All Chapters of Des flammes et des ailes : Chapter 51 - Chapter 60

LiraLa route vers la Faille Cendrée s’étire sous nos pieds comme un serpent de pierre et de racines, tortueuse et silencieuse. L’air est froid, chargé de l’odeur de la terre humide, et chaque souffle se condense en nuages fugaces devant mon visage. Je serre ma cape autour de moi, mais la peur n’est pas pour le froid. Elle est pour ce qui nous attend, pour le secret que je porte et que le monde va bientôt apprendre.Volarion marche à mes côtés, silencieux, mais je sens chaque battement de son cœur comme un écho dans ma propre poitrine. La lueur des premières étoiles s’accroche à ses yeux, et parfois, dans le reflet de la lune, je distingue une étincelle de ce feu ancien qu’il cache.— Nous ne pouvons pas nous permettre de détourner le regard, murmure-t-il, presque pour lui-même.Je hoche la tête. Chaque pas nous rapproche de la Faille, chaque pas nous entraîne dans le rituel où l’ombre et le feu se rencontrent.Le vent se lève lorsque nous atteignons la lisière des bois. Les arbres se

LiraLa porte se referme derrière nous comme une sentence, mais le bruit laisse place à un bourdonnement plus sourd — des voix qui s'échangent, des regards qui se cherchent, des alliances qui se nouent sous le masque de la civilité. Je sens chaque pouls du palais vibrer jusqu'à mes os ; la chaleur du rituel s'accroche encore à ma peau, mémoire collante d'une promesse faite au feu.— Nous ne pouvons pas rester ici, murmure Celia, ses doigts serrant mon avant-bras. Ils vont bouger vite.Je hoche la tête, sachant qu'elle a raison. Les conseillers n'ont pas seulement la parole ; ils ont les portes, les coffres, les routes. Ils ont aussi des yeux et des mains dans des endroits où nous ne pourrons jamais atteindre sans laisser de trace. Si nous laissons leur peur se transformer en décision, Volarion et tout ce que nous avons réveillé se retrouveront traqués.Je me lève, et la salle entière nous fixe comme si nous étions une énigme qu'ils doivent résoudre à leur avantage. Ma voix, quand je p

VolarionLe feu hurle.Il s’élève, affamé, dévorant les bannières du Conseil, faisant ployer les colonnes dorées sous la chaleur.Les grands seigneurs reculent, se couvrent le visage, incapables de soutenir le brasier.Mais au centre du chaos, Lira demeure immobile.La lumière danse sur sa peau.Sa robe, tissée de fils d’or et de cendres, s’est changée en un tourbillon de flammes vivantes.Elle ne craint pas le feu , elle le commande.Et dans ses yeux, je vois ce que nul mortel n’aurait dû contempler : la beauté et la destruction liées dans le même souffle.Autour d’elle, le silence se fait.Un silence de temple, ancien, vibrant d’une terreur sacrée.Même les flammes semblent attendre son ordre.Je tends la main, et le feu obéit à son roi.Les langues ardentes cessent de mordre les murs et se rassemblent autour du cercle du Conseil, telles des bêtes prêtes à frapper.La pierre se fissure, le marbre pleure des larmes rouges.Rhen, le chef du Conseil, garde encore l’apparence de la maît

KarethLe monde au-dessus brûle encore.Mais ici, sous la pierre, la lumière n’a plus de nom.Les couloirs du Temple Noir s’étendent, silencieux, veine après veine, comme les entrailles d’une bête morte.Le sol est froid, gorgé d’humidité.L’air sent la moisissure et le sang séché.Chaque pas résonne comme un glas.Je porte la robe de l’Ordre, noire jusqu’à la moelle, tissée de symboles anciens que plus personne ne comprend.Autour de moi, ils sont douze.Douze survivants du feu purificateur.Leurs visages sont brûlés, leurs yeux crevés ou marqués de cendre.Mais leurs voix, elles, n’ont pas disparu.Elles murmurent, prient, maudissent.Elles nomment ce que nul ne devrait nommer.Je m’arrête devant l’autel.Il n’a pas fondu.Le feu de la Reine n’a pas pu atteindre ce sanctuaire, car il est né d’un autre pouvoir , celui du Néant.La pierre suinte d’un liquide noir.Le sol frémit.Et dans l’ombre, la voix s’élève.Non pas un son, mais un frisson , un souvenir. “Kareth… héritier du sile

LiraNous avons marché toute la nuit.Mais la nuit ne finit plus.Le monde s’est arrêté, suspendu entre deux souffles : celui du feu, mourant, et celui du Néant, qui grandit comme un cœur noir.Les montagnes du Sud se dressent devant nous, immobiles, pétrifiées sous la cendre.Le vent n’existe plus.Il n’y a que ce bourdonnement, sourd et cyclique, comme si la terre rêvait encore.Et là, au creux de la vallée, le Temple Noir , ou ce qu’il en reste.Des arches effondrées, des colonnes rongées par le vide.Mais au centre, la fissure.Vivante.Respirante.Une veine d’ombre, palpitante comme un œil prêt à s’ouvrir.Je m’arrête.Le sol sous mes pieds bat au même rythme que mon cœur.Je comprends alors : le Néant ne nous attend pas.Il se souvient.Volarion s’avance à mes côtés.Sa peau irradie encore d’une lumière douce, presque humaine.Mais ses yeux…Ses yeux ont perdu leur reflet.Ils n’accrochent plus la flamme.— Il nous regarde, murmure-t-il.— Non, dis-je.Je sens la vérité glisser