Home / Romance / À LA CROISÉE DES VIES / Chapitre 54 : Les Cendres

Share

Chapitre 54 : Les Cendres

Author: Déesse
last update Last Updated: 2025-11-05 00:20:12

Lola

Le silence est plus lourd que tout ce que j’aurais pu imaginer. Il pèse sur ma poitrine, sur mon âme. L’air est saturé de notre odeur, un mélange de sueur, de peau et de quelque chose de plus sauvage, de plus primitif, qui colle à mes narines, à ma mémoire. Son bras est une barre de plomb sur mon ventre, sa paume posée en un geste de possession tranquille qui devrait me révolter. Je devrais la repousser, cette main. Me lever, m’enfuir, me laver de lui.

Mais je reste immobile.

Mon corps n’est plus le mien. C’est un champ de bataille meurtri, parcouru de courbatures sourdes et de sensations fantômes. Je sens encore la pression de ses mains sur mes hanches, la marque de ses dents sur ma lèvre, l’écho de sa présence en moi, une douleur-lassitude qui me creuse. Et pire que tout, je sens un frisson résiduel, une chaleur humide et coupable qui persiste au plus profond de mon être.

Comment ai-je pu ?

La question fuse, tranchante comme un éclat de verre dans le calme trompeur de mon espri
Continue to read this book for free
Scan code to download App
Locked Chapter

Latest chapter

  • À LA CROISÉE DES VIES   Chapitre 58 : L'Ombre et la Soie

    LolaLe temps a changé de qualité, devenu une substance épaisse et dorée dans laquelle nous baignons tous les deux. À genoux sur le tapis persan dont les motifs dansent devant mes yeux baissés, je ne suis plus que réceptivité. Une attente vibrante qui fait frémir ma peau. L'air du bureau est un mélange envoûtant : l'amertume noble du café refroidi, le cuir vieilli des livres, et cette autre odeur, plus primitive, plus véridique , celle de son désir à l'état brut.— Es-tu curieuse ?Sa voix est un velours posé sur une armature d'acier.Un sourire presque imperceptible effleure mes lèvres. J'acquiesce. La curiosité est le moteur secret de cette reddition. Non pas une peur paralysante, mais une soif profonde de comprendre, de ressentir, de connaître les nuances de cet abandon qu'il m'offre.— Excellente réponse. La curiosité est la porte vers tous les possibles.Il franchit l'espace qui nous sépare. Sa proximité est comme un changement de pression atmosphérique. Je sens la chaleur de son

  • À LA CROISÉE DES VIES   Chapitre 57 : Le Bureau

    LolaLe déclic de la serrure résonne comme un coup de feu dans le silence feutré du bureau. Un point de non-retour. Mes doigts restent un instant sur le métal froid, comme pour ancrer une réalité qui m'échappe.Il ne s'est pas retourné. Il regarde toujours la ville, immobile, les mains dans les poches de son costume. Le pouvoir émane de lui en vagues silencieuses. Le pouvoir de diriger un empire. Et le pouvoir, bien plus ancien et plus profond, de me réduire à l'essence même de ce que je suis : une femme qui tremble pour lui.— Le café, répète-t-il, sa voix neutre, mais l'ordre est teinté de quelque chose de nouveau. Une intimité brutale.Je fais le chemin jusqu'à la machine à espresso italienne, posée sur une crédence en ébène. Mes mains tremblent en prenant la tasse en porcelaine fine, celle qu'il préfère. Le bruit du percolateur semble terriblement fort. Je sens son regard dans mon dos maintenant. Je ne le vois pas, mais je le sens, pesant, chauffant la peau sous ma robe.Je me ret

  • À LA CROISÉE DES VIES   Chapitre 56 : Le Silence de l'Ascenseur

    LolaLa voiture est un espace trop confiné. Le parfum de son après-rasage, ce mélange de bois et d'épice, remplit l'habitacle, effaçant presque l'odeur de cuir neuf. Il conduit. Mains souples sur le cuir volant, regard droit devant. Comme si de rien n'était. Comme si nos corps n'étaient pas encore chauds de l'empreinte de l'autre.Je regarde par la vitre, le défilé des immeubles et des piétons pressés. Le monde a continué de tourner. L'absurdité de la situation m'écrase. Je porte une robe-tailleur bleu marine, sobre, parfaite pour l'assistante du PDG. Un tailleur qui cache la marque sur mon épaule et le tremblement résiduel dans mes membres. Sous les vêtements, je suis nue. Nue et différente. À jamais changée.Il n'a pas prononcé un mot depuis que je suis montée dans la voiture, un « Bonjour, Monsieur » étranglé dans la gorge pour seule salutation. Il avait répondu par un simple hochement de tête. Le jeu a commencé. Le jeu du « avant » et du « après ». Sauf que rien ne sera plus jamai

  • À LA CROISÉE DES VIES   Chapitre 55 : L'Empreinte

    LolaL’aube point à peine, teintant les fenêtres d’un gris livide. Cette lueur froide et indifférente éclaire les ruines de notre nuit. Je vois les draps froissés, mon t-shirt déchiré sur le sol, la courbe de son épaule nue à côté de moi. Chaque détail est une accusation.Je n’ai pas dormi. Mon esprit a tourné en rond, un rongeur pris au piège, goûtant et régurgitant sans cesse les mêmes images empoisonnées. La sensation de sa bouche. Le son de l’étoffe qui cède. L’expression de triomphe sauvage dans ses yeux quand il est entré en moi.Et ma réponse. Toujours ma réponse. Ce gémissement qui venait des entrailles. Cette arche de mon dos qui s’offrait. Ces mots « Continue » qui m’ont trahie plus surement que n’importe quelle lame.Il bouge. Un simple changement dans son souffle, un infime resserrement des muscles de son bras, toujours posé sur moi. Une onde de panique pure, glacée, me submerge. Je ne peux pas affronter son regard. Je ne peux pas qu’il voie, dans la lumière crue du matin,

  • À LA CROISÉE DES VIES   Chapitre 54 : Les Cendres

    LolaLe silence est plus lourd que tout ce que j’aurais pu imaginer. Il pèse sur ma poitrine, sur mon âme. L’air est saturé de notre odeur, un mélange de sueur, de peau et de quelque chose de plus sauvage, de plus primitif, qui colle à mes narines, à ma mémoire. Son bras est une barre de plomb sur mon ventre, sa paume posée en un geste de possession tranquille qui devrait me révolter. Je devrais la repousser, cette main. Me lever, m’enfuir, me laver de lui.Mais je reste immobile.Mon corps n’est plus le mien. C’est un champ de bataille meurtri, parcouru de courbatures sourdes et de sensations fantômes. Je sens encore la pression de ses mains sur mes hanches, la marque de ses dents sur ma lèvre, l’écho de sa présence en moi, une douleur-lassitude qui me creuse. Et pire que tout, je sens un frisson résiduel, une chaleur humide et coupable qui persiste au plus profond de mon être.Comment ai-je pu ?La question fuse, tranchante comme un éclat de verre dans le calme trompeur de mon espri

  • À LA CROISÉE DES VIES   Chapitre 53 : La Chute

    LolaSon souffle est un vent chaud et familier sur ma bouche. Je devrais avoir peur. Je devrais me débattre, crier, fuir. Mais un étrange calme, lourd et résigné, s’est abattu sur moi. La bataille est perdue. La ligne a été franchie. Il est dans mon lit, nu, et son corps contre le mien est la seule vérité qui subsiste dans le monde.— Tu vois ? répète-t-il, sa voix n’est plus qu’un souffle rauque.Je ne vois que lui. Que l’obscurité de ses pupilles, dilatées, qui m’aspirent. Je ne réponds pas. Mon silence est une capitulation. Il le comprend.Sa bouche se pose sur la mienne.Ce n’est pas un baiser. C’est une prise de possession. Brutale, sauvage, sans demande ni pardon. Ses lèvres sont dures, exigeantes. Elles écrasent les miennes, forcent l’entrée. Un goût de sel, de nuit et de lui m’envahit. Un son étranglé, moitié protestation, moitié soulagement, s’échappe du fond de ma gorge. Mes mains, qui s’étaient levées pour le repousser, se referment sur ses épaules. Mes ongles s’enfoncent d

More Chapters
Explore and read good novels for free
Free access to a vast number of good novels on GoodNovel app. Download the books you like and read anywhere & anytime.
Read books for free on the app
SCAN CODE TO READ ON APP
DMCA.com Protection Status