All Chapters of La Marque de l'Alpha: Chapter 51 - Chapter 60

Ils formaient un demi-cercle autour du terrain d’entraînement. Les plus jeunes assis, les anciens adossés aux rochers, les intermédiaires debout, bras croisés, regard scrutateur. L’entraînement de groupe venait de s’achever, et l’odeur âcre de la sueur se mêlait à celle plus animale de l’adrénaline résiduelle. Je refermais les attaches de mes mitaines en cuir, satisfaite d’avoir tenu jusqu’au bout. Mon corps me lançait, mais c’était une douleur que j’avais méritée. Une douleur qui disait : tu avances.Un rire gras fendit le calme.- Pourquoi tu t’acharnes autant à te salir les mains, princesse ? T’aurais plus vite fait de grimper sur Kaël pour qu’il t’offre ton grade.Des regards se tournèrent, surpris, curieux. Moi, je ne bougeai pas. Ma mâchoire se serra. Je connaissais cette voix. Sa manière de faire. L’odeur qui le précédait. C’était Ronan, le type que même les plus jeunes évitaient, celui qui avait trop d’égo pour sa taille.Je relevai les yeux lentement. Il souriait, les bras cr

- Tu n’as jamais pensé à revenir ?La voix de la rivale s’était posée comme un souffle entre eux, douce et sans reproche. Elle regardait Kaël avec des yeux d’un autre temps, des souvenirs logés dans les commissures de ses lèvres.Élina, assise à l’écart, détourna les yeux. Elle faisait semblant d’être absorbée par le fil défait de sa manche, mais son ouïe ne manquait aucun mot.- Ce n’est plus chez moi, répondit Kaël.Il ne s’était pas rapproché. Il gardait cette distance prudente, celle qui disait sans bruit qu’une page était tournée. Mais rien dans ses gestes ne trahissait la moindre tension, et c’était ça qui rongeait Élina. Cette familiarité fluide. Ce confort silencieux.- On a quand même grandi ensemble, non ? murmura la femme en souriant, le regard perdu dans le feu. Tu aimais te cacher sous ma fenêtre les soirs de pleine lune.Kaël eut un bref sourire, un de ceux qu’Élina connaissait mal. Un sourire d’avant elle.Une lame fine, presque invisible, glissa sous sa peau. Elle se r

Chaque particule de l’air semblait me parler. Le moindre bruissement, la plus infime pulsation du sol sous le matelas, tout vibrait en moi comme un écho démultiplié. Quand mes paupières s’ouvrirent, la lumière me blessa. Pas à cause de son intensité, mais de son excès de vérité. Je percevais trop. Trop fort, trop net, trop distinct.Je n'arrivais pas à aligner deux mots. Ma gorge était sèche, râpeuse, étrangère. Le souffle de Kaël, que je devinais derrière moi, me frôlait la nuque comme une brise charnelle. Et son odeur, d’ordinaire rassurante, me vrillait presque la conscience. Je distinguais les variations dans sa température, la tension de ses muscles endormis, les battements irréguliers de son cœur. C'était vertigineux. Une prison de perceptions que je n'avais pas choisie.Je posai mes pieds au sol, les orteils sensibles au grain du bois, à l’humidité piégée dans les interstices. Je n’étais plus une simple humaine. Ce corps m’appartenait encore, mais il était devenu autre. En sile

- Encore.Sa voix tranchait l’air comme une injonction militaire. Mon souffle s’écrasait contre mes côtes, mes jambes vibraient, mais je repartais. Ligne droite. Demi-tour. Changement de rythme. Kaël ne m’accordait aucune pause.- Tu freines à chaque virage. Recommence.Je grognai, pas pour protester, juste pour libérer la tension. Ce n’était pas une punition, c’était une épreuve. Et il restait impassible, les bras croisés, surveillant mes foulées avec une intensité qui me consumait plus vite que l’effort.Cela faisait cinq jours qu’il avait décidé de m’entraîner seul. Plus de partenaires. Plus d’intermédiaires. Juste lui et moi. Ou plutôt... moi face à lui.Au début, j’avais cru à un besoin de contrôle. Puis j’avais compris. Il me testait. Il ne cherchait pas à m’améliorer mais à découvrir ce que j’étais devenue.À la course, je battais tous les jeunes. Même ceux qui avaient grandi dans les bois, nourris au sang de la meute, bercés par les hurlements nocturnes. Mon corps ne flanchait

Je sentais son regard sur moi depuis l’instant où nous avions franchi la lisière du territoire. Pas celui de Kaël - lui, je l’aurais reconnu entre mille, même les yeux bandés. C’était un autre regard, appuyé, tranchant, presque agressif, comme une lame effleurant la peau pour tester la profondeur avant de frapper.Les chefs des meutes réunis ici ce soir étaient censés chercher des alliances, des traités, une stabilité nouvelle. Pourtant, dans chaque geste, chaque sourire, je percevais autre chose. Une avidité contenue. Comme si j’étais un trophée, un totem qu’on voulait s’approprier sans le dire.Kaël marchait à mes côtés, son bras frôlant le mien par intermittence, comme pour me rappeler que j’étais là, avec lui et qu’il n’y aurait aucun échange de pouvoir sans son accord. Il gardait le silence, tendu. Sa mâchoire serrée et ses iris fendus d’une lumière plus vive que d’ordinaire parlaient pour lui.Un frémissement dans l’air me tira de mes pensées. Il était là. L’inconnu au regard in