Elena
Comme un défi.
Je dois parler. Je dois dire ces foutus mots.
Mais son souffle est trop chaud.
Ses doigts sont trop sûrs.
Et moi… je suis en train de sombrer.
Il s’arrête à quelques millimètres de mon intimité, me tenant suspendue dans un supplice insupportable.
Mon corps est en feu.
Ma respiration est un chaos.
Et Dante attend.
Il attend que je craque.
Ses lèvres effleurent ma joue.
— Toujours silencieuse ?
Bâtard.
Ma main se lève, prête à le frapper.
Mais cette fois, il l’attrape avant.
Et avant même que je ne puisse comprendre, il me plaque sous lui.
Mes poignets sont capturés, coincés de chaque côté de ma tête.
Son regard s’abîme dans le mien, une ombre de victoire dans ses prunelles.
— Tu es à moi, Elena.
Mon ventre se serre violemment.
Je me débats. Il me faut de l’air.
— Jamais.
Dante se penche encore plus près.
— Tu crois vraiment pouvoir me résister ?
Ses hanches s’enfoncent légèrement contre les miennes. Je suffoque.
— Regarde-toi.
Son regard descend sur moi.
— Tu trembles.
Ma gorge se serre.
— Parce que tu as peur de moi ?
Il se penche encore plus.
— Ou parce que tu as peur de ce que tu ressens ?
Mon cœur explose.
Sa bouche frôle la mienne.
Il attend encore.
Le dernier mot.
La dernière barrière.
Je dois le dire.
Mais au moment où je m’apprête à parler…
Sa main lâche mes poignets.
Et son corps se redresse.
Il s’éloigne.
Je halète, le souffle court, incapable de comprendre.
— Pourquoi… ?
Dante sourit lentement.
— Parce que c’est toi qui viendras à moi, Elena.
Il recule jusqu’à la porte, son regard brûlant toujours planté dans le mien.
— Et ce jour-là…
Il effleure la poignée.
— Tu me supplieras.
La porte claque derrière lui.
Et je reste seule, consumée par ce qu’il a laissé derrière lui.
La porte s’est refermée sur lui, mais l’empreinte de sa présence est partout. Dans l’air que je respire. Sur ma peau qui le brûle encore. Dans mon ventre qui se serre douloureusement.
Il n’a rien fait.
Mais il a tout fait.
Je me laisse retomber sur le lit, le regard fixé au plafond, tremblante.
Je suis en colère.
Contre lui. Contre moi.
Je devrais me haïr d’avoir failli céder.
Mais ce qui me terrifie le plus… c’est que j’en veux encore.
Merde.
Je me redresse brutalement et me précipite vers la salle de bain. L’eau froide me ramène un instant à la réalité, me rappelant que je suis toujours prisonnière.
Qu’importe ce qu’il éveille en moi, je refuse de tomber.
Je dois sortir d’ici.
---
Dante
Je referme la porte derrière moi, mes doigts serrés sur la poignée.
Putain.
Elle me rend fou.
Folle de rage. De désir. De frustration.
Je la voulais. Là. Maintenant.
Mais ce n’est pas comme ça que je la veux.
Je veux qu’elle me supplie. Qu’elle oublie tout sauf moi. Qu’elle se perde en moi jusqu’à ne plus jamais pouvoir s’échapper.
Je ferme les yeux, reprenant le contrôle de mon souffle.
Elle est piégée.
Elle n’aura bientôt plus d’autre choix que de venir à moi.
Et ce jour-là, je la dévorerai.
---
Elena
Les heures s’étirent.
Je tourne en rond, cherchant un moyen de m’évader.
Rien. Les fenêtres sont verrouillées, la porte infranchissable.
J’ai déjà fouillé la chambre trois fois. Rien.
Je suis piégée.
Et plus le temps passe, plus l’impatience se mélange à autre chose.
À une chaleur sous ma peau. À un manque.
Je secoue violemment la tête.
Non.
Il ne m’aura pas.
Soudain, la porte s’ouvre.
Mon cœur s’arrête une seconde, puis s’emballe.
Dante.
Toujours impeccable, son costume sombre épousant ses épaules avec une perfection indécente. Son regard d’acier me traverse, une lueur de satisfaction au fond des prunelles.
Il sait.
Il sait ce que je ressens.
Et ça le rend encore plus dangereux.
Je me redresse, le menton haut.
— Je vais sortir d’ici.
Il arque un sourcil, amusé.
— Ah oui ?
Il ferme la porte derrière lui et s’avance lentement.
Trop lentement.
Comme un chasseur.
— Tu veux vraiment partir, Elena ?
Sa voix est un murmure, une caresse empoisonnée qui glisse sur ma peau.
— Ou bien… veux-tu autre chose ?
Il est tout près maintenant.
Trop près.
Mon souffle s’accélère malgré moi.
Je dois le repousser.
Mais mes doigts tremblent alors qu’il effleure ma joue.
— Regarde-toi.
Sa main descend lentement sur ma gorge, frôle ma clavicule.
Brûlante. Possessive.
— Tu veux me fuir…
Ses doigts effleurent le tissu léger de ma robe.
— Mais ton corps…
Il s’arrête juste au-dessus de mon sein.
— Lui, il me réclame.
Je suffoque.
Non.
Je ne peux pas céder.
Je tente de reculer, mais il m’attrape par la taille et me plaque contre le mur.
Un cri m’échappe, étouffé par la pression de son corps.
— Dis-moi d’arrêter.
Encore cette foutue phrase.
Sa bouche frôle la mienne, effleurant mes lèvres sans jamais les prendre.
Ma poitrine se soulève contre lui, un supplice insupportable.
Je dois parler.
Je dois le repousser.
Mais mes doigts s’accrochent à son costume.
— Tu vois ? murmure-t-il. Tu ne peux pas.
Sa main glisse plus bas, sur ma cuisse nue.
Et cette fois… je ne l’arrête pas.
— Tu me veux, Elena.
Mon cœur explose.
Sa bouche descend lentement sur ma gorge, laissant une traînée brûlante sur mon passage.
Et moi…
Je me perds.
ElenaL’air brûle entre nous.Mon souffle est court, mes doigts crispés sur son costume. Trop près. Trop intense. Trop dangereux.Ses lèvres effleurent ma gorge, une chaleur dévorante suivant leur passage. Son corps est contre le mien, solide, implacable. Je devrais le repousser.Mais je ne bouge pas.Sa main caresse ma cuisse, lentement, terriblement lentement.— Dis-le.Sa voix est rauque, chargée d’un désir brut.Je ferme les yeux. Mon corps tremble d’un mélange toxique d’envie et de lutte.Je veux.Je ne peux pas.— Je…Je n’ai pas le temps de finir.Ses lèvres s’écrasent sur les miennes.Un baiser dur, exigeant, sans la moindre douceur. Un baiser qui consume.Je suffoque contre lui, mes mains cherchant à le repousser, mais il ne recule pas. Au contraire.Ses doigts s’enfoncent dans ma hanche, me clouant contre le mur.Un feu liquide se répand en moi, incandescent.Je cède.Un gémissement m’échappe, et il grogne contre ma bouche, satisfait.Sa langue force l’entrée de mes lèvres,
Elena Mes doigts descendent lentement, explorant le tissu fin de sa chemise.Dante attrape ma main avant qu’elle n’aille plus bas.— Si tu commences ça…Il se penche, murmurant contre ma bouche.— Je ne te laisserai plus reculer.Un frisson violent me traverse.C’est exactement ce que je veux.Je me hisse sur la pointe des pieds, effleurant ses lèvres des miennes.— Alors ne me laisse pas reculer.Il grogne.Puis il explose.Ses mains m’attrapent avec une force brute, me soulevant du sol.Mes jambes s’enroulent autour de sa taille par pur instinct.Et cette fois, il ne s’arrête pas.Nos bouches se retrouvent dans un baiser affamé, désespéré.Ses doigts s’enfoncent dans mes cuisses, me maintenant contre lui alors qu’il me plaque contre son bureau.Je suis à lui.Il est à moi.Et il n’y a plus de retour en arrière.---DanteSes ongles s’enfoncent dans ma nuque alors que nos bouches s’écrasent l’une contre l’autre. Elle est une tempête. Une furie. Une drogue.Je la veux sous moi. Contr
ElenaLes talons de mes bottes claquent contre le bitume. L’air nocturne est chargé de promesses et de dangers. Parfait.Dante veut m’ignorer ?Il va comprendre que c’est une erreur.Le club est bondé, la musique vibre sous ma peau. J’entre sans hésiter, la tête haute, cherchant ma proie.Et je le trouve.Adrian Costa.Grand, brun, dangereux. Il appartient à une autre famille, mais il n’a jamais caché son intérêt pour moi.Je m’approche.Son regard glisse sur moi comme une lame.— Elena… murmure-t-il avec un sourire carnassier.Je ne réponds pas.Je pose une main sur son torse, me hissant sur la pointe des pieds pour murmurer à son oreille.— Danse avec moi.Il ne pose aucune question.Il m’attrape par la taille et m’entraîne sur la piste.C’est un jeu.Un défi lancé à Dante, même s’il n’est pas là.Mais il me connaît.Il saura.Les mains d’Adrian s’attardent sur mes hanches.Je le laisse faire.Je le laisse croire que je suis à lui.Parce que bientôt, un ouragan va s’abattre sur nous
ElenaLe silence après la tempête.Dante est toujours là, étendu à mes côtés, sa respiration calme mais lourde. Sa main repose sur ma hanche, possessive même dans son sommeil.J’observe son visage. Il dort rarement. Trop de dangers, trop d’ennemis. Mais ce soir, c’est moi qui l’ai vidé de toutes ses forces.Un sourire étire mes lèvres.Et puis, la réalité frappe.Un téléphone vibre quelque part dans la pièce. Je fronce les sourcils. Ce n’est pas le mien.Dante ouvre les yeux instantanément.— Ne bouge pas.Sa voix est grave, rauque. Je frissonne sous l’ordre.Il tend le bras, attrape son téléphone sur la table de chevet. Un instant de silence, puis un grognement profond.Il se redresse, s’appuyant sur son coude.— Quoi ?Je devine que ce n’est pas une bonne nouvelle.Son visage se ferme.Mon cœur rate un battement.Dante raccroche et se lève en un instant, attrapant son pantalon et son arme dans le même mouvement.— Habille-toi, on y va.Merde.— Qu’est-ce qui se passe ?Il ne me rega
DanteLe camion essaie de nous semer, mais il n’a aucune chance.J’attrape mon arme.— Prends le volant.Elena ne pose pas de questions. Elle glisse sur mes cuisses, s’empare du volant pendant que je me penche par la fenêtre.Trois tirs.Les pneus du camion éclatent.Il dérape, percute une barrière et s’écrase contre un mur dans une explosion métallique.Je reprends le contrôle de la voiture juste à temps pour la stopper brutalement.Elena saute hors du véhicule, son arme levée.Je la suis.Les portes du camion sont enfoncées.Du sang s’écoule sous la portière.Je l’arrache d’un coup sec.À l’intérieur, un des hommes de Costa est encore en vie, mais à peine.Je m’accroupis, attrape son col.— Qu’est-ce que vous transportiez ?Il tente de rire, mais il tousse du sang.— Une offrande… murmure-t-il. Pour Costa.Je fronce les sourcils.Puis, je vois ce qu’il veut dire.Sur la banquette arrière du camion…Un corps attaché.Je m’approche, mon cœur battant plus fort.C’est un homme. Je le re
DanteLe jour se lève sur Rome, teintant les murs d’ocre d’un éclat sanglant.Je fixe la ville depuis le balcon, une cigarette entre les doigts, le goût âcre du tabac se mélangeant au souvenir brûlant d’Elena sur ma peau.Elle dort encore.Je l’ai prise si fort cette nuit qu’elle en porte encore les marques.Ma possessivité.Mon besoin de lui rappeler qu’elle est à moi, qu’elle n’a pas le droit de se briser sans moi.Mais la guerre ne nous attendra pas.Je me détourne de la vue et retourne dans la chambre.Elle est allongée sur le ventre, nue, les draps couvrant à peine ses hanches.Sa peau est marquée de mes baisers, de mes griffures, de mes morsures.Un tableau parfait de luxure et de chaos.Je m’approche, effleurant du bout des doigts la ligne de sa colonne vertébrale.Elle frémit, un sourire paresseux aux lèvres avant d’ouvrir lentement les yeux.— Tu comptes me réveiller en douceur ? murmure-t-elle d’une voix rauque.Je penche la tête, mes doigts glissant plus bas.— Ça dépend…E
---DanteLe goût du sang et de la victoire me brûle la gorge.Autour de nous, la villa est un champ de ruines, les corps jonchent le sol, le silence pèse après le carnage.Mais je ne pense qu’à une chose.Elena.Son souffle court, ses lèvres encore marquées par mon baiser féroce.Ses doigts se crispent sur mon col, son corps collé au mien.Elle tremble d’adrénaline, d’excitation, de cette fièvre qui ne nous quitte jamais après un massacre.Je glisse ma main sur sa joue.Elle a du sang sur la peau. Je ne sais pas si c’est le sien ou celui d’un autre.Mais elle est là. Vivante. Sauvage. Magnifique.— On doit partir, murmuré-je contre sa bouche.Elle hoche la tête.Mais son regard me défie.Elle veut plus. Maintenant.Et putain, moi aussi.---ElenaLa victoire a un goût de cendres, mais je suis là, brûlante, entière.Dante me dévore des yeux.Son regard est noir de désir, son souffle rauque.Je me fous des cadavres, du sang, des vestiges de cette nuit sanglante.Je le veux.Maintenant.
---DanteJe n’ai jamais cru en l’amour. Ni en la loyauté. Le seul sentiment qui existe dans ce monde, c’est la puissance. C’est ce que j’ai toujours pensé.Mais tout ce que j’ai vécu avec Elena me fait douter. Et cette sensation me tue.Le feu qui me consume quand elle est près de moi, l’envie irrésistible de la marquer encore, de l’enlacer encore, de l’embrasser encore. Cette fièvre, ce besoin de plus.Je regarde la villa qui se dessine au loin. Le reste de l’équipe, de la famille, attend. Mais moi, je n’arrive pas à m’empêcher de penser à elle. Chaque recoin de mon esprit est occupé par son regard, ses baisers, son corps contre le mien.Je dois m’en détacher. Je ne peux pas me laisser aller à ce point. Je ne peux pas…Mais elle est là, dans la voiture, ses yeux perçant les miens, encore plus intenses qu’avant.— Dante, dit-elle d’une voix rauque.Je me tourne vers elle, sentant la tension grandir entre nous. Elle veut quelque chose. Je le sens. Elle a cette lueur dans les yeux, cet
DanteJe la sens glisser.Comme du sable entre mes doigts.Comme une promesse qui s’efface dans le vent.Comme une prière à laquelle plus personne ne croit.Elle est là. À quelques pas.Et pourtant, chaque jour, elle est plus loin.Elena.Elle respire encore sous le même ciel.Elle s’assoit sur la même chaise.Elle boit dans la même tasse.Mais ce n’est plus elle. Pas vraiment.C’est un fantôme doux, poli, distant.Une version d’elle que je ne reconnais plus.Et pourtant, je l’aime encore.Je l’aime, même dans ce silence qui me blesse.Je l’aime, même quand elle ne me regarde plus vraiment.Je la vois panser les autres.Comme si les cœurs cassés autour d’elle étaient plus urgents que le sien.Je la vois contourner mes douleurs.Comme on contourne un gouffre pour ne pas y tomber.Elle me sourit. Oui.Mais c’est un sourire vide.Un sourire d’automate, de politesse, de fatigue.Jamais comme avant.Avant, il y avait l’étincelle.Ce quelque chose qui me disait qu’elle n’était là qu’avec mo
LorenzoJe ne dors pas.Depuis des jours, peut-être des semaines, le sommeil est un luxe que je ne m’autorise plus. Chaque fois que je ferme les yeux, je la vois. Son dos qui s’éloigne. Ses cheveux battus par le vent. Cette ombre dans son regard, celle qu’elle refuse d’affronter.Alors je reste éveillé.À écouter les bruissements dans le silence. À anticiper les dangers. À regretter.Le monde autour de nous vacille. Rien n’est stable. Rien n’est sûr.Et elle…Elle est trop loin.LorenzoElena n’a pas quitté mes pensées.Pas une seconde.Même quand le sang coule, même quand les décisions doivent être tranchées à vif, même quand les cris éclatent et que la guerre menace — elle est là.Elle vit entre mes côtes.Elle pulse sous ma peau comme une brûlure ancienne qu’on n’a jamais soignée.Un éclat fiché dans mon être.Je la regarde quand elle ne me voit pas.Quand elle croit que personne ne remarque qu’elle vacille.Elle rit moins. Parle moins.Mais elle tient debout.Et moi, je la suis.P
ElenaLa terre sent le sang. L’odeur de poudre brûlée colle à la gorge, griffe les narines. Le silence après le carnage est plus fort que les cris. Il résonne. Il pèse.Je marche entre les carcasses noircies, les pneus fondus, les corps disloqués, les mains encore crispées sur des armes inutiles.Je ne détourne pas les yeux. Plus maintenant.Ce n’est pas de l’insensibilité. C’est une promesse. Une manière de dire : je vous ai vus mourir, et je ne vous oublierai pas.Je glisse la main dans la poche intérieure de ma veste. Le papier y est toujours. Froissé. Humide.C’est la lettre de ma mère.Elle ne l’a jamais terminée. Juste quelques mots, comme un murmure arraché à l’oubli : Ne te rends jamais.Je ferme les yeux. Un instant.Puis je les ouvre sur Dante.Il surveille l’horizon. Une main sur son arme. Une autre sur mon dos.Toujours là. Solide. Entier. Implacable.Et moi, malgré le sang sur mes bottes, malgré la douleur dans mes côtes, je me tiens droite.Parce que lui est debout.Dant
ElenaLa route s’étire devant nous comme une promesse arrachée aux ténèbres. Les cailloux crissent sous nos semelles, la rosée accroche nos jambes, les feuilles tremblent mais ne tombent pas. Le monde retient son souffle. Et moi aussi.Il y a quelque chose dans l’air. Une vibration. Comme si la terre savait. Comme si elle s’apprêtait à boire le sang d’un nouveau sacrifice.Je marche. Le dos droit. Le regard fixé devant. Le cœur tambourinant dans ma poitrine. Pas de peur. C’est terminé, ça. Il ne reste que la tension brute, l’impatience d’un fauve.Je tourne la tête vers Dante. Il est là. Toujours. Son ombre épouse la mienne. Il ne m’a jamais quittée depuis ce matin-là. Et je crois que quelque part, depuis cette nuit où tout a brûlé, il n’est plus question de fuite. Seulement de combat.Je l’observe. Son visage est dur, presque figé. Mais ses yeux... Ses yeux disent autre chose. Ils parlent de tout ce qu’on ne s’est pas dit. Tout ce qu’on n’a pas eu le temps de se promettre.Je veux su
ElenaLa porte claque derrière nous, le bruit résonne dans l’air humide de la nuit. Le vieux relais gémit sous le vent qui hurle, mais à l’intérieur, il fait chaud. Pas à cause du feu qui crépite dans l’âtre. Pas seulement à cause de la chaleur de l’instant. Mais à cause de nous. De ce qui est inévitable entre nous. Cette tension, électrifiée, qui pulse entre nos corps depuis des heures. Des jours. Des années, peut-être. Depuis ce premier regard, celui où je l’ai vu sans armure, où lui m’a vue sans masque, sans faux-semblants. Depuis ce premier souffle partagé dans la folie de nos choix, de nos combats. Depuis que la guerre a fait de nous ce que nous sommes : deux âmes perdues mais liées par une promesse plus grande que la vie elle-même.DanteJe la déshabille sans hâte. Ses vêtements tombent sur le sol comme des ombres qui s’effacent. Chaque bouton défait est une victoire. Une victoire contre la peur, contre les cicatrices du passé, contre la violence du monde. Il n’y a plus de place
ElenaL’aube ne vient pas.Pas encore.Le ciel hésite.Comme nous.Suspendus entre chute et ascension.Entre les restes d’un empire et les cendres d’un rêve.Le silence pèse sur les toits, glisse entre les pierres froides, ronge le cœur.Même les oiseaux se taisent.Comme si le monde retenait son souffle.ElenaLe palais dort d’un sommeil empoisonné.Les tentures frissonnent au moindre courant d’air, comme si elles pleuraient des secrets.Les gardes, épuisés, marchent à l’aveugle.Leur fidélité n’est plus qu’une habitude, un réflexe.Ils ne savent plus qui ils protègent.Les couloirs résonnent des pas qui fuient, des voix qui murmurent.La peur a changé de camp.Elle s’est retournée contre ses maîtres.Et nous, nous marchons dans ce silence.Droits.Déterminés.Mais pas indemnes.Inès« Il faut partir avant que le soleil se lève. La lumière rend les traîtres visibles. »ElenaJe la regarde.Elle n’a jamais tremblé.Même maintenant, dans cet entre-deux fragile, elle tient droit.Comme
ElenaLa nuit tombe.Le domaine tout entier s'agite d’une nervosité moite.Ils sentent que quelque chose a changé.Sans savoir quoi.L'air est trop lourd. Chaque respiration est une lutte.Chaque pas résonne comme une annonce funèbre.ElenaGiovanni hurle sur ses conseillers.Il accuse. Il menace.Il cherche un coupable, un traître, un fantôme.Il ne comprend pas que c’est trop tard.Que le poison n’est plus dans le verre.Il est dans son sang.Il est dans ses os.Il est dans chaque regard qui ose enfin ne plus baisser les yeux.ElenaJe reste en retrait.Je regarde les murs vibrer sous ses cris.Je compte les secondes.Les respirations.Les battements de cœur.Le pouvoir meurt rarement d’un coup d’épée.Il meurt de mille coupures invisibles.Giovanni« Qui a osé ?! QUI ?! »ElenaNous tous, Père.Nous tous.Tu as semé la peur.Nous avons semé la fin.ElenaSilvano me glisse un billet.Un seul mot griffonné : Minuit.Un lieu : l’orangerie.Une promesse silencieuse.ElenaJe sais ce qu
ElenaLe lendemain, l'air sent déjà la cendre.Tout est plus lourd, plus lent.Même le vent semble hésiter à souffler.Je me lève. J'enfile une robe noire simple, sans bijoux. Pas de chaînes inutiles. Aujourd'hui, je suis l'ombre.ElenaInès m'attend dans le couloir.Ses yeux brillent. Pas d'excitation. Pas de peur.La certitude, froide et vive.Elle porte une veste légère, doublée de lames fines comme des éclats d'hiver.À sa ceinture : une seringue. Remplie de quelque chose de rapide. Silencieux.Inès« Prête ? »ElenaJe souris. Ce n'est pas une question.C'est un serment.ElenaNous descendons sans bruit.Chaque marche craque à peine sous nos pas.Le manoir est un cadavre en sursis.Giovanni croit que la fête qu'il a ordonnée pour ce soir va cimenter son pouvoir.Il ignore que ses fondations sont déjà rongées par nos dents.ElenaÀ la cave, Silvano nous attend.Il a changé. Plus maigre. Plus nerveux. Plus dangereux.Un animal blessé qui a cessé de croire en la rédemption.Il tend
ElenaLe matin se lève sur une lumière pâle. Un jour de plus. Un jour de moins.Je ne sais plus. Je ne compte plus que les secondes utiles.Celles où j’avance.Celles où je frappe sans qu’ils le voient.Le reste n’existe pas. C’est un décor flou, un murmure d’illusions.ElenaJe me lève avant Lorenzo. Comme toujours.Il dort, abandonné au mensonge d’une paix qu’il croit acquise.Je l’observe. Longtemps.Ses paupières qui tremblent. Sa bouche entrouverte. La main posée sur le drap, comme celle d’un enfant.Il est amoureux. De moi ou de l’idée qu’il se fait de moi.Ça n’a aucune importance.Il est un pion. Et je suis celle qui déplace les pièces.Mais parfois…Parfois, je le regarde trop longtemps.Et je me demande s’il verrait le couteau avant qu’il le sente.ElenaInès frappe. Trois coups brefs. Notre signal.Je l’ouvre. Elle entre.Aujourd’hui, elle ne tremble pas.Elle a attaché ses cheveux. Porté ses bottes les plus discrètes.Elle me tend une bague. Fine. En or. Une minuscule pier