur eux. Cette femme, pleine d’énergie malgré son âge, lui rappelait Nanny. Elle cuisinait

divinement bien et les enfants l’adoraient.

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À son arrivée à l’hôtel, Laurie troqua ses habits pour son uniforme jupe droite bleu marine, veste assortie sur une chemise blanche, chignon impeccable, petit chapeau posé avec précision et foulard rouge au cou. On aurait dit une hôtesse de l’air. L’établissement, La Parisienne , accueillait une clientèle majoritairement européenne, surtout française.

Elle fut rejointe par sa collègue Margo, une petite brune pétillante aux yeux noisette.

— Alors, bien dormi ? Et les petits monstres ?

— Oui, ils sont à l’école. Et toi ?

Les deux femmes partageaient une belle complicité. Laurie appréciait cette routine, ce quotidien simple, cette indépendance durement acquise. Elle n’avait rien perdu de son éclat. Ses yeux bleus brillaient à nouveau. Plusieurs hommes riches lui avaient fait la cour, mais elle n’avait cédé à aucun. Huit ans sans homme. Aucune envie. Aucun n’avait su raviver en elle le feu qu’elle avait connu autrefois.

— Les clients se font plus rares ces temps-ci.

— D’après Gabriel, le propriétaire envisage de vendre l’hôtel.

— Et nos postes ?

— Le contrat stipule que les employés seront conservés au moins deux ans. Ne t’en fais pas.

La journée s’écoula entre arrivées, départs et excursions.

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De son côté, Damien s’était replié dans une cabane isolée, vivant de chasse et de cueillette. Redevenu sauvage, robotique, il évitait toute vie sociale. Pourtant, une rencontre importante approchait : celle avec le chef suprême des loups des États-Unis. Une transaction devait être conclue pour implanter son projet sur le continent.

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Sam et Charlie, eux, vivaient un mariage serein. Sam désirait un enfant, qu’il soit loup ou humain, peu lui importait. Mais Charlie voulait un héritier avec qui partager ses traditions de werewolf. L’adoption de jeunes werewolf étant complexe, ils avaient lancé des démarches, espérant que le statut de Charlie comme Bêta jouerait en leur faveur.

Charlie, autrefois détaché de la paternité, réalisait maintenant combien l’absence d’enfant le rongeait. Il supportait de moins en moins de voir les autres avec leurs enfants . Ce voyage à venir serait l’occasion de s’éloigner de tout cela.

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Danie, après de nombreuses fausses couches, avait enfin donné naissance à un garçon. Kyle en était fou. L’enfant, âgé de six ans, possédait les yeux gris de sa mère et le charisme de son père. Il était évident qu’il deviendrait un jour l’Alpha suprême. Damien, ayant juré de ne plus jamais prendre de Luna, semblait l’avoir désigné comme son successeur. Ironiquement, Kyle avait obtenu ce qu’il voulait sa lignée gouvernerait.

Il entraînait déjà son fils à se battre, sous forme de jeux.

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Les enfants de Laurie rentrèrent de l’école. Chacun enleva ses chaussures, rangea son sac. En l’absence de leur mère, Daniel prenait naturellement les commandes. Ils prirent leur bain, réchauffèrent leur repas.

— Maman est là !

cria la petite en courant vers elle.

— Oui, mon bébé.

Laurie savait qu’elle pouvait compter sur Daniel. Il avait l’âme d’un chef.

— J’ai ramené du jus de grenadine bio !

Elle sortit les gobelets à couvercles colorés. Les enfants adorèrent. Après le dîner, ils burent leur jus, ignorant qu’il ne s’agissait pas de jus de grenadine. C’était nécessaire pour endormir leur vraie nature, même si cela brisait le cœur de leur mère.

Son téléphone sonna. Elle fouilla dans son sac et finit par le retrouver. C’était Marcial, le médecin werewolf des Anderson qui l’avait aider à accoucher et continuait de l’aider avec ses enfants.

— Merci, ils sont en train de le boire.

— Parfait. Tu veux sortir ce week-end ?

— Non, je travaille. Et j’ai besoin de repos.

— Dis-moi quand tu es libre, alors.

— Sans faute. Merci encore.

Marcial n’était pas insensible à Laurie. Depuis sa grossesse, il l’avait toujours soutenue. Elle lui rappelait Isabella.

— C’était tonton Marcial ?

demanda Daniel, les yeux pleins de suspicion.

— Oui, mon chéri.

— Il ne devrait pas t’appeler aussi tard.

Ce regard. Ce ton. Comme son père. Et pourtant, elle les aimait plus que tout. Ils étaient sa raison de vivre.