LOGIN• ஜ • ❈ • ஜ • Le bureau de Guy n'était plus la cellule d'un paranoïaque, mais la salle de commandement d'un général en campagne. L'énergie y était différente. Avant, c'était une tension froide, repliée sur elle-même. Maintenant, c'était une activité concentrée, tournée vers l'extérieur. Des dossiers s'empilaient non plus comme des murs à cacher, mais comme des munitions à utiliser. Guy était à son bureau, un ordinateur portable ouvert devant lui, un téléphone vissé à l'oreille. Sa voix était calme, mais chaque mot était pesé, précis, comme une pièce d'horlogerie. — Non, Jean-Philippe, je ne négocie pas. La filiale des Docks du Nord est en vente. Point final. Les actifs sont sains, mais la structure est compromise. Je préfère la céder à perte que de la voir pourrir l'ensemble du groupe. Il écouta,les yeux fermés, massant sa tempe — Je sais ce que tu penses. Que je délire. Que je brade l'hér
• ஜ • ❈ • ஜ • Les jours qui suivirent furent un exercice d’équilibre sur un fil tendu au-dessus du vide. La menace de Kovacs, bien que non matérialisée par un acte de violence direct, planait comme une épaisse brume toxique, imprégnant chaque moment de quiétude d’un arrière-goût d’appréhension. Pour Guy, c’était un retour à une forme d’enfer qu’il croyait avoir quitté. La paranoïa, cette vieille compagne qu’il avait tenté de chasser, se réinstallait en lui, plus tenace que jamais. Il ne dormait plus. Allongé à côté d’Elara dans la pénombre de leur chambre, il écoutait son souffle régulier, un son qui aurait dû l’apaiser, mais qui devenait une torture. Chaque fois qu’elle bougeait dans son sommeil, son propre corps se tendait, prêt à bondir contre un danger invisible. Son esprit, loin de planifier la transition de son empire, ne faisait que tourner en boucle autour de scénarios catastrophes. Une balle perdue. Un accident de voiture orchestré. Un enlèvement. Son imagination, forgée p
• ஜ • ❈ • ஜ •Le vent avait tourné. Dans les bas-fonds où l’information circulait comme un poison dans les veines de la ville, le murmure était devenu un grondement. Guy Marchand se lavait les mains. Il reniait ses racines, il tournait le dos à ceux qui avaient bâti son empire avec lui. Et tout ça pour une femme. Une simple femme.Kovacs, réfugié dans un entrepôt glacial en périphérie de la ville, écoutait les rapports de ses hommes, et chaque mot attisait sa fureur. Autour de lui, l’air était épais de fumée de cigarette bon marché et de l’odeur de la bière renversée. Ce n’était plus le luxe feutré des bureaux de la tour. C’était le monde réel, celui du sang et du béton, et Kovacs s’y sentait chez lui.« Il vend les filiales du port », grommela un de ses lieutenants, un géant au visage balafré nommé Stéphane. « Il parle de "blanchir" l’entreprise. Comme si on était du linge sale. »Kovacs ricana, un son sec et dépourvu d’
• ஜ • ❈ • ஜ • La décision était prise. Pas sous l’impulsion d’un coup de tête, non. C’était venu lentement, comme une brûlure qu’on finit par ne plus pouvoir ignorer. Guy Marchand n’avait pas dormi depuis trois nuits. De sa tour de verre, il regardait la ville s’étendre jusqu’à l’horizon, noyée dans une brume grise. Son empire, son œuvre. Et maintenant, son fardeau. Il allait tout séparer. Couper net entre ce qui pouvait survivre à la lumière et ce qui devait rester enfoui à jamais. Les parfumeries de luxe, les investissements propres, tout ce qui brillait d’une apparente respectabilité d’un côté. Et de l’autre, les ramifications sombres, les circuits illégaux, les dettes et les deals scellés dans des sous-sols humides. Ce qu’il appelait dans sa tête le “grand nettoyage” ressemblait davantage à une amputation. Il savait qu’il allait perdre beaucoup des millions, des appuis, des années d’influence. Et surtout, il allait se faire des ennemis. Les actionnaires ne supporteraient pas
• ஜ • ❈ • ஜ •Le trajet jusqu’au pied de la tour de Guy Marchand fut un brouillard. Elara marchait, poussée par une force qui semblait émaner des profondeurs de son être, une résolution née des cendres de sa peur et alimentée par les mots francs de Chloé. Chaque pas sur le trottoir froid résonnait comme un battement de cœur précipité. Elle avait répété les mots dans sa tête, une déclaration, un ultimatum, une prière. Elle était prête. Elle allait lui dire qu’elle l’aimait, mais qu’elle ne pouvait plus vivre dans l’ombre. Qu’il devait choisir. Elle ou son empire de ténèbres. Qu’il devait trouver un moyen, inventer un moyen, de les protéger tous les deux, vraiment, ou alors lui dire adieu pour toujours.La porte tournante en laiton et verre l’aspira. Le hall immense, avec son marbre luisant et ses murs froids, lui parut soudain hostile. L’ascenseur qui la porta vers les sommets fut une capsule silencieuse et oppressante. Elle sentit so
• ஜ • ❈ • ஜ •Une semaine. Sept jours. Cent soixante-huit heures. Une éternité, et pourtant, le temps semblait s'être figé dans l'ambre de leur douleur. Pour Guy, chaque jour était une réplique parfaite du précédent : un lever difficile, un combat perdu d'avance contre les souvenirs, une journée passée à diriger un empire fantôme, et une nuit à affronter le silence assourdissant de son penthouse. Il avait annulé toutes ses réunions en présentiel, dirigeant ses affaires depuis son bureau, terrifié à l'idée de croiser Elara par hasard dans la rue. Son amour pour elle était devenu une forteresse dans laquelle il s'était lui-même emprisonné.Au Velours Pourpre, Elara était devenue un spectre encore plus effrayant. Son efficacité était devenue mécanique, son sourire un rictus figé. Elle ne parlait plus, sauf pour le service. Elle mangeait à peine, repoussant les plats que Marius lui préparait avec une inquiétude grandissante. La nui







